Midi Olympique

« Laporte ne m’impose rien »

- recueillis par Lé. F. Propos

Quel bilan faites-vous de votre entretien, lundi dernier avec Bernard Laporte ?

Déjà, je n’étais pas seul avec Bernard. Il y avait une partie de mon staff, à savoir Yannick Bru et Jeff Dubois. Il y avait aussi le DTN Didier Retières, Bernard Viviès, Lionel Rossigneux et Serge Simon.

Tout est parti d’une conversati­on informelle que j’avais eue avec Bernard, pendant l’été. On avait décidé de se voir pour prendre le temps de discuter. Je suis intéressé par des échanges avec lui. Derrière, ça a débouché sur une réunion un peu plus formelle, où certaines personnes ont été conviées les unes après les autres.

Quel était l’objet de la réunion ?

L’ordre du jour était le bilan du Tournoi, de la tournée d’été, de l’intersaiso­n, les perspectiv­es liées aux nouvelles directives contraigna­ntes vis-à-vis des médias, des partenaire­s et des réseaux sociaux. Puis des questions diverses. C’était le thème de la réunion. À l’issue de cette première conversati­on, quelques personnes ont quitté la salle. On a alors parlé un peu plus des joueurs et du projet de jeu. Du rugby en général, en fait, et plus particuliè­rement de l’équipe de France. En ce qui me concerne, tout s’est fait sans arrièrepen­sée. C’était constructi­f.

Pourquoi ce besoin d’échanger avec votre président ?

Nous sommes dans une démarche positive. Pour mettre fin au débat, puisque c’est le fond de votre question, je n’ai pas senti d’ingérence dans ma prise de décision ces derniers temps. Il y avait simplement cette envie commune d’échanger sur le rugby. C’était la mienne et je l’avais aussi ressentie chez Bernard, quand on se croisait.

C’est-à-dire ?

Je sentais depuis longtemps qu’il avait envie de s’exprimer sur le rugby, qu’il y a des choses qu’il gardait et qui lui tenaient à coeur. On a donc organisé cette réunion. Qui s’est très bien passée et m’a conforté au moins sur une chose : on peut échanger sereinemen­t, parler de rugby ensemble.

Qu’en est-il ressorti ?

Que nous allons mettre trois équipes en place, grâce à l’apport des Barbarians qui prendra les traits d’une équipe de France de jeunes. Nous allons nous appuyer sur nos amis Barbarians pour lancer des jeunes joueurs, qui ont de la qualité mais qui ont besoin de travailler. Donc de se confronter au très haut niveau pour s’aguerrir. S’ils sont prêts dans un an ou deux, ils pourraient prendre le train de l’équipe de France avant la Coupe du monde. Sinon, ce sera toujours du temps de gagné pour la suite.

Vous parliez de trois équipes…

Parce que nous affrontons aussi deux fois les All Blacks en quatre jours. Nous allons nous servir de cette double confrontat­ion, très rapprochée, pour voir un maximum de joueurs. Mais sur tous ces sujets, je voulais avoir l’opinion de Bernard (Laporte). De mon point de vue, je le répète, ces échanges ont été fructueux et constructi­fs.

Lequel, Bernard Laporte, avait récemment réclamé son envie de voir de nouvelles têtes en Bleu…

Vous comprenez bien que les dossiers ouverts par Bernard Laporte, sur le cas des nouveaux joueurs à sélectionn­er, étaient ouverts depuis longtemps de notre côté ! Avec ses occupation­s et son emploi du temps, il n’a pas toujours le temps de suivre l’actualité du rugby de près. Il ne voit pas tous les matchs, tous les week-ends. Nous, si, grâce à nos hommes sur le terrain. Personne ne passe entre les mailles du filet. Heureuseme­nt que nous n’avons pas attendu cette réunion pour nous rendre compte des progrès de certains, de l’insuffisan­ce d’autres et de la belle forme de quelques jeunes ! Tout cela, on ne le découvre pas.

Étiez-vous finalement d’accord sur les constats individuel­s ?

Il n’y a pas à être d’accord. Il y avait un échange à avoir. En l’occurrence, nos opinions concordaie­nt souvent. Mais ensuite, je prendrai mes responsabi­lités et les décisions qui me semblent adéquates. Sélectionn­eur, c’est mon métier et je sélectionn­erai en tenant compte des performanc­es d’hier, celles du début de saison, de la Coupe d’Europe qui débute et qui est un très bon révélateur. Mais aussi des tests physiques de l’été, puisque certains s’y sont éliminés.

Déciderez-vous seul ?

Oui, seul. Mais vous ne comprenez pas bien la teneur de notre échange. J’avais croisé Bernard pendant l’été et j’avais dû lui dire : « si tu veux qu’on discute de rugby, aucun problème ». Je suis ouvert au dialogue, surtout avec quelqu’un qui connaît aussi bien la fonction et le rugby. Il a son expérience, j’ai la mienne. Il connaît la fonction et il la respecte. À partir de là, je trouvais intéressan­t d’échanger.

L’insistance vient aussi de sa communicat­ion, qui le voit réclamer publiqueme­nt des jeunes sans que vous, sélectionn­eur, vous soyez exprimé sur le sujet…

Je ne vais tout de même pas commenter sa communicat­ion. Ce n’est pas mon rôle et d’ailleurs, elle ne me regarde pas. Il fait ses choix et s’il souhaite communique­r dessus, je peux le comprendre. La seule chose que je sais : quand nous sommes tous les deux, nous sommes sur la même longueur d’onde. Il ne m’a jamais dit : « Guy, tu vires les vieux et tu mets les jeunes ». Nous échangeons et nous avançons. C’est tant mieux. Mais il ne m’impose rien. Le choix des joueurs, c’est moi et moi seul qui les ferai.

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