Midi Olympique

« J’ai vu des mecs se surpasser »

LE STADE ROCHELAIS A CRÉÉ LA SENSATION EN ALLANT S’IMPOSER AVEC LE BONUS CHEZ LES HARLEQUINS POUR SON PREMIER MATCH DE COUPE D’EUROPE. SON ENTRAÎNEUR LOUE LES CAPACITÉS D’ADAPTATION DE SES JOUEURS.

- Propos recueillis par Émilie DUDON, envoyée spéciale emilie.dudon@midi-olympique.fr

Vos joueurs vous ont-ils surpris lors de ce match ?

Ils sont capables de tout. Du bon, du moins bon, du très bon, de l’exceptionn­el, du catastroph­ique… Ils avaient peut-être la crainte de passer à côté de l’événement, alors ils se le sont approprié et ont été au bout d’eux-mêmes. Ça a donné un match plein pour nous, offensivem­ent et défensivem­ent. Et c’est une bonne base de travail. Avant la rencontre, nous avions dit au groupe qu’il en resterait forcément quelque chose de positif, même en cas de défaite. Finalement, on s’est retrouvé à gérer un bonus offensif à la 60e à l’extérieur en Coupe d’Europe…

Avez-vous senti de l’appréhensi­on dans le groupe avant cette première européenne ?

Il y a toujours un peu de stress avant une première fois, que ce soit en sport ou dans la vie de tous les jours. On a quand même senti dans le groupe une volonté d’exister, de porter ce maillot avec beaucoup de fierté. À partir de là, on n’est jamais loin du compte.

Le président Vincent Merling disait justement qu’il y avait une crainte de ne pas exister avant ce match. Cela a-t-il porté votre équipe selon vous ?

Disons qu’on représente quelque chose. Les joueurs ont porté le maillot du Stade rochelais pour la première fois en Coupe d’Europe. C’est une énorme chance, je leur ai dit d’en profiter. De donner le meilleur aussi, rugbystiqu­ement et dans l’attitude. Ils l’ont fait. On voit le résultat.

Avec notamment un essai de cent mètres inscrit. On a senti le Stade rochelais décomplexé. Etait-ce le cas ?

Je crois que si le terrain avait fait 150 mètres, on aurait marqué un essai de 150 mètres ! Les quinze joueurs ont eu la volonté de relancer le ballon de l’en-but, de jouer debout et d’avoir un soutien permanent pour aller derrière la ligne. C’est ce que nous leur avions demandé. Ils sont tout aussi capables de se mettre des barrières et des complexes, que de jouer avec une grande insoucianc­e. Ça peut être bénéfique. Quand on joue avec une insoucianc­e maîtrisée, on est dangereux. Nous avons repéré des choses que nous avions travaillée­s : nous avons par exemple été bien présents dans l’axe, nous avons joué debout et à partir de là, nous les avons mis à la faute pour enchaîner avec un ballon porté bien structuré. On a retrouvé beaucoup de choses définies dans l’avant-match, c’est ce qui est très intéressan­t pour Xavier

(Garbajosa, N.D.L.R.) et moi.

Que retenez-vous en premier lieu du match réalisé par vos joueurs ?

Il y a eu deux mi-temps opposées. Je vais retenir la deuxième. Défendre à quatorze durant vingtcinq minutes à cinq mètres de la ligne sans craquer, c’est quelque chose qui sert pour la suite quand on est entraîneur. Lors de ce match, les joueurs ont élevé notre niveau et ont été là où ils n’ont jamais été.

Comment ça ?

Physiqueme­nt, les joueurs ont élevé leur niveau d’intensité, d’implicatio­n, de déterminat­ion. Bien sûr, il y a eu des erreurs, qui ont permis aux Harlequins de revenir dans la partie. Il y a eu des en avant, des plaquages manqués, un carton jaune un peu stupide. Mais derrière, j’ai vu des mecs se surpasser, faire des choses qu’ils n’ont pas l’habitude de faire, défendre un score, défendre une ligne. Ils le faisaient déjà, mais dans un certain contexte. Là, c’est différent parce qu’ils l’ont fait dans un contexte totalement nouveau pour nous.

Qu’est-ce qui était différent ?

En préparant la rencontre, nous avions l’impression que les Harlequins allaient à 200 à l’heure. Bizarremen­t, ça ne s’est pas passé comme ça. Les Anglais jouent entre eux d’une certaine manière, comme les Français jouent entre eux d’une certaine manière. Finalement on s’aperçoit qu’on arrive à exister quand on joue contre eux. Il faut arrêter de dire que ce qui se fait ailleurs est forcément mieux. Je crois que notre championna­t prépare bien à ça. Le week-end dernier, notre match contre le Racing 92 n’était peutêtre pas exceptionn­el sur le plan du jeu mais concernant le combat, ça a été un gros match, qui nous a servi aux Harlequins

Ce 14 octobre 2017 restera une date importante dans l’histoire du club.

C’est une étape supplément­aire dans la vie de cette équipe. On ne fait rien comme tout le monde, nous. On fait même les choses dans le désordre parfois. Là, les joueurs ont fait les choses dans l’ordre et écrit une très belle ligne de l’histoire du club. Il en faudra une autre lors du prochain match, contre l’Ulster…

« Je leur ai dit d’en profiter. De donner le meilleur aussi, rugbystiqu­ement et dans l’attitude. Ils l’ont fait. On voit le résultat. » Patrice COLLAZO Manager de La Rochelle

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