UN MONDE À L’ENVERS
MALGRE UNE MÊLEE FERMEE LOURDEMENT SANCTIONNEE, LES MASSICOIS ONT FAIT FRONT. ILS SE SONT IMPOSES SANS FIORITURES, COMME FACE A COLOMIERS.
Les week-ends se suivent et ne se ressemblent pas. Quel rapport entre la défaite de Biarritz à zéro point ponctuée d’une note artistique fantastique, et ce succès à l’ancienne sans occasion d’essai remporté au courage envers et contre tout ? En prenant encore un peu davantage de recul, il faut s’apercevoir que les Massicois ont développé leur meilleur rugby hors de leur base depuis le départ du championnat. Carcassonne, Grenoble, Biarritz, ces trois étapes ont délivré des matchs absolument sensationnels. Contre Dax, Montauban, Colomiers, et hier face Mont-de-Marsan, les hommes de Faugeron, Larousse et Gonin, se sont arc-boutés. Des circonstances expliquent les comportements. La pluie, contre Montauban, avait limité les possibilités offensives.Vendredi, le capitaine Christophe Desassis a évoqué le phénomène de la rosée du soir pour expliquer la difficulté à se passer le ballon. On voit surtout que cette équipe confrontée sur sa pelouse à des adversaires déterminés à se payer un promu chez lui, contre ces anciens demi-finalistes et des favoris de la compétition, qui lui rendent autant en ambition qu’en expérience de la division, est capable de se mettre en boule pour contrarier les plus méchants d’entre eux.
LA MÊLÉE MONTOISE
Alors que la machine offensive columérine s’était déployée de force manière avant d’être contrariée par la défense locale, les Montois, des fantômes dans le jeu courant jusqu’à la rentrée de James à l’ouverture, ont usé d’une autre corde pour tenter de prendre le match à leur compte. L’arbitre Monsieur Guatelli a-t-il eu raison de sanctionner autant les Massicois en mêlée fermée ? On voit toujours que ce secteur de jeu échappe à toute logique. Une semaine après avoir broyé les Biarrots, les Franciliens se sont fait broyer à leur tour. « Mais on ne commettait pas de faute. On bosse toute la semaine pour rester dans l’axe, même en cas de reculade », assurait Desassis. Monsieur Guatelli a jugé du contraire, et les avancées des Montois ont provoqué une dizaine de pénalités sur cette phase de jeu. La défaillance devait être rédhibitoire. Les Franciliens sont parvenus à passer pardessus ce fait de jeu majeur. En repoussant la dernière mêlée de l’essai pénalité, ils ont carrément montré une forme de lucidité épique dans ce moment de tension immense. Et doucement se dessine un type comportemental contraire aux usages.Virevoltant et terriblement ambitieux chez les autres, mais manquant de justesse pour mieux conclure leurs matchs, sobres sur leur terrain comme des alcooliques repentis, mais très cohérents dans leur comportement collectif, les promus ont comme renversé le paradigme traditionnel « match fermé l’extérieur, match ouvert à la maison ». Cette singularité leur sied comme un gant.