Pierre et le LOU
CONFIRMÉ JUSQU’EN 2023 EN TANT QUE MANAGER DU LOU RUGBY, PIERRE MIGNONI INCARNE PLUS QUE JAMAIS L’AMBITIEUX PROJET DU CLUB DE LA CAPITALE DES GAULES. UN PLAN QUI L’A DÉJÀ AMENÉ À SORTIR DU BOIS POUR OCCUPER LA TÊTE DU TOP 14, SUR LEQUEL L’ANCIEN DEMI DE M
C’est l’histoire d’une prolongation longue durée, dont l’issue coïncide – hasard ou pas – avec l’année de la Coupe du monde qui se disputera en France, en Irlande ou en Afrique du Sud. En 2023, quoi… Une année charnière, peut-être la dernière du mandat de Mark Zuckerberg à la présidence des USA en succession de Donald Trump, qui verra également Emmanuel Macron entamer sa deuxième année de retraite post-Élysée, un an après l’improbable premier titre du Qatar en football pour sa Coupe du monde à domicile. Un peu loin, vous dites ? Une éternité, pour être honnête, à l’échelle d’un club de rugby… Et pourtant, à la vue de la proposition lyonnaise, Pierre Mignoni n’a pas hésité. Ou si peu… « C’est vrai qu’au début, parler de 2023, ça fait un peu peur, confie le manager du Lou. Tu te poses des questions, tu te demandes si ce n’est pas trop long… Mais après, quand tu es impliqué dans un projet qui est un peu ton bébé, tu te dis surtout que c’est une belle marque de confiance. Avec mon président Yann robert et le grand boss Olivier Ginon, nous avons des ambitions communes, un projet commun axé sur le long terme. Alors, les choses se sont faites naturellement… »
« AU DÉBUT, PARLER DE 2023, ÇA FAISAIT UN PEU PEUR… »
Et Pierre Mignoni s’est (re) lancé à corps perdu dans l’aventure, dont il touche aujourd’hui les premiers fruits véritables, avec cette place de leader du Top 14 qui a enfin placé le Lou sur l’échiquier du rugby français. De quoi céder à l’envie de se retourner, et goûter ce premier embryon de succès ? Le triple champion d’Europe avec le RCT préfère raffûter. « Tous les managers de clubs sont essentiellement dans le présent, et un peu dans le futur. Alors, si on se met aussi à regarder derrière, cela devient compliqué ! C’est pourquoi j’essaie moi aussi de surtout de regarder devant, en levant la tête de temps en temps, car elle est souvent dans le guidon… Après, il s’agit d’un projet qui avance plutôt bien, dont je suis assez content et fier. »
« L’ÉQUILIBRE EST FRAGILE »
Avec, en filigrane, cette culture de la gagne et cette mentalité de ne rien lâcher que Pierre Mignoni a su insuffler dans un club souvent enclin à ronronner trop vite sur ses lauriers. « Cela nous est arrivé et nous arrivera encore de passer à travers, comme tout le monde, glisse-t-il. Mais l’état d’esprit dans sa globalité doit être là sur les trente matchs que tu disputes par saison. Cette base, elle n’est pas négociable et les joueurs le savent. » C’est pourquoi, au sujet du Lou, le plus difficile mais aussi le plus beau demeure encore à venir. « Pour moi, le plus gros challenge va consister à entretenir cette dynamique au sein du groupe, confirme Mignoni. Surtout ne pas tomber dans le « oui, ça va aller… » Parce que moi, je sais que plus ça va aller, plus nous serons dans le dur. Je connais notre effectif, qui est de qualité, mais je suis aussi conscient de ses faiblesses. Par rapport à certaines équipes, nous ne sommes pas encore au niveau. Il faut donc avoir beaucoup de recul par rapport à la situation actuelle, car on n’a jamais disputé que sept journées, et que nous n’avons pas encore affronté de gros à domicile. »
Pure modestie, alarmisme de circonstance ou lucidité ? Plus certainement un mélange des trois, qui légitime quelques craintes avant une fin d’année 2017 dantesque, qui verra courant novembre-décembre le Lou recevoir La Rochelle et toulouse, tout en se déplaçant Clermont, Toulon et Montpellier. « Plus le championnat va avancer, plus il faudra batailler, s’accrocher. On commence à avoir quelques blessés… Il va falloir serrer les dents, croiser les doigts pour avoir assez de réussite pour passer entre les gouttes aux moments importants. L’équilibre est si fragile ! » Certes. Comme pour tous les clubs du Top 14… Reste que sur le long terme, mieux vaut maîtriser tout ce qui est maîtrisable. Et à ce titre, comme le Pierre du conte de Sergueï Prokofiev capable de capturer son loup par la queue, Mignoni semble plus que jamais maître du sien…