Midi Olympique

COEUR ROUGE

LE CAPITAINE DU MUNSTER PETER O’MAHONY EST UN PERSONNAGE INCONTOURN­ABLE DE LA RÉSURRECTI­ON DE LA PROVINCE IRLANDAISE AU NIVEAU EUROPÉEN. À SA RENCONTRE…

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Ce n’est pas n’importe quel troufion qui mènera les Munstermen, samedi soir. Ce n’est pas n’importe quel bonhomme qui serrera la paluche de Dimitri Szarzewski, dans le couloir de Thomond Park. Peter O’Mahony, capitaine des Lions britanniqu­es et irlandais au soir du premier test de la tournée des « touristes » en Nouvelle-Zélande, est un personnage hors du commun. À son sujet, Rassie Erasmus est d’ailleurs explicite : « Peter a dernièreme­nt traversé une période extrêmemen­t noire. Qu’il s’en soit relevé aussi rapidement est révélateur de sa force de caractère ». Les moments difficiles évoqués par le patron du Munster s’étalent en réalité sur dix-huit mois : le 11 octobre 2015, O’Mahony laissait un genou sur la pelouse de Cardiff, enterrant ce soir-là ses rêves de Coupe du monde ; dans la foulée, il perdait sa place en équipe d’Irlande, Joe Schmidt lui préférant logiquemen­t CJ Stander et Tommy O’Donnell ; un an et cinq jours après s’être lourdement blessé, le capitaine du Munster perdait son coach et mentor Anthony Foley, emporté par une crise cardiaque dans un hôtel de Suresnes, dans les Hauts-de-Seine…

IL N’A PEUR DE PERSONNE

L’ancien deuxième ligne irlandais Donncha O’Callaghan, issu du même club que Peter O’Mahony (Cork Constituti­on), connaît le leader des Munstermen depuis toujours. Il raconte : « À 10 ans, un feu étrange habitait déjà son regard. On pouvait lire dans ses yeux : « Tu portes mon maillot jusqu’à ce que je sois assez grand pour le faire ». Il avait déjà une incroyable personnali­té. » Et O’Callaghan de raconter de quelle façon le jeune O’Mahony, alors capitaine des moins de 20 ans irlandais, le remit un jour à sa place : « C’était l’été et nous étions en pleine période de préparatio­n physique. Moi, j’avais déjà à mon actif deux tournées des Lions, deux Coupes du monde et deux titres européens. À la fin de l’entraîneme­nt, je sentais que les mecs en avaient encore sous la pédale. J’ai donc demandé aux mômes de l’académie de nous rejoindre pour faire un peu monter l’intensité. Peter a regardé ses coéquipier­s et leur a dit : « Ok. On y va les gars. » Ils l’ont suivi sans broncher et franchemen­t, la séance s’est plutôt bien passée. À la fin de celle-ci, O’Mahony (19 ans à l’époque) s’approchait néanmoins du vétéran O’Callaghan pour lui souffler : « Nous avons un programme de préparatio­n physique spécifique et il nous a été demandé de ne pas nous entraîner démesuréme­nt, histoire d’éviter les burn-out. C’est donc la dernière fois, Donnacha, que tu me places dans une position inconforta­ble ». À propos de Peter O’Mahony, on garde aussi en mémoire cet après-midi d’octobre 2016. Une semaine après avoir perdu leur coach, les Munstermen recevaient donc les Glasgow Warriors à Thomond Park. Alors que l’arbitre du match convoquait les deux capitaines pour que ceux-ci calment leurs hommes, l’Ecossais Johnny Gray s’écriait : « C’est de leur faute, Monsieur l’arbitre ! Nos adversaire­s sont sur le coup d’une grosse émotion ! » À ces mots, O’Mahony poussait violemment son vis-à-vis, lui jetant au visage : « Ecoute moi bien, mec : il y a trois jours, je portais le cercueil d’un ami. Alors ne viens surtout pas me dire ce que doivent être mes émotions, aujourd’hui… »

M. D.

 ?? Photo MO -DP ?? Peter O’Mahony, capitaine du Munster.
Photo MO -DP Peter O’Mahony, capitaine du Munster.

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