Midi Olympique

LA RECONQUÊTE

ALORS QUE LES DIRIGEANTS PARISIENS TENTENT DE CONQUÉRIR UN NOUVEAU PUBLIC, LA PITEUSE DÉFAITE EN SIBÉRIE DES STADISTES FAIT TÂCHE. FACE AUX LONDON IRISH, LES JOUEURS DE GREG COOPER DOIVENT SURTOUT GAGNER POUR REDORER LE BLASON DU CLUB.

- Les dirigeants parisiens éprouvent des difficulté­s à faire le plein à Jean-Bouin comme en témoignent les bâches installées au dernier étage des tribunes. Par Arnaud BEURDELEY arnaud.beurdeley@midi-olympique.fr

Photo Stade.fr Paris, séduire 20 000 spectateur­s pour assister à un match de rugby est un vrai challenge. Si Thomas Savare, l’ancien président du Stade français, a jeté l’éponge en fin de saison dernière, c’est, pour partie, à cause de cet échec. Il l’a confessé avant son départ. Depuis plusieurs années, le stade Jean-Bouin, magnifique écrin, sonne creux le plus souvent. Même l’année suivant le titre de champion de France 2015, les tribunes sont restées désespérém­ent vides. L’an passé, un seul match s’est joué à guichets fermés. C’était contre le Racing 92 pour le derby, dans un contexte éminemment particulie­r en raison de l’épisode tragicomiq­ue de la fusion avortée.

Lors de sa prise de pouvoir, le milliardai­re allemand Hans-Peter Wild a donc fixé à ses équipes l’objectif de faire de Jean-Bouin une citadelle qui affiche complet aussi souvent que possible. Pas une mince affaire. « Pour le public, assister à un match de rugby ne suffit plus, analyse Thomas Plessis, responsabl­e commercial du club de la capitale. C’est encore plus vrai pour un public parisien qui a pléthore d’offres. On a donc décidé de renforcer notre offre, d’améliorer toute la partie qualité d’accueil, de redynamise­r la « fan expérience » et le parcours client à l’intérieur du stade. On va proposer un contenu de plus en plus diversifié. » Pour cela, les dirigeants parisiens ont pris une décision forte : réduire la jauge du stade. Depuis le début de la saison - et ce sera le cas jusqu’à la fin - la capacité a été réduite à 15 500 places. Diminuer l’offre pour augmenter la demande. Mais pas seulement. Dans les tribunes condamnées, désormais s’affichent d’immenses bâches roses, « pour créer une ambiance très parisienne », dixit Thomas Plessis. Surtout, sous cette tribune Parc des princes, le club 1883 (année de la création du Stade français) attend désormais les abonnés annuels « premium » dans un espace couvert, chauffé, décoré façon « lounge ». « C’est vraiment une offre qualitativ­e, souligne encore Thomas Plessis. Il y a des animations culinaires avec la présence de food truck et la présence de joueurs qui viennent faire des dédicaces ou simplement partagé un moment de conviviali­té. » Et le responsabl­e commercial du club d’argumenter : « Paris est peuplé de provinciau­x, il y a donc beaucoup de supporters des équipes adverses. On souhaite favoriser un public parisien. L’idée, c’est d’aller des gens qui ne sont jamais venus à Jean-Bouin pour avoir un public plus large, familial, étudiant, urbain, connecté, dynamique. »

« IL Y AURA DES DÉÇUS »

Les opérations de délocalisa­tion des entraîneme­nts au coeur des sites emblématiq­ues de la capitale entrent dans cette logique. Les joueurs de Greg Cooper ont déjà été s’entraîner aux Buttes-Chaumont et aux pieds de la basilique du SacréCoeur à Montmartre. À eux, par exemple, de promouvoir le pack « Ici, c’est Paris ». Un pack qui donne accès à quatre matchs importants (Racing 92, Pau, Toulouse et Clermont). « On sait qu’en baissant la jauge, il y aura des déçus sur ces gros matchs, reprend Thomas Plessis. Mais dans le stade, il y aura des heureux, c’est très important pour nous. » Des heureux qui profiteron­t dès la venue d’Oyonnax (18 novembre) d’une applicatio­n « Stade français » sur leur smartphone. Rien de précurseur, d’autres le font déjà, mais le Stade français tente de rattraper son retard. « Cette applicatio­n permettra par exemple de commander ses boissons, ses sandwichs sans bouger de sa place via « digifood », développe Thomas Plessis. D’autres services seront disponible­s sur l’applicatio­n comme toutes les infos sur le secteur sportif. » Le sportif, justement parlons-en. Pour conquérir un nouveau public, l’argument principal se situe là. Battre les London Irish pour cette deuxième journée de Challenge Cup, après avoir piteusemen­t perdu en Sibérie, c’est le Smic pour un club comme le Stade français. Offrir un spectacle, c’est encore mieux dans cette perspectiv­e de reconquête.

C’est une scène inédite qui va se dérouler ce vendredi au moment du coup d’envoi contre Oyonnax. Sur le banc, le manager général de Brive Nicolas Godignon ne sera pas là, absent pour raisons médicales - il a été opéré du dos en début de semaine - et les Corréziens vont devoir tant bien que mal composer sans pendant un mois. Orphelins de leur entraîneur en chef, qui sera en contact permanent avec le reste du staff depuis son domicile, les Brivistes vont néanmoins enregistre­r quelques retours bienvenus alors que deux échéances importante­s (déplacemen­t à Toulon, réception du Stade français), se profilent en championna­t.

UNE TROISIÈME LIGNE REMPLUMÉE

Parmi ceux-là, ceux de Dominiko Waqaniburo­tu et de Petrus Hauman ne seront pas négligeabl­es alors que la troisième ligne corrézienn­e a dû composer avec le renfort de joueurs venus de l’effectif Espoirs comme Péniami Narisia (20 ans)ou Retief Marais (22 ans), le petit frère de Peet. Didier Casadéi a même été contraint pour le premier match à Worcester de faire entrer le jeune talonneur Louis Martin en position de numéro 8. Il n’aura pas le même problème pour affronter le rival français de la poule puisque ce sera également le grand retour à la compétitio­n de Fabien Sanconnie. Le troisième ligne victime d’une grosse déchirure aux ischios-jambiers de la jambe droite le 29 avril face à Pau se dit « impatient de reprendre et espère retrouver assez vite le rythme en en essayant d’apporter une dynamique positive. Il faut repartir de l’avant, retrouver de l’envie car en face Oyonnax sera décomplexé. Cela doit redevenir difficile de gagner chez nous. Après notre victoire contre Castres, il faut stopper l’hémorragie. »

C’est ce qu’attend en tout cas Didier Casadéi de ses joueurs : « Il faut se concentrer sur ce match de Challenge pour bien préparer l’avenir et après nous verrons. Il va y avoir cinq matchs de championna­t très importants avant nos retrouvail­les avec Oyonnax en décembre. Le match de ce vendredi doit nous permettre d’enchaîner une deuxième victoire sur nous terres. Par rapport au match de Worcester où nous avons été mauvais sur la conquête, défaillant­s sur la discipline, et où nous avons tombé trop de ballons tout en manquant clairement de caractère, nous attendons d’autres choses. » La parole est aux hommes forts.

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