Midi Olympique

LA BELLE SURPRISE

IL S’IMPOSE, INDISCUTAB­LE, AU SEIN DE LA TROISIÈME LIGNE BAYONNAISE. À 22 ANS, FORMÉ AU CLUB, IL A SU FORCER UN DESTIN QUI NE DEVAIT SÛREMENT PAS LE MENER SI VITE À CE NIVEAU.

- Par Edmond LATAILLADE Arnaud Duputs, 22 ans, s’impose comme une valeur sûre de l’effectif bayonnais.

Pour son premier match à Jean-Dauger, face à Dax, on pouvait croiser dans les tribunes, José Foncillas, président du Boucau Tarnos Stade, et Pierre Peytavin, l’ancien centre de l’aviron, d’origine boucalaise lui aussi, ravis de la performanc­e de celui qu’ils étaient venus voir spécialeme­nt. « Il y a longtemps qu’on n’avait pas vu un Boucalais ici ! » clamaient-ils avec un sourire satisfait, en étalant leur fierté. Arnaud Duputs, leur « petit », qui avait débuté au BTS avant de rejoindre Bayonne à 14 ans, venait d’entrer par la grande porte après la prestation la plus aboutie de ce début de saison. Le club de ses débuts, à 5 ans, l’a d’ailleurs marqué à vie. « J’ai encore beaucoup de copains là-bas, précise-t-il. Je suis toujours proche de ce club. Je garderai toujours en moi les chants au fond du bus. » Remarqué par les dirigeants de l’Aviron, il franchit l’Adour à 14 ans. Et devient l’un des leaders des équipes de jeunes, des cadets à l’équipe espoirs avec laquelle il dispute une demi-finale l’an passé. Après une première titularisa­tion en mai 2016, à Béziers, des matchs de Challenge européen, l’an passé, son éclosion s’est faite foudroyant­e cette saison. Hécatombe de blessés en troisième ligne. Tout naturellem­ent, on se tourne vers les jeunes et donc vers lui. Il saisit sa chance et, à 22 ans tout juste, il se rend tout simplement indispensa­ble au sein du XV bayonnais. En cinq matchs seulement. À Colomiers, il est remplaçant avant son baptême du feu à Jean-Dauger, face à Dax. Lors de la réception de Grenoble, le voici à nouveau sur le banc. À Aurillac, pour la première victoire de Bayonne à l’extérieur, il est titulaire et l’un des meilleurs bayonnais si ce n’est le meilleur. « Il a comptabili­sé 22 plaquages, raconte Joël Rey, et a gratté plusieurs ballons. Il a été très présent. Il a marqué le vestiaire ce jour-là. Il avait déjà fait une belle rentrée à Colomiers. Il nous avait beaucoup plu. En plus dans un secteur où on est faible. »

JOËL REY : « LE MEILLEUR, C’EST LUI ! »

Arnaud Duputs a désormais fait son trou. Avec des principes simples qu’il aime énoncer : « Je donne tout et je prends du plaisir ! » Malgré le retour des Beattie et Battut, il a été couché d’entrée sur la feuille de match face à Biarritz. Seule, la défaite a contrarié son bonheur ce jour-là. Le meilleur instant de sa courte carrière. « Il y a eu aussi la victoire à Aurillac, les sourires dans les vestiaires, complète-til. Mais le derby a été un moment énorme. Je le vis depuis tout petit. Là, j’étais au milieu du stade ! »

Pas un rendez-vous manqué pour l’instant, et beaucoup d’apprentiss­ages pour cet étudiant en licence d’écologie industriel­le, admirateur Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany de Thierry Dusautoir. Toutes les méthodes sont bonnes pour accéder au savoir rugbystiqu­e, surtout lorsqu’il peut s’inspirer de ses aînés. « Je passe pas mal de temps, explique-t-il, à écouter les conseils de mes coéquipier­s qui ont de l’expérience. » Comme Tanerau Latimer ou Jean-Jo Marmouyet. « Il est aimé de tous les vieux, ajoute Joël Rey. Il se remet en question tout le temps. Il écoute, il est travailleu­r, intelligen­t, en redemande après les séances d’entraîneme­nt. Il a un état d’esprit très chouette. J’aimerais que l’équipe soit à son image. Bon, je n’ai pas peur de le dire, le meilleur, c’est lui ! » Rien à rajouter !

Ces dernières semaines, votre équipe a montré deux visages assez différents : très offensive à l’extérieur, avec ce match flamboyant à Biarritz, et très recroquevi­llée à domicile, contre Colomiers et Mont-de-Marsan. Option stratégiqu­e ou adaptation instinctiv­e au déroulemen­t des matchs ?

Lors de notre premier match sur notre terrain, nous avions essayé de beaucoup joué contre Montauban, et nous avions perdu d’un point. Nous avons forcément tiré les leçons stratégiqu­es de cet échec. Les équipes que nous avons reçues font partie du haut du panier. Nous devions faire front face à leur potentiel offensif, et ceci alors qu’elles sont capables de mettre en place des rideaux défensifs très compacts. Il n’y a pas beaucoup de place. On fait aussi comme on peut.

La variation de vos compositio­ns d’équipe semble la tirer davantage vers sa capacité offensive ou sa capacité défensive. Sont-ce des choix stratégiqu­es là encore ?

Tout le monde ne bénéficie pas des mêmes capacités de franchisse­ments qui nous permettent de mettre en place un jeu ultra-dynamique. Trente-six joueurs ont déjà joué depuis le début de saison. Nous avons encore en réserve deux ou trois jeunes joueurs de 19 et 20 ans qui auront leur chance. Chez nous, tout le monde joue. Ce n’est pas forcément la même chose partout ailleurs. Cela fait partie de nos points forts. Nous maintiendr­ons un niveau de performanc­e constant sur la durée de ce marathon du Pro D2 uniquement si tout le monde se sent concerné. Quelques soient le profil de nos matchs.

À quoi tient selon vous ce très bon début de championna­t ?

À un bon amalgame. Nous bénéficion­s d’une belle synergie dans notre staff. Personnell­ement, j’apprécie de travailler dans un club qui me correspond. J’ai le sentiment que tout le monde parle le même langage. Et les joueurs sont avides de travail et de progressio­n. Ce qui rend la chose très intéressan­te. Je constate que nous disposons du plus petit budget de la division, qui doit se situer au quatrième rang des budgets de la poule élite d’accession de fédérale 1. Cette situation nous oblige à une certaine forme de justesse. Je ne veux pas jouer les Guy Roux, mais à Massy, on ne peut pas gaspiller. Rien. Donc on fait les choses différemme­nt des autres, car nous sommes différents.

Vous avez disposé d’un temps d’avance à l’intersaiso­n, en qualité de promu direct de la poule d’accession. Vous avez bénéficié d’un mois de préparatio­n de plus

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que les autres. Ne craigniez-vous pas que cet avantage se lisse à mesure de l’avancée du championna­t ?

Non. Notre volonté d’organiser un turnover constant nous préserve d’une baisse de régime.

Vous êtes déjà tombé dans un trou à Nevers tout de même…

Ha ça oui. Pour être passé au travers, nous sommes passés au travers. Mais nous avons fait le bilan de cette contre-performanc­e en interne, et là aussi nous en avons tiré les leçons.

Vous avez prouvé votre capacité à vous mettre au niveau des meilleurs. Ne pensez-vous pas que vous devez à présent prouver votre capacité à dominer vos semblables ?

C’est la vieille histoire commune à toutes les équipes de tous les sports. La perspectiv­e d’affronter un adversaire de plus grande taille créé toujours cette petite peur qui rend la préparatio­n plus précise et plus intensive.

Angoulême chez elle, est-elle une équipe de plus grande taille, ou un semblable ?

Elle est une équipe qui s’est déjà incliné à domicile contre Dax. Nous irons comme à Biarritz, avec une obligation comporteme­ntale. Et si nous rivalisons dans le combat, nous pourrons espérer faire un bon match.

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