DUEL FRATRICIDE
LES DEUX ÉQUIPES SE SONT SUIVIES PAS À PAS DANS LEUR PROGRESSION DEPUIS LA FÉDÉRALE 2. ELLES S’AFFRONTENT POUR SE DEGAGER DU BAS DU CLASSEMENT.
Ces deux équipes de Rouen et de Strasbourg se sont livrées depuis cinq ans à une course-poursuite étonnante vers les sommets, se rendant coups pour coups en progressant ensemble de concert. C’était le titre de champion de France de Fédérale 2 pour Strasbourg en 2015. C’était le titre du Jean-Prat pour Rouen la saison dernière. Ces deux clubs du « Nord » qui ont bâti des projets de développements durables n’ont jamais relâché leurs efforts, et se toisent, et se croisent, et se ressemblent comme deux gouttes d’eau, dans la façon de se mouvoir en construisant pierre après pierre leur édifice. Un seul manager à la tête de Rouen depuis la Fédérale 2 et le projet de sauvetage lancé par le président Troletti, relayé depuis l’an dernier par son successeur Jean-Louis Louvel : Richard Hill. Un seul manager à Strasbourg depuis que Christian Loth a extirpé le club d’un dépôt de bilan menaçant en Fédérale 2 : Julien Chastanet. La stabilité de l’encadrement, la recherche de ces deux associations de pénétration de leurs environnements régionaux, et leurs mouvements tous azimuts pour asseoir le rugby sur la capacité de ces deux métropoles de le faire vivre : trait pour trait, nourris au même lait, les frères jumeaux ont suivi une même croissance.
Il est assez logique que les deux promus de la division essuient aujourd’hui les plâtres de leur apprentissage et se retrouvent aujourd’hui regroupés en queue de peloton. Ils font tout pour s’en dégager.
HILL : « VERS UN XV TYPE »
Ils ne sont pas loin de la concurrence, et l’on perçoit chez l’un et chez l’autre les frémissements d’une maîtrise. C’est évident à Strasbourg, qui vient de remporter son premier match contre Bourgoin. « Ce n’est pas un hasard, explique Julien Chastanet. Pour la première fois de la saison, nous n’avons récolté aucun carton durant la partie. Nous n’avons même commis que cinq fautes. Dans ces conditions, nous pouvons essayer de développer notre jeu. » À Rouen, Richard Hill estime que les quatre premières rencontres « ont servi à mieux cerner le groupe. Tout le monde a joué. Et ceux qui joueront ce week-end, sont ceux qui se sont mis le plus en avant. Nous progressons vers un XV type ». Leurs équipes présentent des profils un peu similaires, très portés vers la succession des temps de jeu épuisants. Strasbourg a développé huit actions dépassant la minute contre Bourgoin. Elles veulent faire plier par essoufflement. Et face contre face, laquelle des deux s’essoufflera ? Dans cette division ultra-concurrentielle dont elles apprennent les usages, elles ne figurent plus les favorites de naguère. Ce week-end, il faut laisser à l’autre la position du bas et se faire un cocon dans le milieu du tableau. Cette poule d’accession vers le Pro D2 les séparera un peu, au moins provisoirement. Le CSBJ a perdu son premier match de la saison chez la lanterne rouge strasbourgeoise samedi dernier et va devoir montrer un autre visage contre le leader chambérien. « Nous devrons déjà nous appliquer à mieux conserver le ballon », juge l’entraîneur, Jean-Henri Tubert. À signaler que ce dernier est toujours invaincu à la tête du RCUL (Rugby Club Universitaire Lyonnais) club créé par des étudiants de Lyon 3 où l’entraîneur enseigne et qui compte trois victoires en trois matchs en Quatrième Série du Lyonnais. Le contexte est inédit. Ou presque, en ce début de saison. Dimanche à Dugradus, ce ne sera en effet que la deuxième fois que les espoirs du RCAV évolueront en lever de rideau. Avec l’opportunité face à Vienne, de confirmer les bons points obtenus voici quinze jours face au leader Chambéry (1611). « Face à Chambéry, le groupe ne nous a pas surpris dans le sens où nous étions dans la continuité de nos matchs précédents. Et ce, avec notamment une volonté de ne rien lâcher qui fait partie de notre identité. Maintenant, à nous de ne pas sous-estimer cette équipe de Vienne, sans quoi nous serons en difficulté », prévient Jérôme Cassus, co-entraîneur avec Mariano Taverna.