Les nouveaux explorateurs
VICTOR VITO ET LE STADE ROCHELAIS REÇOIVENT L’ULSTER CE DIMANCHE. UN NOUVEAU TEST EUROPÉEN POUR LES MARITIMES, QUI FONT DÉJÀ TREMBLER LE TOP 14...
Avant le week-end dernier, on pouvait se poser la question. Le Stade rochelais allait-il, pour la première participation à la Coupe d’Europe de son histoire, jouer sur les deux tableaux ou plutôt se concentrer sur le Top 14, dont il a fini leader de la phase régulière et demi-finaliste l’an passé ? Question légitime. Certaines équipes confirmées de Top 14 ne parviennent pas à exister dans les deux compétitions, à l’image du CO par exemple, dont la dernière participation aux phases finales de Coupe d’Europe remonte à 2001-2002. Pour ce qui concerne le Stade rochelais, il n’a pas fallu attendre plus de trois minutes pour avoir la réponse. L’essai inscrit par Hikairo Forbes, suivi de ceux de Geoffrey Doumayrou (25e) et Dany Priso (30e) dans une entame de match impressionnante, ont donné le ton dès samedi soir au Stoop Stadium. On le sait maintenant : il faudra aussi compter sur La Rochelle sur la scène européenne. Après trois saisons de Challenge cup, et une demi-finale perdue contre Gloucester à Deflandre l’an passé (14-16), les Maritimes veulent franchir le pas. Décomplexés, ils ont joué ce premier match aux Harlequins comme s’il s’était agi du cinquantième, s’offrant le luxe d’un point de bonus offensif pour l’occasion. Et ils ont su se mettre au niveau de la Champions cup, que l’on sait plus beaucoup plus rapide. Ça tombe bien : la vitesse est l’une des principales forces du collectif jaune et noir, dont le profil semble coller parfaitement aux exigences de cette compétition (lire ci-dessous). « Physiquement, les joueurs ont élevé leur niveau d’intensité, d’implication, de détermination, relevait, très satisfait, le manager Patrice Collazo samedi soir après la victoire. J’ai vu des mecs se surpasser, faire des choses qu’ils n’ont pas l’habitude de faire, défendre un score, défendre une ligne. Ils le faisaient déjà, mais dans un certain contexte. Là, ils l’ont fait dans un contexte totalement nouveau pour nous. » La Rochelle a frappé un grand coup, donc, pour sa première européenne. « C’est la meilleure équipe que nous ayons affrontée depuis le début de la saison », assurait John Kingston, le directeur du rugby des Harlequins, à l’issue du match.
COLLAZO : « PAS D’EUPHORIE INJUSTIFIÉE »
Bien sûr, il est trop tôt pour tirer des conclusions hâtives. Les Rochelais vont devoir confirmer, dès dimanche face à l’Ulster à Deflandre alors qu’ils figurent dans une poule 1 particulièrement relevée parce qu’homogène. Patrice Collazo n’a pas manqué de le rappeler à ses joueurs ces jours-ci : « Il faut rester mesuré. Sur le plan comptable, c’est bon. Et si on prend certains aspects et la physionomie du match aux Harlequins, c’est très intéressant. Il fallait s’adapter à l’arbitrage et la discipline a été importante. Tout cela est positif mais il ne faut pas basculer dans une euphorie qui n’est pas justifiée. » Le message est passé semble-til, comme le confirment les propos de l’ailier Vincent Rattez : « Comptablement, on ne s’était pas dit qu’on allait prendre cinq points alors on a peut-être moins de pression pour la suite. Ceci dit, ce n’est pas parce qu’on a été gagné chez les Harlequins, qu’on va dérouler. Et on le sait. Patrice a su nous remettre les pieds sur terre. »
Une victoire à l’extérieur, bonifiée qui plus est, constitue toujours une bonne opération en vue d’une qualification dans une compétition où la phase régulière est très courte. Mais cette poule 1 ne comporte pas de vilain petit canard, comme aurait pu l’être un club italien. Il y a quatre candidats crédibles aux phases finales. Il faudra donc absolument assurer à domicile, et sûrement gratter quelques points de bonus, pour décrocher un premier quart de finale européen et voir la belle histoire se poursuivre. Du chapitre qui sera écrit dimanche dépendra la suite de l’intrigue.