Midi Olympique

L’ÉTOILE DE DANY

EXCELLENT DEPUIS SON ARRIVÉE DANS LE TARN, LE DROITIER DU CO RETROUVERA L’ÉQUIPE DE FRANCE, QUATRE ANS APRÈS UNE APPARITION DOULOUREUS­E. L’ABOUTISSEM­ENT D’UN CHEMIN PERSONNEL. KOTZE VEUT, CETTE FOIS, Y VOIR LE DÉBUT D’UN AUTRE.

- Les Castrais de Daniel Kotze, en manque de points, accueillen­t des Agenais qui pointent à la treizième place. Par Léo FAURE leo.faure@midi-olympique.fr

On oublie toujours Daniel Kotze, parmi les piliers stars de notre championna­t. C’est physique et qu’il nous pardonne. « Dany » n’a pas la carrure fascinante de Charlie Faumina ou Uini Atonio, la réputation de Rabah Slimani ou la gueule trop belle pour un pilier de Baille ou Poirot. La vérité factuelle ignore pourtant ces préceptes esthétique­s. Et c’est bien la seule qui compte : depuis le début de la saison, Kotze surclasse tous les piliers qui croisent sa route, en mêlée fermée, sur les pelouses de Top 14. Son associatio­n avec Antoine Tichit compte même parmi les grandes satisfacti­ons du début de saison décevant des Castrais. Et c’est bien l’essentiel. AUCKLAND, DÉSASTRE ET POINT DE DÉPART

Voir le nom de Kotze revenir dans le giron du XV de France n’a donc d’infamant. Qu’importent les préjugés. D’autant que sa belle forme ne date pas d’hier. Parti de Clermont en 2016 pour rejoindre le Tarn, le Sud-Africain avait même filé quelques boutons, en fin de saison, aux dirigeants auvergnats qui lui avaient initialeme­nt montré la porte de sortie. Parce que Kotze, à l’automne 2015 lorsque Clermont avait décidé de s’en séparer, ne sortait toujours pas d’une traversée du désert longue de deux ans.

Tout avait (mal) commencé. Été 2013, Daniel Kotze sortait pourtant d’une saison probante avec l’ASMCA lorsque, fin mai, le sélectionn­eur Philippe Saint-André avait énoncé son nom parmi les nouveaux joueurs retenus avec l’équipe de France. Direction la Nouvelle-Zélande pour trois tests-matchs, rien que ça. Kotze n’en disputa finalement qu’un seul : le premier, à Auckland (défaite des Bleus 23-13). Entré en jeu à la cinquante et unième minute à la place de Luc Ducalcon, Daniel Kotze avait alors souffert le martyre,

en mêlée fermée face à Wyatt Crockett puis Ben Afeaki. Un mauvais souvenir : « Non, pas un mauvais souvenir ! s’oppose aujourd’hui le joueur. Un souvenir dur, oui. Même très douloureux. Mais pas un mauvais souvenir parce que cela a participé à me faire changer. » « JE ME SUIS RECONSTRUI­T »

De cet épisode, Kotze ramena en France une pelle de doutes. Mais aussi la certitude qu’il devait s’imposer une mutation. « Quand cette sélection est arrivée, j’étais encore trop jeune, pas prêt dans ma tête. L’équipe de France, j’en avais des étoiles plein la tête. Mais je me suis arrêté là, à l’honneur de la sélection. Je l’ai pris un peu à la légère. Je n’avais pas compris que, derrière la sélection, il y avait un boulot à faire, un match à jouer. Et que les attentes y seraient excessivem­ent élevées. » Kotze a alors décidé de changer radicaleme­nt son approche du rugby. « Parce que c’est une passion mais aussi un métier. J’ai commencé à l’appréhende­r comme tel. »

Dès sa dernière saison sous le maillot clermontoi­s, en 2015, le pilier a changé de braquet sur la rigueur. « Ce fut alors une démarche très personnell­e, pas seulement tournée vers le rugby. J’ai décidé de changer mon approche de la vie. De me recentrer sur ma famille et de me concentrer sur moi-même. Avant, à travers le rugby, je cherchais les applaudiss­ements et une forme de reconnaiss­ance. Il y a trois ans, j’ai décidé de me préoccuper désormais d’une seule chose : être au maximum de mon potentiel. En me foutant pas mal de ce que les gens autour pensaient de mes performanc­es. Mes objectifs se rythmaient en semaine, autour des matchs. Ils sont désormais quotidiens : qu’est-ce que je mets dans chaque journée pour devenir un meilleur joueur, mais aussi un meilleur homme ? Je me suis reconstrui­t comme ça. » Kotze est aujourd’hui le fier papa d’un garçon de deux ans, un des tout meilleurs piliers droits du Top 14 et il retrouvera, dans deux semaines, l’équipe de France. « Je suis aujourd’hui heureux, tout simplement. » ■

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Photo M. O. - D. P.

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