Midi Olympique

ALTERNATIV­E DE LUXE

TITULAIRE À CINQ REPRISES, L’ANCIEN BAYONNAIS S’EST IMPOSÉ COMME UNE ALTERNATIV­E PLUS QUE CRÉDIBLE À GUILHEM GUIRADO.

- Par Pierrick ILIC-RUFFINATTI

S’il est un poste où la hiérarchie est définie depuis plusieurs saisons au RCT, c’est évidemment celui de talonneur : il y a Guilhem Guirado… Et les autres ! Exemplaire depuis son arrivée en 2014 et leader incontesté du vestiaire varois, le capitaine du XV de France n’a laissé que des miettes à ses concurrent­s. Pourtant depuis le début de saison, un autre talonneur pointe le bout de son nez. Mieux, en ne manquant aucune des dix premières rencontres du RCT,Anthony Étrillard est, sans faire de bruit, devenu l’un des joueurs de confiance du nouveau staff. « C’est vrai que ça se passe très bien pour moi en ce début de saison. Est-ce que je m’y attendais ? Je savais qu’avec le départ de Jean-Charles (Orioli) et le début de saison de Guilhem, qui serait davantage tourné vers la prépa du XV de France, le staff me donnerait du temps de jeu. » Le joueur formé à l’Aviron bayonnais a ensuite profité de chaque occasion offerte par l’encadremen­t du RCT pour gagner sa confiance. « Je découvre quelqu’un de très constant. Il a le profil pour aller un peu plus loin, affirme Fabrice Landreau. Il fait preuve de beaucoup d’humilité, travaille énormément. C’est un perfection­niste, il n’est jamais satisfait de ses performanc­es et cherche toujours à s’améliorer. »

« GUILHEM SAIT QUE ÇA POUSSE, IL NE PEUT PAS S’ENDORMIR »

Pourtant, depuis son arrivée à l’intersaiso­n 2015, tout n’a pas toujours été aussi rose pour Anthony Étrillard. De sa blessure aux cervicales (janvier 2016), suivie d’une opération (mai 2016), à celle au pouce (décembre 2016) également suivie d’une opération, le talonneur n’a pas été épargné. « Je pense que ça a freiné ma progressio­n. En touche ça me bloquait. J’avais le nerf qui prenait la force de mon bras, du coup j’avais du mal à lancer. Avant l’opération des cervicales, je ne lançais même pas le ballon à 15 mètres… » Désormais épargné, le Bayonnais a (enfin) pu enchaîner. Résultat ? Il a convaincu et s’est imposé comme un très sérieux client au poste de talonneur. « Il est difficile d’être performant et d’exploser en jouant un quart d’heure par match… Cette saison j’ai pu enchaîner et, comme par hasard, j’ai de meilleures sensations. J’ai plus confiance en moi et je pense avoir gagné celle du staff. » Au point de bousculer la hiérarchie ? « Il n’en est pas question ! Je pense simplement que c’est positif pour le groupe d’avoir deux bons talonneurs. D’autant que nous sommes complément­aires avec Guilhem. » Un discours confirmé par Fabrice Landreau, qui considère en plus que cette concurrenc­e créée de l’émulation : « Antho a puisé ce qu’il y avait de meilleur chez Guirado. Puis c’est intéressan­t, et ça fait un bon challenge pour Guilhem. Il sait que ça pousse et qu’il ne peut pas s’endormir. C’est une force pour le club. »

LA COUPE DU MONDE 2019 DANS UN COIN DE LA TÊTE

Maintenant, le talonneur de 24 ans est conscient qu’il lui reste une marge de progressio­n. « J’aime le jeu prôné par le nouveau staff, mais il nous demande beaucoup de courses, de mouvement. On prend du plaisir et c’est plus sympa de courir avec le ballon que de rentrer dans des murs. Mais je dois être plus mobile, gagner en accélérati­on. » À Fabrice Landreau de poursuivre : « Antho peut améliorer son positionne­ment dans le jeu courant et progresser dans son habileté technique. Mais c’est un talonneur qui a surtout des points forts. C’est un bon lanceur, un gros plaqueur, un combattant, il contrôle parfaiteme­nt sa mêlée et a un véritable leadership. » Comprenez un joueur qui a tous les prérequis pour le très haut niveau. De quoi imaginer un avenir internatio­nal ? Pour l’instant ce n’est pas à l’ordre du jour et le joueur savoure déjà sa présence dans le groupe des Barbarians… mais ne se fixe aucune limite. « Je suis plutôt dans l’optique d’avoir du temps de jeu avec Toulon, pour prendre du plaisir et me montrer. Maintenant, quand on fait des bons matchs il n’y a pas de raison qu’on ne t’appelle pas pour aller plus haut. La Coupe du monde 2019 est dans deux ans et beaucoup de choses peuvent se passer. Ce n’est pas un objectif mais plutôt une possibilit­é… » Son explosion était annoncée de longue date, et si elle a tardé - la faute notamment à la concurrenc­e et (surtout) aux blessures - Anthony Étrillard est aujourd’hui à quelques riens des tout meilleurs. S’il veut semer le doute dans la tête du sélectionn­eur ? Le talonneur toulonnais devra continuer à enchaîner les performanc­es cinq étoiles, et ce dès samedi, face à Agen. Challenge accepté.

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