LE DÉFI DU GRAND FRÈRE
LE FIDJIEN POURRAIT SE RETROUVER FACE À JOSUA TUISOVA, SON PROPRE FRÈRE, DE DEUX ANS SON CADET ET DÉJÀ PHÉNOMÈNE DU TOP 14. SAURA T-IL UN JOUR L’ÉGALER ?
Cette fois-ci, ce pourrait être la bonne. Après leur face-à-face avorté en mai 2016, l’heure des retrouvailles entre l’Agenais Filipo Nakosi (25 ans) et le Toulonnais JosuaTuisova (23 ans) sur le terrain a sonné. Les deux hommes ne portent pas le même nom de famille mais ils sont bien frères. Il y a un an et demi, le grand frère blessé au genou gauche n’avait pu prendre part au débat, Des retrouvailles ou plutôt une grande première comme le précise l’Agenais : « Nous avons grandi ensemble donc nous avons joué au rugby très tôt, mais bon, la dernière fois commence à dater. C’était aux Fidji avec les moins de 19 ans de l’équipe de Westfield Barbarian pour un match de rugby à VII. Mais il est vrai que nous n’avons jamais joué l’un contre l’autre.»
Filipo Nakosi ne tarit pas d’éloges sur le benjamin de la fratrie : « Depuis son arrivée en France en 2013, Josua n’a cessé de grandir. En le voyant petit, nous savions déjà ce dont il était capable. Le fait qu’il joue à Toulon avec des joueurs de classe mondiale comme Ma’a Nonu, ça ne peut que l’aider à progresser. Les gens dissèquent beaucoup sa manière de jouer. Alors oui c’est mon jeune frère, mais c’est une bête, il est vraiment impressionnant », délivre le grand frère toujours d’un oeil bienveillant.
APPELÉS À JOUER SOUS LES MÊMES COULEURS
L’an prochain, il pourra même l’observer de plus près puisqu’il a signé en novembre 2016 un contrat de trois saisons avec le RCT. Il est censé être toulonnais jusqu’en 2020. Le club varois aurait pu le faire jouer dès cette saison mais a préféré le laisser un an de plus au SUALG. Une attention particulière dont Filipo entend bien profiter avant de rejoindre les rivages méditerrannéens: « Je suis vraiment concentré sur ma dernière année avec Agen et sur le fait de maintenir le club en Top 14. C’est ma mission de leur rendre cela.» Une marque de respect pour un club qu’il a rejoint en octobre 2015 en tant que joker médical.
Débarqué de la province de Northland, club situé à l’extremité nord d’Auckland qui prend part au Mitre Ten Cup (championnat des provinces néo-zélandaises), il a vite démontré des qualités naturelles pour casser les plaquages et faire sauter les défenses. Lui qui a appris le rugby en jouant avec des « bouteilles d’eau remplies de papiers mouillés » à Ba, petit village de la campagne fidjienne a suivi un parcours très classique au Xavier College de 11 à 16 ans puis au Ratu Navula College jusqu’à ses 19 ans. De ce parcours iniatique, Nakosi n’a pas oublié ce qui fait l’essence de son jeu, parfois imprévisible. « Mon jeu repose sur la puissance et les percussions mais j’aime aussi être un électron libre. Je peux aussi bien jouer à l’arrière qu’à l’aile. Je sais qu’il faut je travaille ma défense, c’est sans aucun doute mon plus gros axe de progression », concède t-il, lucide.Attiré par la ligne d’en-but, dimanche dernier à Castres, il a enfin ouvert son compteur. Comment ? En prenant l’axe après une passe d’Antoine Erbani, et une percussion bien sentie sur Benjamin Urdapilleta. Pas de quoi le satisfaire cependant après la défaite des siens : « Il nous a manqué quinze minutes. Je pense que nous n’avons pas assez parlé entre nous pour faire retomber la pression et pour prendre les bonnes décisions. Il y a eu un manque de communication et un manque d’entraide. Il fallait tuer le match quand nous en avions l’opportunité.»
Samedi soir, comme à chaque fois, Filipo Nakosi guettera l’opportunité. Quel que soit son adversaire direct.