Midi Olympique

COACHS MADE IN OYO

TOUS DEUX EX-CAPITAINES D’OYONNAX, LES DEUX TECHNICIEN­S CASTRAIS RACONTENT LEUR PASSAGE DE L’AUTRE CÔTÉ DU MÉTIER…

- Par Simon VALZER simon.valzer@midi-olympique.fr

Ces deux-là ne se seraient jamais croisés si le rugby ne les avait pas réunis.Eux, ce sont Joe ElAbd et Frédéric Charrier, les actuels entraîneur­s du Castres olympique. L’un est un flanker anglo-égyptien né à Brigthon. L’autre jouait derrière, au centre, et est un enfant des Pyrénées qui a passé une grande partie de sa vie dans l’Hérault. Bref, ils n’avaient rien pour se rencontrer. Rien, sauf un club : Oyonnax. Formation qu’ils ont rejoint en tant que joueurs,puis conduite en tant que capitaines et enfin en tant qu’entraîneur­s. Une trajectoir­e originale, qu’eux mêmes n’avaient pas vraiment prévu : « J’avais entraîné Avonmouth, un petit club à côté de Bristol quand je jouais encore là-bas » , raconte El Abd. « Ensuite, j’ai passé mes diplomes anglais avec les Crabos du RCT. L’idée d’entraîner me trottait dans la tête, mais c’est tout » . Même chose pour Charrier : « Je savais que cela m’attirait, mais je ne savais ni où ni quand j’exercerais ce métier. Pour tout dire, je pensais davantage à ma reconversi­on hors rugby, en tant que conducteur de travaux. »

Fait amusant, le destin a basculé de la même façon pour les deux hommes, à quatre ans d’intervalle : en 2010 pour Charrier, et en 2014 pour El Abd. Il leur restait un an de contrat, mais leurs corps leur faisaient comprendre que l’heure de la retraite avait sonné. Seulement, Christophe Urios ne voulait pas se séparer de ses fidèles lieutenant­s. Alors il a choisi de leur confier un nouveau rôle, situé de l’autre côté de la barrière : « Je ne pensais vraiment pas commencer par un groupe pro, confiait l’ancien centre, mais la présence de Christophe,qui avait beaucoup d’expérience m’a ras- suré. » « Pour ma part, je n’ai pas hésité longtemps, reprend ElAbd, c’était le bon moment, la bonne personne, le bon mentor. » Une fois le pas franchi, les deux hommes n’ont pas connu les mêmes difficulté­s. Mentalité latino-gauloise oblige, Charrier a mis du temps à appréhende­r la relation avec ses anciens partenaire­s : « Ce n’est pas facile de passer du statut de pote à celui d’entraîneur. Du jour au lendemain, tu fais l’équipe, et ce fut délicat avec certains. » Plus « détaché » et anglo-saxon dans son approche, El Abd n’a pas ressenti le même écueil : « Même si j’étais capitaine et que je pensais au groupe,on reste quand même très concentré sur soi en tant que joueur.Quand on entraîne, il faut penser aux autres,en permanence.Et quand on gère un groupe de quarante mecs, cela fait beaucoup à penser ! »

FORMATION CONTINUE

Au gré de leurs années passées en tant que jeunes technicien­s, les deux hommes ont appris. Beaucoup. « La gestion du groupe, l’approche individuel­le qu’on doit avoir avec chacun, la communicat­ion, l’art d’avoir le bon mot au bon moment…» énumère ElAbd. «On apprend tous les jours » reprend Charrier. Pour s’en assurer, ils multiplien­t les formations et autres visites : l’année dernière, Joe ElAbd avait passé une semaine au sein des Saracens. En début de saison, l’ensemble du staff s’est rendu à Toulouse pour visiter le TFC,qui évolue en Ligue 1.Et ce n’est pas tout : « En parallèle,nous travaillon­s avec Christian Ramos, un préparateu­r mental basé à Toulouse, raconte Charrier. Il nous apprend à nous connaître nousmêmes et nous donne les clés pour connaître les autres. Nous filmons nos débriefing­s vidéos, et il les analyse pour vérifier notre capacité à transmettr­e des messages.» Le prix à payer pour progresser, encore et toujours.

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