GIRARD, LE TUBE DE L’AUTOMNE
L’ARRIERE MASSICOIS S’EST IMPOSÉ COMME BUTEUR NUMERO UN DE SON ÉQUIPE ET AFFICHE LES MEILLEURS STATISTIQUES DU CHAMPIONNAT.
Thomas Girard est monté sur la troisième marche du podium des meilleurs réalisateurs du Pro D2 en disputant seulement six rencontres avec Massy. Il avait raté le départ du championnat en raison d’une blessure, et la concurrence au poste d’arrière installée avec Benjamin Dumas ne lui était pas forcément favorable au départ. Et surtout, il n’était pas considéré comme le buteur principal de son équipe. Ce n’est qu’à la faveur d’une défaillance de l’Anglais Louis Grimoldby qu’il l’est devenu. Massy disputait alors sa cinquième rencontre de la saison contre Dax.Après plusieurs ratés de son ouvreur, alors qu’il honorait sa première titularisation de la saison,Thomas Girard avait rentré deux coups de pied de plus de cinquante mètres pour offrir aux siens un succès étriqué contre les Landais. Il en avait retiré la récompense d’assumer la charge lors du match suivant. Son « 100 % de réussite » avait terrassé les Columérins. La machine était lancée. Il enchaîne depuis des performances « high tech ». Lors des six dernières rencontres des Franciliens, il a rentré vingt-huit coups de pied sur les trente-et-un qu’il a tentés (80 points). La septième place au classement de Massy le doit beaucoup à son taux de réussite qui culmine à 90,3 %. C’est le meilleur taux en France, Pro D2 et Top 14 confondus. En seulement six rencontres, Thomas Girard s’est imposé comme un buteur royal en renversant en quelques coups de pattes une hiérarchie interne qui ne lui avait jamais été favorable. Chaque saison, ses coéquipiers lui passait devant. Bonetti, Hickey, Latorre, Grimoldby : Girard avait toujours été considéré comme leur second. Sa situation particulière l’a desservi.
À LA PLACE DE PLISSON
Diplômé HEC, titulaire d’un master couplé science Po, en concubinage depuis dix ans avec une interne en médecine, l’arrière de Massy incarne une représentation idéale du monde d’autrefois, un être stable et précis dans sa pensée, capable de suivre simultanément deux parcours exigeants. Si son éclosion est tardive, c’est qu’il étudiait beaucoup. Il disposait pourtant d’un pedigree sportif à privilégier une carrière dans un vestiaire. Né à Manosque, passé par Aix et puis par Toulon, il avait été admis dans toutes les équipes de France des jeunes catégories jusqu’à celle des moins de 17 ans. En sélection nationale, c’est à lui qu’on avait confié le but plutôt qu’à Jules Plisson. Mais à 17 ans, le bac en poche avec une année d’avance, en refusant l’intégration qu’on lui offrait au pôle de Marcoussis, pour se diriger dans les classes préparatoires du lycée Lakanal, il était descendu d’un
coup sous les radars. C’est Massy qui l’avait récupéré en 2010, où il a pu cumuler le rugby et l’exigence de sa formation des grandes écoles. Il a achevé son cursus depuis un an et demi. La question de la poursuite du rugby s’était posée, alors qu’il se trouvait sur un embranchement vers une carrière professionnelle « civile » de haut vol. « Mais comme je me suis toujours partagé, j’ai voulu goûter à une carrière sportive complète, en me concentrant uniquement sur le rugby » , explique t-il. Depuis un an et demi, ce joueur de 26 ans se prépare enfin comme tous ses pairs. Et le voilà soudain en position de truster avec son club promu la place de meilleur réalisateur du championnat. Une réussite pas tout à fait ordinaire.