PLACE À LA POLITIQUE !
MALGRÉ LA RECOMMANDATION FAVORABLE À L’AFRIQUE DU SUD, FRANCE 2023 NE VEUT PAS RENDRE LES ARMES ET ENTEND DÉFENDRE SES CHANCES JUSQU’AU BOUT. APRÈS AVOIR DÉNONCÉ LES CONCLUSIONS DE WORLD RUGBY, LAPORTE ET SON ÉQUIPE VONT SE LANCER DANS LE JEU DES NÉGOCIAT
Passé l’effet de surprise, le choc, dès mardi, le comité de candidature a mis, selon les propres termes de Bernard Laporte, « le bleu de chauffe » . L’objectif, inverser la tendance et défendre le projet France 2023 dont le document d’analyse présenté par World Rugby pour justifier sa recommandation semble orientée en faveur de l’Afrique du Sud. Pour cela, dès cette fin de semaine, les Français vont envoyer un courrier à la fédération internationale pour indiquer officiellement qu’ils n’acceptent pas les conclusions du rapport, qu’ils les contestent sur de nombreux points notamment sur le dopage (selon France 2023, l’agence choisie par les SudAfricains pour effectuer les contrôles pendant la compétition n’est pas homologuée), la loi Evin (et l’absence de son assouplissement introduit en 2016), et sur la fiscalité française présentée handicapante en termes de recettes. De plus, toujours selon le camp français, les deux cabinets d’audit auraient quasiment passé sous silence la plus value de 74 millions d’euros qu’apporterait un Mondial en France à World Rugby et aux fédérations. Or, selon Claude Atcher, directeur de France 2023 « les présidents de fédération donc les votants ne regardent que cela. »
Afin de mieux expliquer leur position, les Français vont rompre le code de bonne conduite et imiter ainsi les Irlandais qui l’ont fait dès mercredi, et écrire à l’ensemble des fédérations afin de préciser et défendre les positions de la France et rétablir leurs vérités.
RÉUNION STRATÉGIQUE CE JEUDI
En coulisses aussi, cela va batailler dur jusqu’au 15 novembre date du vote final parWorld Rugby sur l’attribution du Mondial 2023. Bernard Laporte et Claude Atcher ont donc prévu de contacter, voir et discuter avec un grand nombre de leurs homologues pour tâcher de les convaincre. Les deux hommes ont déjà multiplié les voyages ces derniers mois et vont donc reprendre leur bâton de maréchal. Un adversaire fédéral de Laporte, proche du camp de l’ancien président de la FFR Pierre Camou, nous avouait, « c’est la chance de la France ! C’est là que Laporte est le meilleur. Lui seul est capable de persuader Pichot par exemple de nous apporter les voix. » Le cas d’Agustin Pichot, vice-président de World Rugby est singulier. Il y a dix jours, l’Argentin est venu demander et obtenir le soutien de Bernard Laporte à propos de la requête des Nations du Sud de soutirer 10 millions de Livres sterling d’aide les années de Coupe du monde afin de compenser le manque à gagner dû à l’absence de matchs internationaux. Seulement, dans le même temps, Pichot se rangeait derrière l’avis de la Sanzar (fédérations des nations de l’hémisphère Sud) pour soutenir la candidature sud-africaine et oeuvrer en coulisse pour cela.
Depuis mardi et le camouflet reçu par la France et l’Irlande, l’Europe se mobilise et cherche à obtenir une position commune. L’objectif est d’empêcher une victoire au premier tour de l’Afrique du Sud et d’arriver groupés au deuxième. En clair, l’Irlande ou la France en cas d’élimination au premier tour votera pour le rescapé du Nord. La fédération anglaise a joué les entremetteurs auprès des deux équipes des comités de candidature.
Jusqu’au bout, Laporte et son équipe vont défendre leurs positions. Les Français qui disent avoir scrupuleusement respecté les règles émises, se sentent floués et vont le faire savoir. Ce jeudi matin, une énième réunion de crise avait lieu pour déterminer quelle stratégie médiatique mettre en place. France 2023 était un dossier initié puis mis en stand-by par l’équipe Camou, que Laporte a pris à bras le corps. Il veut en faire sa première victoire de son mandat. Le revoilà parti au combat pour une dizaine de jours…