SORTIES DE CAMP : À LA MAIN, C’EST AUSSI BIEN
SUR LES COUPS D’ENVOI, FACE À DES DÉFENSES TOUJOURS MIEUX ORGANISÉES POUR CONTRE-ATTAQUER APRÈS DES « SORTIES DE CAMP » AU PIED, DE PLUS EN PLUS D’ÉQUIPES FONT LE PARI DE REMONTER LE BALLON À LA MAIN, FACE À DES PREMIERS RIDEAUX RELATIVEMENT DÉGARNIS. ET
Tous les entraîneurs du monde, quel que soit le niveau, n’ont de cesse de le marteler à leurs joueurs : une « marque » n’est pas validée lorsque les arbitres viennent d’accorder l’essai / la pénalité / le drop, mais seulement lorsque l’équipe est parvenue à « ressortir de son camp » une fois le coup de renvoi botté par l’adversaire. Entendez par là qu’après avoir marqué des points, il est essentiel de renvoyer le jeu immédiatement chez l’adversaire, pour ne pas lui laisser d’occasion de coller au score. Une philosophie qui se traduit, le plus souvent, par un scenario bien rôdé : sécuriser le ballon sur la prise de balle, réaliser si besoin un ou deux temps de jeu préparatoires pour ouvrir l’angle au botteur et organiser la pression, et enfin la réalisation du coup de pied proprement dite. Un rite immuable, vous dites ? Justement, non. Parce que, bien conscientes de la systémisation de ces « sorties de camp » les équipes frappant le renvoi se sont adaptées ces dernières saisons en garnissant le plus possible leur fond du terrain, avec souvent non pas deux, ni trois, mais quatre joueurs, (le numéro huit, l’arrière, l’ouvreur et le demi de mêlée) pour contre-attaquer le plus efficacement possible et revenir aussitôt dans le camp adverse.
FONDS DE TERRAIN DENSIFIÉS, PREMIERS RIDEAUX ALLÉGÉS
Le truc ? C’est qu’en densifiant de la sorte leur fond de terrain, ces mêmes équipes fragilisent logiquement leur premier rideau. Une faille dans laquelle de nombreuses équipes se sont engouffrées à l’image de La Rochelle, qui n’a pas son pareil pour « ressortir de son camp » à la main, en profitant des espaces ainsi créés par les défenses. « C’est vrai que c’est devenu une nouvelle mode de ressortir de son camp à la main, nous confiait l’ouvreur clermontois Camille Lopez peu avant sa blessure. Face à La Rochelle, nous l’avons pris de plein fouet, d’autant plus que nous n’étions pas forcément mobilisés pour défendre. » Ce qui est à vrai dire souvent le cas, lorsque l’on tape un renvoi en étant persuadé de récupérer rapidement le ballon via un jeu au pied de l’adversaire.
OPTION LARGE-LARGE FACILITÉE
De fait ? On assiste, de plus en plus souvent, à des équipes qui n’hésitent plus à multiplier les temps de jeu « large-large » dans leur propre camp, juste après récupération d’un coup d’envoi. Cela d’autant plus facilement que, ces dernières ayant quadrillé leur terrain au préalable pour couvrir toutes les zones susceptibles d’être visées sur le coup d’envoi, les fameuses cellules susceptibles de permettre une meilleure conservation du ballon se trouvent naturellement créées. Et rendent la stratégie efficace... Laquelle s’avère d’autant plus redoutable lorsque l’équipe adverse vient d’encaisser un carton jaune, et présente forcément encore un joueur de moins dans son premier rideau.. De quoi entraîner, fatalement, des incompréhensions chez les observateurs « classiques » qui s’attendent la plupart du temps à assister à des grands coups de chausson. Mais également des applaudissements nourris lorsque la méthode s’avère payante...