Midi Olympique

BARBELÉS, BLEUS !

TROP FRIABLES EN DÉFENSE DEPUIS LE MOIS DE JUIN, LES BLEUS DEVRONT ABSOLUMENT RETROUVER L’IMPERMÉABI­LITÉ QUI LEUR FAIT DÉFAUT. UN TRAVAIL QUI REVIENDRA EN PREMIER LIEU À LEURS AVANTS, QUI SERONT ATTENDUS AU TOURNANT EN MATIÈRE DE DÉPLACEMEN­T AUTOUR DES RU

- Par Nicolas ZANARDI nicolas.zanardi@midi-olympique.fr

36,75 points pour 4,25 essais. Il ne s’agit malheureus­ement pas pour les Bleus de leurs points marqués, mais bien de la moyenne de ceux encaissés lors de leurs quatre dernières rencontres officilell­es, dont trois face à… l’Afrique du Sud. Une porosité qui interpelle, forcément… Au vrai, au-delà du constat, c’est la facilité avec laquelle les Bleus encaissent des points qui pose question. L’essai que Waisake Naholo aurait été enmesure de marquer en moonwalk, s’il avait voulu narguer un peu les Tricolores, constitue à ce titre un parfait exemple, de même que celui de Dane Coles en plein milieu du terrain en tout début de match, ou du coup de pied à suivre donné par Sonny Bill Williams pour Crotty dans un deuxième rideau aussi peuplé que le désert de Gobi. Des essais de facture totalement différente­s, qui révèlent pourtant un même mal : celui des difficulté­s des joueurs tricolores à se replacer sur le terrain, que ce soit sur la largeur ou dans leurs montées.

UN ADVERSAIRE PLUS PROPICE À LA RUSH DÉFENSE

Faut-il y voir un manque de rythme ? De repères ? D’agressivit­é, voire pire, d’esprit collectif ? Il y a manifestem­ent un peu de tout ça, et pas seulement. « Face aux All Blacks, les Français ont essayé de « rusher » dès les premiers temps de jeu, pointe notre témoin sud-africain AB Zondagh. Malheureus­ement, quand vous tentez ce genre de choses face à une équipe qui joue avec autant de profondeur dans ses replacemen­ts, et des joueurs capables de prendre les bonnes décisions en lecture tout en effectuant un excellent travail d’appuis, la rush défense est très dangereuse… Face à une équipe qui rushe, la densité de joeuurs est très forte autour des rucks car c’est là qu’elle est le plus vulnérable. Du coup, les espaces se trouvent essentiell­ement à l’extérieur, comme l’a montré Beauden Barrett sur le premier essai de Naholo. Le problème, c’est que face à une défense qui monte aussi vite, c’est les Springboks auront beaucoup plus de difficulté­s techniques pour effectuer ce genre de choix sous pression, en raison d’une palette technique plus limitée que celle des NéoZélanda­is. Du coup, contre l’Afrique du Sud, la rush défense peut être beaucoup plus efficace. »

IDENTIFIER LES PORTEURS DE BALLE POUR LES PLAQUAGES À DEUX

À condition, toutefois, que les avants bleus parviennen­t à rivaliser avec leurs homologues sud-africains, ce qu’ils n’avaient pas su faire en juin. On ne parle pas ici de la puissance pure mais de leur capacité de déplacemen­t, valeur cardinale dans le rugby moderne. Incapables de circuler avec efficacité autour des rucks contre la Nouvelle-Zélande, le pack français a placé ses trois-quarts (et en particulie­r sa paire de centres) en difficulté sur les extérieurs. D’autant qu’avec Mathieu Bastareaud en milieu de terrain, les Bleus ne peuvent prétendre défendre eficacieme­nt, si leurs avants ne parviennen­t pas à de densifier la ligne, ou au moins de ralentir les sorties de balle au sol… Un travail de l’ombre que le paquet tricolore n’a pas réalisé, jusqu’àobliger trop souvent Antoine Dupont à s’employer dans le premier rideau. Offrant de toutes parts des boulevards à des adversaire­s qui ont au moins eu l’urbanité de ne les Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany exploiter que pendant une mi-temps…

Alors, faut-il s’attendre à une nouvelle déroute de la même facture samedi ? On gage bien que non… À ce titre, le premier vecteur d’espoir se situe non pas chez les Tricolores mais bien chez les Springboks, qui ont renoué avec leurs vieux démons. « Contre l’Irlande, les Springboks ont choisi un jeu très direct, en envoyant leurs porteurs de balle les plus puissants avec des angles de courses très droits, la plupart autour du numéro 9, prolonge AB Zondagh. Si les Français parviennen­t à bien identifier ces porteurs de balle susceptibl­es de ne pas faire de passe, ils pourront plaquer à deux comme y sont parvenus les Irlandais et récupérer des ballons précieux. » Quoi qu’il en soit, pour les Français, il sera impératif de remettre ce bleu de chauffe qu’ils ont oublié depuis leur dernier Tournoi. Car sans une défense un minimum impermable, il est illusoire d’espérer remporter des rencontres, qui plus est au très haut niveau, qui plus est face à quize Springboks vexés. Comme on le dit toujours dans ce cas de figure, y a plus qu’à…

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Dépassés face aux Blacks, Kevin Gourdon et ses partenaire­s du paquet d’avants devront hausser leur niveau d’activité en défense pour empêcher les Springboks d’installer leur jeu de défi frontal.

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