LES GAGNANTS
PARMI LES PETITS NOUVEAUX À ZÉRO SÉLECTION, DEUX JOUEURS ONT BRILLÉ : SEKOU MACALOU ET GABRIEL LACROIX. À DES POSTES OÙ RIEN N’EST FIGÉ, ILS AURONT UNE CARTE À JOUER.
« Il joue dans quel club ? Il va être aligné face à l’Afrique du Sud ? Il est toujours aussi bon ? » Le coup de sifflet final a retenti depuis une poignée de minutes quand les journalistes néo-zélandais, en attente dans la zone mixte, commencent leur enquête sur la révélation de leur soirée : Sekou Macalou, 22 ans et seulement dix-sept titularisations en Top 14 à son actif. Cette petite scène vécue en coulisses témoigne de l’intérêt suscité, mardi soir, par le troisième ligne parisien, principal sujet d’attention de la B des Bleus.
N’en déplaise à Guy Novès, désireux de la jouer groupée : « Toute l’équipe a marqué des points », affirmait, on ne peut plus évasif, le sélectionneur dans l’auditorium. Le lendemain matin, la même rengaine était servie par le duo BastideBéderède : « Au-delà des individus, c’est le collectif qui a montré un beau visage. » Certes… Le troisième ligne se pose en tout cas clairement en candidat crédible pour le XV de France : sa capacité à créer des brèches dans les défenses de par ses accélérations, ses qualités athlétiques magnifiées en touche et sa précieuse mobilité en défense constituent autant de potentiels atouts pour la sélection tricolore. La véritable aux yeux des instances internationales : « Ça donne énormément envie d’y être, évoquait, succinctement, le Massicois de formation. J’ai pris énormément de plaisir sur le terrain. » Il en a donné aussi. « Ça ne m’étonne pas, témoignait à son propos son partenaire de club Jonathan Danty. Il a du talent, il est partout, c’est un gros défenseur. » Le Parisien mérite d’être vu face à une opposition encore plus rugueuse sur un poste où l’encadrement cherche encore la bonne formule. Cette deuxième chance permettrait notamment de juger de sa capacité à résister sur le plan des impacts. Sur la balance, il affiche 100 kg quand son concurrent pour le poste, Judicaël Cancoriet, en compte douze de plus…
« ENCORE FAUT-IL LEUR DONNER LA CHANCE… »
Parmi les bizuts, un deuxième nom revenait régulièrement à l’heure des analyses : Gabriel Lacroix. Même Guy Novès s’est résigné à citer publiquement le Rochelais : « Il a montré qu’à haut niveau, il pouvait rivaliser offensivement. Aussi défensivement. » Cette dernière donnée étant cruciale aux yeux de l’encadrement. Appelé pour préparer le dernier Tournoi des 6 Nations puis écarté et blessé toute la fin de saison, l’ailier de 24 ans a enfin connu son baptême sur le plan international. Avec une belle réussite, ses deux essais témoignant de prédispositions essentielles d’ailier, dans la finition, l’anticipation et le placement. « Le premier est un essai très collectif, j’aplatis simplement en bout de ligne. Sur le second, je vois qu’il y a un surnombre alors je tente une interception. J’ai eu de la chance qu’elle réussisse… Le ballon aurait pu me passer par-dessus et le All Black aurait pu marquer ! » La chance a souri à l’audacieux Rochelais. À un poste où personne n’est installé, il pourrait jouer les invités surprises, à moyen voire à court terme : « J’espère que des joueurs ont prouvé qu’ils avaient leur place dans la grande équipe. Personnellement, je suis prêt. Je n’attends que ça. » Pour Macalou ou Lacroix, par tous deux retenus dans le groupe des trente et un pour l’Afrique du Sud, ce 14 novembre marquera peut-être le début d’une belle carrière en bleu. Une fois déballé, le cadeau empoisonné a trouvé de l’intérêt. Comme quoi, des talents existent, plus ou moins cachés. Comme le dit si bien Wenceslas Lauret : « Nous savons qu’il y a des bons joueurs en France. Encore faut-il leur donner la chance de s’exprimer. »