INSTANT CHARNIÈRE
COUPABLE DE FAUTES INHABITUELLES FACE À CLERMONT, LE ALL BLACK VEUT MONTRER SON VRAI VISAGE CONTRE TOULOUSE. POUR SE RACHETER.
Voyage initiatique. Pour la première fois, Aaron Cruden est parti à la découverte du Vieux continent. Du Pont Charles de Prague aux Tower Bridge de Londres, il s’est ressourcé, au moment où ses compatriotes « investissaient » la France. « C’était magnifique, les gens sont adorables. Ils viennent dire bonjour, prennent une photo. Ça se fait avec beaucoup de respect, c’est donc un plaisir de pouvoir avoir ce genre de contact. C’est sympa de pouvoir recharger un peu les batteries et de regarder quelques matchs, notamment celui des All Blacks à Paris. Et je suis très heureux du résultat ! » Regard coquin et sourire aux lèvres, le All Black aux cinquante capes fait référence au succès glané par ses ex-coéquipiers au Stade de France samedi dernier. Avant de reprendre son sérieux pour livrer une comparaison qui à de quoi faire rougir les Toulousains : « Comme les All Blacks, Toulouse est dangereux sur les ballons de récupération (Voir clé). Ils sont très à l’aise en contre-attaque et restent une des meilleures équipes du Top14 dans le domaine des passes après contact. Nous ne devrons donc pas faire les mêmes erreurs que les Français, qui n’ont pas assez conservé le ballon en première période. »
REVANCHE PERSONNELLE
Le Néo-Zélandais sera attendu au tournant samedi, dans ce derby naissant de l’Occitanie. Car lors de sa dernière sortie à l’Altrad Stadium face à Clermont, il n’a pas brillé. Impliqué sur les trois essais encaissés par son équipe et peu inspiré offensivement, il a retrouvé sa magie l’espace d’un instant, pour délivrer une passe décisive au pied à François Steyn. Insuffisant pour un joueur de
son rang. « Je n’ai pas eu besoin de parler avec Aaron… C’est un grand compétiteur. Il s’est tout de suite remis en question pour savoir comment avancer » explique Vern Cotter. « J’étais déçu de mon match. Quand on revient de blessure, on a envie d’être à son meilleur niveau rapidement, et il y a des secteurs où je n’ai pas été aussi précis que je l’aurais pu. […] Rater quelques plaquages, me faire intercepter et Photo Icon Sport
offrir un essai, c’était frustrant », confirme le numéro dix. Frustré mais pas déstabilisé, il garde confiance et veut vite se relancer : « Je me dois une revanche, car je suis toujours dur avec moi-même. J’ai sans cesse l’objectif d’être parmi les meilleurs joueurs sur le terrain chaque semaine. » Samedi, Cruden retrouvera les Toulousains sur les chemins de sa rédemption, et un joueur en particulier, dont il partage le poste et la classe : l’habituel ouvreur haut-garonnais Zack Holmes qu’il faut surveiller de près même s’il ne devrait pas débuter avec le numéro dix. À « 85 % » DE SA FORME OPTIMALE
« Je l’ai affronté lorsqu’il était en Australie avec les Brumbies et que je jouais pour les Chiefs. C’est un joueur qui a confiance en ses qualités techniques. Il n’a pas peur d’attaquer la ligne, et j’ai l’impression qu’il a énormément développé son jeu ces dernières saisons. Il peut porter le ballon, il a un bon jeu de passe, d’animation et est excellent au pied. » Des qualités partagées par l’intéressé, qui est un peu moins physique mais reste supérieur sur les plans de la technique et de la vision.
Ce week-end, Aaron Cruden devra faire à nouveau les bons choix, en se montrant aussi décisif. Car en l’absence de Nemani Nadolo (14 essais) et malgré la présence du redoutable François Steyn, le MHR misera sur une de ses géniales inspirations, au pied (comme face à Agen) ou à la main (à l’image de sa chistera face à Brive), pour débloquer un affrontement qui s’annonce serré.Vern Cotter ne doute pas de sa montée en puissance : « Aaron a besoin d’un temps d’adaptation mais c’est un joueur intelligent qui apprend vite. Il s’exprime déjà beaucoup plus et à partager aussi son expérience rugbystique. C’est très positif. » L’éveil d’un leader de jeu, qui commence à s’affirmer sur le pré et dans le vestiaire, tout en se rapprochant de sa forme optimale :
« J’ai eu deux ou trois pépins physiques, mais maintenant, je devrais pouvoir enchaîner, trouver le bon timing et contribuer au succès de l’équipe. Si je devais donner un pourcentage pour évaluer mes performances, je dirais que je suis aux alentours de 85 %. Et j’espère vite m’approcher de 95 ou 100 %, ce serait génial. » Vivement samedi !