SEMPÉRÉ, SEPT MOIS PLUS TARD
APRÈS PLUS DE SEPT MOIS D’ABSENCE EN RAISON D’UNE RUPTURE DU LIGAMENT CROISÉ+ DU GENOU DROIT, LE TALONNEUR DU STADE FRANÇAIS RETROUVE LE TERRAIN CE DIMANCHE FACE À OYONNAX.
Sept mois et dix-neuf jours, c’est long. Très long. Son dernier match, Laurent Sempéré l’a joué le 2 avril dernier. Souvenez-vous. C’était le début d’une belle aventure. Quelques semaines après l’épisode tragicomique du projet de fusion avec le Racing 92, le Stade français disputait son quart de finale de Challenge Cup à Cardiff contre les Ospreys. Le point de départ d’une épopée conclue par le premier sacre européen du club. Las, le talonneur stadiste n’en sera pas, victime ce jour-là d’une rupture du ligament croisé du genou droit. « On sortait d’une période usante nerveusement», se souvient-il. Après la grève, il avait été nommé capitaine pour mener son équipe à la victoire contre Toulon. Une débauche d’énergie qu’il a sûrement payé cash. Il peine à l’avouer mais le contexte n’est pas étranger à sa blessure. Lui préfère positiver. «Je n’ai pas mal vécu cette situation, je me suis quand même beaucoup investi auprès de l’équipe. À ce moment-là, on parlait tout simplement de sauver le club. » Son cas personnel, il l’a donc mis de côté. Une telle blessure, un an avant une fin de contrat et quelques semaines avant un gâteau d’anniversaire orné de 32 bougies en aurait tourmenté plus d’un. Pas lui. « En raison de la situation du club, de l’incertitude qui pesait, c’était le collectif qui primait, dit-il. Évidemment, j’avais joué durant toute la saison, j’aurais aimé jouer la demie et la finale, mais j’ai quand même bien profité de la dynamique positive du groupe. » Et d’ajouter avec le sourire : « Surtout, réparer un ligament croisé, c’est aujourd’hui plutôt bénin, ce n’était donc pas très grave. » Sur le plan médical, son lourd passif lui permet assurément de relativiser. Deux opérations des cervicales (2011 et 2014) dont la seconde aurait pu le contraindre à stopper sa carrière…
Le plus dur, Laurent Sempéré l’a finalement vécu dans les semaines suivantes. Sa rééducation passe par le Cers de SaintRaphaël. Deux fois trois semaines loin de Paris pendant que son club se reconstruit en profondeur. Pour lui, arrivé chez les Soldats roses en 2008 - il est l’un des plus anciens au club avec Arias, Burban et Parisse - ça fait beaucoup. « Ce fut difficile car lorsque je suis revenu, personnedans le nouvel organigramme ne me connaissait, je repartais d’une feuille blanche. »
PRÉSIDENT DU TRIBUNAL DES JOUEURS
Sans pouvoir jouer, ni prouver son attachement à son club. Lui le catalan, né à Pia, élevé à la mamelle de l’Usap, a aujourd’hui le sang rose. Seul moment de réconfort pour soigner le sentiment de solitude inhérent à tous les blessés longue durée, ce stage au coeur de l’été à Heidelberg, en Allemagne. Comme d’habitude, le « tribunal » des joueurs sévit en fin de séjour. Les anciens punissent les plus jeunes et les nouveaux dans la bonne humeur. « Mes coéquipiers m’ont demandé d’être le président de ce tribunal, raconte Sempéré, la voix pudique teintée d’émotions. Ça m’a fait chaud au coeur car par le passé, je n’ai vu que des grands mecs, attachés au club comme Auradou ou Parisse, tenir ce rôle. »
Depuis, il a prolongé son contrat d’une année supplémentaire. À 32 ans, les joueurs négocient habituellement plusieurs années de contrat. « Je n’ai pas envie de tricher, dit-il. Je sais que sur une année, je peux encore apporter à l’équipe. Plus loin, je ne peux pas le garantir. » Ce discours, il l’a tenu à Robert Mohr, séduit par l’honnêteté du joueur. A peine dix jours suffiront à signer l’’accord. Ne restait alors plus qu’à retrouver la lumière du terrain. « Être spectateur depuis le début de saison, c’est un enfer », souffle-t-il. Un enfer qui va prendre fin ce dimanche face à Oyonnax. Sans doute jouera-t-il entre vingt et trente minutes. « Il me tarde surtout que l’on gagne ce match pour repartir sur une dynamique positive. Pour nous, l’enjeu est colossal. »