Midi Olympique

L’insubmersi­ble

Teddy Thomas SOUVENT DÉCRIÉ EN TOP 14, VOLONTIERS FRAGILE, TEDDY THOMAS EST AUSSI DOTÉ D’UN INCOMMENSU­RABLE TALENT…

- Par Marc DUZAN marc.duzan@midi-olympique.fr

Que demande-t-on à un ailier, au juste ? Qu’il marque des essais, pardi ! Aussi, on veut bien croire que Teddy Thomas soit bourré de défauts : il n’est pas un plaqueur renversant, sa nonchalanc­e est parfois agaçante et son placement sous les ballons hauts peu rassurant. Malgré tout, l’ailier du Racing 92 reste une bombe, un ailier pur, capable de conclure une action avec une demi miette d’occasion et marquant bien plus d’essais que n’en aplatira jamais son pendant en équipe nationale (Yoann Huget). Auteur de cinq réalisatio­ns en six sélections sous le maillot tricolore, Thomas est actuelleme­nt indispensa­ble à une sélection manquant d’ailiers et pleurant toujours les blessures de Virimi Vakatawa et Noa Nakaitaci. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le remplaçant de Joe Rokocoko et Juan Imhoff au Racing est à l’heure actuelle le meilleur ailier français et, qu’on le veuille ou non, un atout majeur pour une équipe marquant peu.

LE SAUT DU CABRI

Teddy Thomas ? C’est un style, un genre à lui seul, une pointe de vitesse hallucinan­te et, surtout, des appuis irréels. Le geste de Teddy Thomas, au moment du un contre un, possède d’ailleurs une lointaine ressemblan­ce avec le pas de l’oie de David Campese ou Waisale Serevi. À ceci près que le finisseur du Racing a décidé d’y joindre un bond, saut de cabri ayant par exemple eu raison d’Adam Ashley-Cooper — 100 sélections en équipe d’Australie — au cours de la tournée d’automne de 2014. Henry Chavancy, coéquipier de Thomas dans les Hauts-de-Seine, analyse : « Cela va très vite, en réalité. Le léger temps de suspension que produit Teddy provoque néanmoins beaucoup d’incertitud­e chez le défenseur adverse. Au moment où ses pieds retouchent terre, il s’embarque alors vers une toute autre direction que celle indiquée par son corps, lorsqu’il était en l’air. C’est assez déstabilis­ant. »

Alors, on ne sait si la carrière en équipe de France de Teddy Thomas sera longue comme le pont du Clémenceau. Ce que l’on sait, en revanche, c’est que le crochet suspensif, la « air » feinte du finisseur tricolore, pourrait bien faire école. « Je ne sais s’il est possible de travailler une telle attitude au contact, lâche Laurent Travers, l’un de ses entraîneur­s dans les Hauts-de-Seine. Personne n’a appris ça à Teddy. Il l’a dans le sang. Et des gestes comme celui-ci, je peux vous assurer qu’il en a beaucoup d’autres… »

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