Midi Olympique

NUL ET NULS

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Les faits remarquabl­es de ce triste match, ce sont les sifflets en première et deuxième mi-temps, quand les coqs ont décidé de tenter les pénalités plutôt que de chercher la touche. Ils sauveront ainsi leurs pauvres têtes alors que les Japonais, qui auraient pu gagner grâce aux mêmes pénalités bien placées, se sont grandis en honorabili­té en les jouant à la main. Il nous faut maintenant lutter contre l’envahissem­ent d’un sentiment de désespéran­ce. Nous ne sommes pas loin du ridicule car c’est sûr nous avons des stades (tout neuf même comme le U Arena) mais nous n’avons pas d’équipe. Par ailleurs, ces profession­nels sont là, c’est leur métier pour nous faire éprouver du plaisir. Ce sont les Japonais qui ont fait le boulot, séduisants, inventifs, remontant tous les ballons (même à la fin du match, sans craindre un contre injuste) Ils méritaient de gagner cette partie. Pour le rugby. On peut craindre qu’une époque vient de mourir avec ces résultats catastroph­iques : celle où toutes les équipes nous craignaien­t du fait de notre imprévisib­ilité. Même les All Blacks, oui monsieur ! De temps en temps on pouvait les vaincre. Actuelleme­nt ce n’est pas envisageab­le. Les tristes huitièmes ont été moins bons que les onzièmes ! Quelle galère ! Litanie à endurer des raisons de cette régression : toujours les mêmes, la formation, les nouvelles règles, le fric et bien sûr l’afflux d’étrangers dans le Top 14. Tout cela existe mais je crains que surtout nous ayons perdu le sens du jeu en équipe, nous sommes plutôt dans la force et l’individual­isme. On aurait dit, en poids et en taille, David contre Goliath. Le petit est sympathiqu­e plus que le molosse. Depuis quelques années les Écossais nous sont eux aussi sympathiqu­es. Ils jouent et jouent encore. Le résultat est là : ils ont passé les Australien­s à la moulinette ! Nous on fait des petits tas que l’on devient. Ce sport repose sur l’amitié vraie ou imaginée. Avez-vous de l’amitié pour l’équipe actuelle ? Aimeriez-vous parler du match avec eux dans une troisième mi-temps ? On peut perdre, faire match nul (avec honneur, en équipe comme Oyonnax ou Brive) mais pas de manière pathétique comme la France. Attention au désamour, il est en route - voir les stades vides, dimanche ou pas. Nous sommes en train de perdre ce plaisir délicieux d’aller voir un match, il se réduit en peau de chagrin et on va tous finir vautrés, désabusés devant nos écrans. La mélancolie profite de l’automne et de l’hiver glacial, vivement le printemps ! Pour 2019, objectivem­ent c’est cuit ! Reste la transmissi­on, à vous de jouer vous qui avez 17,18 ans. Faites chanter les tribunes, vivez votre présent. Les survivants d’époques plus glorieuses que l’actuelle ne vous voleront pas l’instant. Ils souriront simplement du plaisir retrouvé, partagé, intergénér­ationnel en somme et « chemise ouverte » comme le proclame joliment mon ami d’enfance, on se regardera dans les yeux en souriant. À vous de jouer.

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