LE PLAFOND DE VERRE
ENCORE UNE FOIS, LES GIRONDINS ONT JOUÉ LA MOITIÉ D’UN (TRÈS) BON MATCH À L’EXTÉRIEUR. À QUI LA FAUTE ?
Cette victoire à Pau, sans forfanterie, les Bordelais l’ont eu entre les mains avant la pause. Ils dominaient nettement et auraient mérité de virer avec un essai de plus, sans un péché de gourmandise de Jandre Marais (10e). En décryptant, les réactions d’après-match, on sentit une irritation manifeste comme si les joueurs et le staff prenaient conscience qu’ils étaient face à un plafond de verre : une incapacité à réussir un match plein à l’extérieur chez un concurrent direct comme à Castres, au Racing ou à Toulouse. Le talonneur international Clément Maynadier fit le premier la synthèse : « Les week-end se suivent et se ressemblent. Ça fait trois fois qu’on est devant à la pause et on revient sans rien à la maison, ça commence à faire beaucoup. On fait vingt bonnes premières minutes, puis on devient attentistes, fainéants et Pau a imposé son rythme. » À ce petit camouflet de Pau, il y a d’abord des raisons factuelles, on ne peut le nier : quatre ou cinq ballons perdus en touche qui ont empêché les Bordelais de s’assurer plus de possession durant le second acte, Clément Maynadier et Jeremy Davidson l’ont reconnu sans détour ; un carton jaune sévère à notre sens contre Loann Goujon (charge à l’épaule) qui aboutit à l’essai de Malié ; les Bordelais regrettaient en off une faute de placement en défense sur la mêlée à cinq qui suivit. Il manquait clairement l’arrière dans le côté fermé . Le genre de situation pas si rare que les joueurs doivent savoir gérer, Maynadier l’a rappelé (sur le terrain, Conrad Smith n’en revenait pas d’avoir pu marquer aussi facilement). Dernier coup du sort, la sortie à la pause de Marais, sans lui l’UBB n’est pas tout à fait l’UBB.
MANQUE DE CARACTÈRE
Mais l’on sentit bien dans les propos des Bordelais que leurs sentiments dépassaient largement ces faits de jeu. « Le problème est plus mental qu’autre chose. Au bout d’un moment, c’est à nous les joueurs de régler notre problème. Nous ne sommes pas capables de rester constants sur 80 minutes… » Dans les coulisses du club, s’est diffusée l’impression que cette équipe manque globalement de caractère de la fameuse « grinta » qui permettrait à des équipes comme La Rochelle et Castres de se sublimer un peu au-delà de leur potentiel. L’UBB se retrouve parfois en train d’évoluer en deçà de ce fameux potentiel. L’équipe travaille bien aux entraînements, mais elle aurait du mal à franchir le fossé qui la sépare de la compétition en bonne et due forme. L’influence ambiguë des sélections sur le groupe ferait aussi son oeuvre, au moins chez certains joueurs. L’encadrement du club compte bien titiller ceux qui se reposeraient sur leurs lauriers, une charnière qui a joué un peu à contretemps par exemple, quelques ballons ralentis par Baptiste Serin en première période, deux ou trois moments de « baballe » en deuxième période.