Midi Olympique

Castres s’offre un succès historique

CASTRES GUIDÉS PAR UN EXCELLENT LUDOVIC RADOSAVLJE­VIC, LES CASTRAIS ONT BRISÉ LA SÉRIE INFERNALE DE DÉFAITES SUR LES TERRES TOULOUSAIN­ES QU’ILS TRAÎNAIENT DEPUIS 39 ANS… HISTORIQUE !

- Par Simon VALZER simon.valzer@midi-olympique.fr

Il fallait voir l’explosion de joie des Castrais au coup de sifflet final de M. Chalon pour se rendre compte de ce que cette victoire représenta­it pour eux. 39 ans, ma bonne dame. 39 ans que les Castrais n’avaient pas remporté le fameux derby de Midi-Pyrénées. Autrement dire une éternité, sur l’échelle temporelle d’un supporter. Pour vous dire, l’emblématiq­ue Rodrigo Capo Ortega n’était même pas né, et Christophe Urios n’était qu’un ado boutonneux. Ça remonte, hein ? Même le jeune flanker Mathieu Babillot, Castrais pur jus de 24 ans, commençait à être traumatisé par la série noire : « Depuis les équipes de jeunes, on a toujours galéré contre Toulouse ! On arrivait jamais à gagner, même chez nous, on bataillait… Gagner ce soir, c’est magique. Ça fait vraiment du bien. » Christophe Urios reprenait de plus belle : « Ce soir, j’avais dit aux joueurs que les points au classement ne comptaient pas, que ce championna­t ne comptait plus. Par contre, je leur ai dit que pour nous, nos supporters, ce club et son histoire, il fallait gagner. On n’allait pas attendre 40 ans, ce n’est pas possible ! Ce soir, les joueurs sont des héros, on leur a donné le maillot. » Pour l’occasion, le staff castrais avait aussi préparé une petite surprise à ses joueurs en invitant quatre glorieux anciens du CO à se mêler à la préparatio­n d’avant-match : le troisième ligne Roger Lapeyre et le pilier Thierry Lafforgue, sacrés champions de France en 93, le pilier Saimone Taumoepeau qui souleva le Brennus en 2013… et surtout, Jacques Cimarosti, l’ailier auteur de l’essai de la dernière victoire castraise à Toulouse, le 17 décembre 1978.

LA NOUVELLE DIMENSION DE « RADO »

Au milieu de contexte si lourd en histoire se trouvait un homme qui, lui, découvrait ce fameux derby. Cet homme, c’est Ludovic Radosavlje­vic. Après sept ans passés à disputer les volcanique­s Clermont-Brive, le demi de mêlée a découvert un autre monde samedi soir : « On m’avait beaucoup parlé de ce match, et je confirme qu’il est vraiment spécial. Le coup n’était pas passé loin l’année dernière, cette fois cette chose faite », déclarait sobrement le numéro neuf, pourtant auteur d’une partie remarquabl­e tant dans l’animation que dans le jeu au pied d’occupation : « Ludo, c’est un joueur qui pense au collectif avant de penser à sa gueule, nous confiait Christophe Urios. il applique à la perfection le plan de jeu, et quand il est là, Benji (Urdapillet­a) fait généraleme­nt un grand match, comme ce fut le cas ce soir. » Et le technicien d’évoquer l’épanouisse­ment de son joueur depuis son arrivée de l’Auvergne : « Le système de jeu clermontoi­s est ainsi fait que là-bas, on demande essentiell­ement au neuf d’éjecter le plus vite possible. Moi, j’aime les neuf éjecteurs mais j’aime aussi ceux qui sont capables de porter le ballon autour des rucks pour créer du danger. Ludo est en train de trouver cette alternance, à la fois par l’étroite relation qu’il entretient avec ses avants, et celle qui se développe avec Benji. »

Une relation qui rayonne de plus en plus dans le collectif tarnais : « Cela restera entre nous, mais le discours qu’il a tenu dans les vestiaires avant le match était tout simplement énorme » reconnaiss­ait, un brin admiratif, Christophe Urios. « Plusieurs joueurs m’ont aidé dans mon capitanat, et Ludo en fait partie », confirmait le flanker Mathieu Babillot. Ce n’est pas la première fois que Radosavlje­vic prend la parole dans le vestiaire. Il l’avait déjà fait à la mi-temps du match face à Leicester, au moment où son équipe tanguait dangereuse­ment après quatre essais encaissés. Les Castrais avaient certes concédé leur plus lourde défaite de la saison (54-29), mais au moins ils avaient sauvé leur honneur en remportant la deuxième mi-temps avec quatre essais inscrits.

Samedi soir, « Rado » affrontait donc Antoine Dupont, la grande révélation française qu’il a eu la lourde tâche de remplacer dans l’effectif tarnais. Et vous savez quoi ? Au moment d’évoquer son duel avec le jeune demi de mêlée des Bleus (qui, selon nous, aurait plutôt tourné en la faveur du Castrais), l’intéressé préférait repousser les compliment­s : « Antoine ? Non mais il n’y a pas photo, il est largement meilleur que moi. Il a tellement apporté à Castres… Il a l’avenir devant lui, aussi bien à Toulouse qu’en équipe de France. » À l’heure où notre sport est rongé par les ego démesurés, on appréciera la modestie du bonhomme… Une dernière anecdote, racontée par Christophe Urios à propos de son recrutemen­t : « Quand je l’ai recruté, j’ai posé à la question Danie Kotze. Je voulais savoir ce qu’il pensait de lui. Danie m’a répondu : « Moi, j’adore jouer avec Rado. Tu sais pourquoi ? Parce que c’est un mec vrai. » Et moi, j’aime travailler avec des mecs vrais. » De toute évidence, le boss du CO n’est pas mécontent de son choix.

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Brillant samedi soir, Ludovic Radosavlje­vic lance ses avants. Tussac, Jenneker et Tichit vont défier la défense toulousain­e. Photo Icon Sport

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