La nouvelle vie de Christopher Tolofua
ARRIVÉ EN PROVENANCE DE TOULOUSE CET ÉTÉ, IL A VU SON INTÉGRATION RETARDÉE PAR UNE BLESSURE À LA CHEVILLE. CE QUI NE L’EMPÊCHERA PAS DE FIGURER POUR LA PREMIÈRE FOIS DE LA SAISON SUR LA FEUILLE DE MATCH EN COUPE D’EUROPE, À L’HEURE DE CROISER LA ROUTE DE
Vous avez rejoint les doubles champions d’Europe en titre cet été, en provenance du Stade toulousain. Quel regard portez-vous sur votre début de saison ?
Pour l’instant, tout s’est passé plutôt bien pour nous malgré un petit passage compliqué ces dernières semaines… Le club des Saracens connaît des hauts et des bas en ce moment, mais bon, l’ambiance dans le groupe est toujours excellente et nous sommes toujours dans les clous pour atteindre nos objectifs. Nous avons confiance en notre jeu et en nos systèmes, il n’y a pas matière à s’affoler. D’autant plus que sur ces dernières défaites, on ne peut vraiment s’en prendre qu’à nousmêmes. Ce n’est pas comme si nous avions connu de grosses défaites… Il y a seulement à gommer certaines scories. À titre personnel, je sais que j’ai la confiance des entraîneurs qui me laissent le temps de revenir après ma blessure (il a été victime en fin de saison dernière d’une grosse entorse de la cheville qui l’a notamment privé de tournée en Afrique du Sud, N.D.L.R.). J’apprends beaucoup de choses dans ce club et honnêtement, je suis assez content.
De France, on fantasme beaucoup sur le championnat anglais en ce moment. Quelle principale différence avez-vous noté entre le Top 14 et le Premiership ?
Les entraînements sont déjà beaucoup plus exigeants, plus rigoureux. La marge d’erreur est très, très faible. Ici, ils travaillent beaucoup ce qui tourne autour de la vitesse de réaction, autour du ballon ou des rucks, c’est peut-être ce qui explique que le jeu soit un peu plus rapide. Et pour tout ce qui tourne autour de la défense, je trouve que les impacts sont globalement un peu plus durs.
Vu de l’extérieur, les Saracens semblent composer un groupe très soudé, presque clanique, avec sur le terrain des automatismes entre joueurs parfaitement rodés. Cela ne rend-il pas l’intégration plus difficile ?
Je connaissais seulement cette équipe en tant qu’adversaire, contre qui j’avais connu des défaites mais aussi des victoires sous le maillot du Stade toulousain… Quand je suis arrivé, je me suis rapidement rendu compte qu’il y avait ici une génération de joueurs à peu près du même âge, qui a en outre connu beaucoup de choses ensemble… C’est un apprentissage quotidien que de s’imprégner de leur culture de club, mais ce qui est extraordinaire, c’est l’état d’esprit global des mecs. Ici, il n’y a pas de star ni d’individualité au-dessus ou en marge des autres. Rien qu’un groupe de gars qui travaillent ensemble, pour la bonne dynamique de l’équipe.
Un joueur en particulier vous at-il marqué dans votre nouveau club, de par son éthique de travail ?
Ce qui ressort, comme je vous l’ai dit, c’est l’état d’esprit général du groupe. Même si un mec comme George Kruis m’a marqué, de par le niveau de rigueur qu’il impose dans le secteur de la touche mais aussi dans son travail personnel.
Vous avez démarré très tôt en équipe première du Stade toulousain, vous avez également connu vos premières sélections très jeune, après lesquelles on vous a vite accolé une étiquette de lanceur aléatoire. Le fait d’avoir choisi l’exil en Angleterre vous a-t-il permis de renouer avec un climat plus sain, sans a priori ?
Cette image venait surtout de l’extérieur, et honnêtement, ce que peuvent penser les gens, je ne m’en préoccupe pas. En revanche, le souci de rigueur dans lequel baigne l’équipe, ce souci constant de travailler dans la précision, pour le moindre détail. Cela permet d’engranger de la confiance, et a contribué au fait que le courant passe bien avec mes nouveaux coéquipiers. J’attends désormais d’être encore un peu plus à l’aise physiquement pour donner le maximum sur le terrain à cette équipe.
En tant que joueur du championnat anglais, vous étiez hors convention FFR-LNR. Vous avez donc passé beaucoup de temps à Marcoussis, pour un temps de jeu très faible avec les Bleus (13 minutes à Lyon avec les réservistes). Comment avez-vous vécu cette période de novembre ?
Comme je revenais de blessure, je suis forcément arrivé en équipe de France sur la pointe des pieds. J’ai évidemment toujours l’envie d’apporter aux Bleus, mais dans ce contexte-là, je me suis surtout appliqué à reprendre contact avec le groupe, et à apporter un maximum d’application et d’énergie positive aux entraînements. Comme je n’avais eu auparavant que peu de temps de jeu avec les Saracens, il était parfaitement logique d’en avoir peu avec le XV de France.
Le Premiership reste confidentiel en France. Le match de dimanche, diffusé sur la télévision nationale, est-il une occasion particulière de vous montrer au bon souvenir des Français ?
Jouer pour me montrer, ça n’a franchement jamais été ma motivation. Ça reste juste un match super important pour notre avenir en Coupe d’Europe contre cette belle équipe de Clermont. Je suis évidemment très content de faire partie du groupe et j’essaierai d’amener le plus possible à mon équipe. D’autant que je connais probablement mieux que mes partenaires certaines données concernant les joueurs de Clermont.
Vos partenaires ont régulièrement affronté Clermont ces dernières saisons dans des matchs éliminatoires… Quel regard portent-ils aujourd’hui sur leur adversaire ?
Ils sont conscients que l’ASMCA a un pourcentage très élevé de ballons conservés sur ses lancers en touche, et également un des meilleurs contres de la compétition. C’est donc un secteur que nous avons bien travaillé, et sur lequel nous essaierons de nous montrer vigilants. On sait aussi que Clermont dispose d’individualités capables de faire la différence à n’importe quel moment dans une partie, c’est pourquoi il faudra se montrer extrêmement précis et exercer une grosse pression pendant 80 minutes.