TOUT À GAGNER
DE RETOUR AU PREMIER PLAN DU TOP 14, CASTRES ABORDE CETTE DEUXIÈME PHASE EUROPÉENNE AVEC UN MAXIMUM DE CONFIANCE, ET UN EFFECTIF RELATIVEMENT FRAIS MALGRÉ LES BLESSURES ET LA TRÊVE INTERNATIONALE… MAIS COMMENT FONT-ILS ?
Soyons clairs : il y a moins de six semaines, au sortir de la première phase européenne, la Champions Cup était le dernier des soucis du CO. Pourquoi ? Parce que dans ladite compétition, les Tarnais venaient non seulement de concéder (malgré une prestation de qualité) un match nul à domicile contre le redoutable Munster (17-17) et reçu une gifle à Leicester malgré une réaction d’orgueil en deuxième mi-temps (54-29), tandis qu’en Top 14, ils pointaient à une bien triste onzième place, juste devant le trio de la course au maintien formé par Oyonnax, Agen et Brive. Et depuis ? Le CO va mieux, merci pour lui. Depuis la gifle anglaise, le Castres olympique n’a plus connu la défaite : cinq matchs, cinq victoires, dont deux à l’extérieur et la dernière, historique, remportée contre le Stade toulousain à Ernest-Wallon avec six essais à la clé. Aujourd’hui, le CO a retrouvé la cinquième place, à égalité avec le Racing (3e) et le Lou (4e) et rêve à nouveau de qualification.
Alors, pourquoi bouder son plaisir ? Pourquoi renier une compétition dans laquelle le CO possède encore ses chances ? « Nous avons trois points, le premier de la poule n’en compte que six. Nous sommes toujours au contact, rappelle l’entraîneur Joe El Abd. Notre parcours en Champions Cup a été un peu spécial, je dois reconnaître. Contre le Munster, nous signons un grand match mais le résultat n’est pas au rendez-vous. Contre Leicester, ce fut l’inverse : malgré une prestation très décevante, nous ramenons un point de bonus défensif ». En clair, tout est encore ouvert. Et Castres sera très vite fixé sur son sort : « Nous avons déjà concédé un match nul, donc la moindre défaite à domicile sera fatale », prévient l’ex-flanker. Ça passe, ou ça casse.
Reste une question : le CO a-t-il les moyens de jouer cette compétition ? Ne se serait-il pas brûlé les ailes en regagnant les hauteurs du Top 14 ? On serait tenté de répondre par la négative… Pourquoi ? Parce que depuis six semaines, le groupe castrais n’a eu de cesse de tourner.
SILENCE ILS TOURNENT !
Hormis certains éléments qui font figure d’irremplaçables comme l’ouvreur Benjamin Urdapilleta (876 minutes en Top 14), l’ailier David Smith (814 minutes), le pilier Antoine Tichit (724 minutes) et le talonneur Jody Jenneker (717 minutes), l’effectif castrais tourne à plein : la semaine dernière, les Tarnais ont remporté un derby historique en se payant le luxe de se passer des services de Rodrigo Capo Ortega, Yannick Caballero et Robbie Ebersohn, tous laissés au repos, sans oublier les absences des internationaux Daniel Kotze, Ma’ama Vaipulu ou encore Steve Mafi, eux aussi préservés après la période internationale. « La grande force de notre équipe, à l’heure actuelle, c’est son homogénéité, souligne El Abd. Les joueurs se connaissent bien et maîtrisent le plan de jeu. Ces deux facteurs font qu’à chaque match, nous pouvons procéder à quatre, cinq, six changements sans nuire au rendement de l’équipe. C’est un vrai confort. Voilà pourquoi nous avons profité des cinq derniers matchs pour opérer une certaine rotation. »
Ces dernières semaines ont vu plusieurs retours remarqués. Et nombre de joueurs qui manquent parfois de temps de jeu ont complètement bouleversé la hiérarchie à leurs postes, à l’image de Christophe Samson, d’Alex Tulou, d’Afusipa Taumoepeau, de Julien Caminati ou encore de Ludovic Radosavljevic, excellent la semaine dernière à Toulouse. Et que dire d’Armand Batlle, qui joue les pompiers de service des pompiers de service au poste d’arrière en raison des blessures de Geoffrey Palis, Pierre Bérard, Taylor Paris et Julien Dumora ? « Armand a prouvé que l’on pouvait compter sur lui au poste, c’est très bien, félicite Joe El Abd. Avec les autres membres du staff, on ressent une forte compétition entre les mecs : tout le monde veut jouer. Parfois, cette compétition est malsaine. Mais pas chez nous. Et c’est excellent pour l’équipe. » Ce serait dommage de gâcher une si belle dynamique…