BATH À L’AMENDE
LES CLUBS ANGLAIS NE FONT PLUS DE CADEAUX. ILS INFLIGENT DES AMENDES À CEUX QUI LIBÈRENT LEURS JOUEURS HORS FENÊTRE INTERNATIONALE.
Les clubs anglais n’y vont pas avec le dos de la cuillère. On l’avait un peu oublié mais depuis quatre ans, ils ont décidé de se montrer intransigeants sur la question des joueurs sélectionnés hors de la fenêtre internationale (le fameux article 9 de World Rugby). Sélectionnés pour une autre équipe que le XV de la Rose s’entend.
Et en général, c’est du pays de Galles qu’il s’agit. En 2013, Northampton avait écopé de 60 000 livres d’amende pour avoir laissé partir George North avec son équipe nationale pour affronter l’Australie. Cette saison, c’est Bath qui fera l’objet d’une sanction disciplinaire pour avoir « libéré » son numéro 8 gallois Taulupe Faletau (61 capes) pour jouer contre l’Afrique du Sud samedi dernier. Match clairement destiné à générer une recette de plus à Cardiff pour la fédération galloise.
Évidemment, la situation est complexe car en 2016 quand il avait franchi le Severn Bridge en provenance des Newport Gwent Dragons, Faletau avait fait figurer une clause dans son contrat pour revenir quoi qu’il arrive en équipe nationale.
À noter qu’un autre joueur de Bath, le pilier droit Scott Andrews a participé à ce pays de Galles - Afrique du Sud mais Rhys Priestland (49 sélections quand même) est resté au club. Ce fut aussi le cas de Tomas Francis, le pilier droit de Exeter et du centre ouvreur de Gloucester Owen Williams.
En France, ce genre de sanctions, n’a jamais été utilisé par les clubs professionnels, les négociations de gré à gré prévalent encore.
LES CLUBS VEULENT FAIRE LE MÉNAGE ENTRE EUX
Mais la situation est devenue de plus en plus sensible car les clubs anglais en ont marre d’être privés de leurs forces vives les jours de doublon avec les matchs du XV de la Rose. C’est par exemple le cas des Saracens qui ont tout perdu en l’absence de leurs vedettes. C’est pourquoi Premiership Rugby (l’organisme qui chapeaute le championnat d’élite) a émis l’idée de porter la durée des saisons à dix mois au lieu de neuf actuellement. Mais le syndicat des joueurs a rejeté cette possibilité au nom du repos et de la santé de ses adhérents. Certaines vedettes ont même commencé à parler de grève (Billy Vunipola…).
Des négociations sont en cours pour réformer le championnat anglais (lire Midi Olympique de vendredi dernier) peut-être jusqu’à un Top 10 à deux descentes, et les clubs veulent visiblement faire le ménage entre eux. Pas question d’accepter de libérer des joueurs « étrangers » quand ils n’en ont pas l’obligation légale. Quand on connaît la manne de la RFU qui tombe dans les caisses des clubs anglais, on peut comprendre qu’ils libèrent tant bien que mal leurs talents pour un match « hors fenêtre » du XV de la Rose, mais pour les autres équipes, ils préféreraient rester intraitables. Évidemment, les positions théoriques ont du mal à résister à la force des cas particuliers. L’ancien All Black Todd Blackadder, manager de Bath, s’est exprimé sur le cas Faletau. Il n’a pas contesté le principe de l’amende : « Je suis sûr que nous allons subir une pénalité renforcée. C’est le genre de chose avec laquelle nous sommes obligés de vivre. Nous savions que ça pouvait arriver. »
C’est l’éternel débat, Faletau avec ses quatre matchs pour les Lions en 2013 et 2017 n’est pas n’importe qui. Pour pouvoir compter sur son talent, Bath est prêt à bien des sacrifices, même à briser la solidarité des clubs dans le dur combat collectif.