Midi Olympique

QUE RISQUE LAPORTE ?

QUE VA-T-IL SE PASSER POUR LE PRÉSIDENT DE LA FFR MAINTENANT QUE LE PARQUET A ÉTÉ SAISI ? ÉLÉMENTS DE RÉPONSE.

- Par Émilie DUDON emilie.dudon@midi-olympique.fr

Concrèteme­nt, quelles seront les conséquenc­es, pour Bernard Laporte, de la saisine du parquet par le ministère des Sports ? « S’il est reconnu coupable de favoritism­e, puisque c’est de cela qu’il semble s’agir, la peine maximale s’élève à deux ans d’emprisonne­ment et 30 000 euros d’amende », éclaire Maître Simon Le Reste, avocat d’affaires au barreau de Paris et Docteur en droit du sport. « Ceci dit, il faudrait du temps pour en arriver là », cadre-t-il. On n’en est pas encore là, en effet. Maintenant qu’il a été saisi, le procureur va mener une enquête préliminai­re pour se faire sa propre idée sur le dossier. Cela prend plus ou moins trois mois généraleme­nt. Et ensuite ? Maître Le Reste précise : « Une fois qu’il a fait ça, s’offrent à lui trois possibilit­és : il peut classer le dossier sans suites, il peut renvoyer directemen­t devant le tribunal correction­nel s’il considère qu’il dispose d’éléments suffisants pour le faire, mais ce qui paraît le plus probable puisque le délit de favoritism­e est susceptibl­e de constituer un délit complexe - est qu’il va ouvrir une informatio­n judiciaire. »

PLUSIEURS ANNÉES DE PROCÉDURE AVANT UNE ÉVENTUELLE CONDAMNATI­ON DÉFINITIVE

Une enquête approfondi­e et indépendan­te serait alors menée par un juge d’instructio­n, qui procéderai­t à des diligences, convoquera­it les parties, les mettrait éventuelle­ment en examen, en garde en vue etc. Une fois qu’il aurait fini et si les faits incriminés étaient établis selon lui, le dossier serait renvoyé devant un tribunal, correction­nel pour ce cas. Le délai de toute cette procédure est très variable : « Dans une informatio­n judiciaire, le timing est à la main du juge d’instructio­n. En principe, une informatio­n judiciaire peut durer deux ans, voire plus. Néanmoins, le fait que le ministre des sports ait saisi le procureur n’est pas neutre et peut accélérer le traitement du dossier. » C’est au travers de l’article 40 du Code de procédure pénale que la ministre des Sports, Laura Flessel, a transmis le dossier au parquet. Il stipule que « toute autorité constituée ou fonctionna­ire, s’il acquiert la connaissan­ce d’un crime ou d’un délit, est tenue d’en informer le procureur ». La Ministre était-elle, alors, dans l’obligation de le faire ? « C’est une obligation dès lors qu’il y a connaissan­ce d’un crime ou d’un délit, répond Maître Le Reste. Il y a deux façons de voir les choses : soit j’ai la certitude de l’existence du délit et je saisis le procureur. Soit je ne suis pas certain qu’il y ait un délit mais j’ai connaissan­ce de faits troublants et, pour éviter que ma responsabi­lité soit engagée, j’en informe le procureur, qui décidera lui-même s’il y a délit ou non. Or, on sait qu’il y a un aspect éminemment politique dans ce dossier : on ne peut pas totalement désavouer Bernard Laporte, qui vient de nous ramener la Coupe du monde 2023. C’est ce qui explique les réserves du ministère des sports. » Des réserves sur lesquelles compterait jouer la défense de Bernard Laporte qui, selon nos informatio­ns, pourrait faire jouer le fait que le ministère ne possède aucune preuve dans cette affaire, comme précisé dans son communiqué : « Quoi qu’il en soit, si l’enquête administra­tive n’avait pas mis en lumière un certain nombre de faits troublants, le dossier n’aurait pas été transmis au parquet », conclut Simon Le Reste. Affaire à suivre…

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