La justice doit trancher
LAURA FLESSEL, LA MINISTRE DES SPORTS A TRANSMIS AU PARQUET LES INFORMATIONS DONT ELLE DISPOSAIT SUR L’AFFAIRE DU VERDICT PRÉSUMÉ MODIFIÉ DE LA COMMISSION D’APPEL DU MOIS DE JUIN. C’EST LE DÉBUT D’UN FEUILLETON QUI DURERA AU MINIMUM PLUSIEURS MOIS.
Le communiqué est enfin tombé. Laura Flessel, ministre de la jeunesse et des sports a transmis lundi soir au parquet les informations dont elle disposait sur Bernard Laporte. Le sort du président de la FFR est donc entre les mains de l’institution judiciaire. C’est un premier grand tournant dans l’affaire qui secoue le sommet du rugby français depuis le mois d’août. Précisons tout de suite que ces informations portent sur la possible intervention, le 30 juin 2017, de Laporte sur la commission d’appel du 29 au sujet des sanctions endurées par le club de Montpellier. Le président a-t-il outrepassé ses pouvoirs ? A-t-il fait preuve de « favoritisme » ou de « trafic d’influence » ? A-t-il renvoyé l’ascenseur à Mohed Altrad le président du MHR au nom des liens qui uniraient les deux hommes ? La justice le dira dans les mois qui viennent.
Cette action ne présume en rien de la culpabilité de Bernard Laporte et que le parquet peut très bien classer l’affaire sans suite, s’il estime que les charges sont insuffisantes.
Laura Flessel a pris cette décision trois mois après avoir commandé un rapport à l’IGJS (Inspection Générale de la Jeunesse et des Sports), rapport qui lui a été remis le 20 octobre. La victoire de la France dans la course à l’organisation du Mondial 2 023 n’a visiblement pas, comme on l’a cru un moment, protégé Bernard Laporte de la méfiance du pouvoir politique.
Rappelons qu’Emmanuel Macron n’avait pas prononcé le nom du patron de la FFR dans son communiqué de félicitation :
« Nous accueillerons à nouveau la Coupe du Monde de Rugby en 2023. Une magnifique nouvelle pour le rugby, pour le sport et pour la France #France2023 ». Sans doute fallait-il y voir un signe. Cette décision de la ministre marque un nouveau chapitre dans une histoire qui a commencé médiatiquement en août dernier avec les révélations par le Journal du Dimanche d’un contrat de partenariat signé dès février 2017 entre la société de Bernard Laporte et celle de Mohed Altrad pour que le premier anime quatre conférences pour le groupe du second.
En mars, la FFR faisait du groupe Altrad, le partenaire maillot de l’équipe de France, une première historique.
UN COUP DE FIL SI CONTROVERSÉ
La défense de Bernard Laporte a toujours été très claire depuis le début de l’histoire : droit dans ses bottes, il nie toute faute de sa part dans tous les volets de ce feuilleton appelé à durer. Il a toujours estimé que le fameux contrat ne posait aucun problème. Il a aussi démenti les contenus présumés, et de la réunion de la commission d’appel du 29 juin, et du fameux coup de téléphone passé le 30 juin à Jean-Daniel Simonet, président de cette commission. Un coup de fil qui aurait abouti à l’adoucissement des sanctions prononcées contre Montpellier.
Le fait que Laura Flessel ait choisi de transmettre le dossier fait office de douche froide pour le président de la FFR qui semblait poussé par des vents favorables depuis quelques semaines. La victoire du dossier français pour le Mondial 2 023 à contre-courant des préconisations de World Rugby avait incontestablement renforcé son autorité et sa stature. Il semblait aussi avoir pris la main dans le duel qui l’oppose à la LNR et aux présidents de club, et les derniers résultats des Bleus le plaçaient paradoxalement en position de force vis-à-vis d’un staff du XV de France qu’il n’a pas choisi. Un an et un jour après son élection, le mandat de « Bernie » à la tête de la FFR est décidément plein de rebondissements : un vrai feuilleton populaire.