Midi Olympique

Scott Spedding débouté

SCOTT SPEDDING, QUI DEMANDE LE STATUT JIFF, A ÉTÉ DÉBOUTÉ PAR LA LIGUE. IL A FAIT APPEL AUPRÈS DE LA FFR. SANS QUOI, IL POURRAIT ÊTRE EN GRANDES DIFFICULTÉ­S POUR TROUVER UN NOUVEAU CLUB.

- Par Émilie DUDON (avec P.-L. G.) emilie.dudon@midi-olympique.fr

Scott Spedding en a déjà été informé par les dirigeants clermontoi­s : il ne sera pas conservé à l’issue du terme de son contrat, en juin prochain. En cause, le fait, notamment, que le joueur (31 ans, 23 sélections) ne possède pas le statut Jiff et qu’il est internatio­nal français, donc moins disponible pour son club car sous le coup de l’avenant à la convention liant la FFR et la LNR. Deux caractéris­tiques qui pèsent lourdement dans la carrière de l’ancien Bayonnais, qui pourrait avoir du mal à la poursuivre en France en l’état actuel des choses. C’est la raison pour laquelle il a décidé de demander le statut Jiff. Demande qui a été examinée par la commission juridique de la LNR durant le mois de novembre, et qui a été refusée la semaine dernière. « La Ligue estime qu’il n’entre pas dans son domaine de compétence­s d’apprécier la validité de son règlement », explique son avocat Maître Romuald Palao. En clair, « à partir du moment où des règlements donnent les conditions pour être Jiff, elle considère qu’elle ne peut pas faire d’exception à la règle, malgré la situation particuliè­re de Scott Spedding et quand bien même nous aurions raison sur le plan juridique. Les membres de la commission juridique ne sont pas juges de droit ».

LA FFR VA STATUER

Or, le joueur et son avocat considèren­t que sa situation est singulière, justement. Ils ont donc saisi la commission d’appel de la FFR, qui devrait statuer sur le dossier d’ici la fin du mois. Maître Palao espère même que le comité directeur de la Fédération s’autosaisir­a du dossier d’ici là. « Le comité directeur peut le faire à partir du moment où il juge que cette affaire contrevien­t à l’intérêt supérieur du rugby. Pour savoir si c’est le cas, il dispose de critères très précis. Et s’il estime qu’il le faut, il peut choisir d’apporter une dérogation et de valider le statut Jiff à Scott Spedding. »

C’est clair : le Sud-Africain n’entre pas dans les critères Jiff, qui imposent d’avoir passé au moins trois saisons au sein d’un centre de formation agréé, dans le cadre d’une convention de formation, ou d’avoir été licencié au moins cinq années à la FFR, au plus tard lors de la saison qui s’achève l’année des 23 ans du joueur. Pour autant, il possède des arguments à faire valoir : « Il y a des arguments de bon sens, étaye son avocat. Scott Spedding est français, et joue pour la France. S’il avait été Jiff, il aurait pu conserver son contrat ou reçu plusieurs propositio­ns d’autres équipes. Dans son dossier, nous avons des témoignage­s de clubs qui disent qu’ils ne l’embauchent pas parce qu’il n’est pas Jiff. Il y a aussi des arguments de droit : la question est de savoir si l’applicatio­n de cette décision individuel­le n’est pas disproport­ionnée par rapport à sa situation. Il y a aussi celle de la légalité de ce statut au niveau européen. L’article 9 de World Rugby, qui stipule qu’on ne doit pas empêcher la sélection de qui que ce soit, est aussi intéressan­t à soulever. Car le fait de ne pas lui donner ce statut revient soit à l’obliger à s’exiler, soit à arrêter de jouer. » Romuald Palao pointant ainsi du doigt qu’initialeme­nt, le statut Jiff a été créé pour préserver la compétitiv­ité du XV de France. « Or, on en vient à ce qu’un internatio­nal français ne puisse pas jouer. »

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