FLESSEL, LE COUP D’ÉPÉE

SIX MOIS APRÈS SON ENTRÉE DANS L’ARÈNE POLITIQUE, LA MINISTRE DES SPORTS A SIGNÉ SON PREMIER COUP DE FORCE ET PEUT-ÊTRE CHERCHÉ À AFFIRMER SON STATUT.

Avec 68 % d’opinions favorables, Laura Flessel était la ministre préférée des Français selon un sondage Ifop, daté d’il y a un mois, pour le Journal du Dimanche. Comme beaucoup de ses actuels collègues ou prédécesseurs issus de la société civile au gouvernement (à l’instar de Nicolas Hulot), elle bénéficie d’une cote de popularité élevée, due notamment à ses exploits hors de la scène politique. Mais l’ancienne escrimeuse, quintuple championne olympique en épée individuelle ou par équipe, gérait avec l’affaire Laporte l’un de ses premiers dossiers majeurs comme ministre des sports. C’est elle qui, le 30 août, a décidé de l’ouverture d’une enquête interne, confiée à l’Inspection générale de la jeunesse et des sports (Igjs), sur les pressions supposées du président de la FFR en faveur du club de Montpellier. Une manière de marquer son territoire, trois mois et demi après sa nomination par le Président de la République Emmanuel Macron. D’autant plus que, comme l’ancien porte-parole et nouveau patron de La République en marche, Christophe Castaner, le rappelait en début de semaine : « Notre plus grande fierté depuis les débuts de ce gouvernement, c’est sûrement la loi sur la moralisation de la vie politique. » C’était l’une des mesures phares, adoptée d’entrée. Voilà en partie pourquoi Laura Flessel se devait de réclamer la transparence, à son échelle, sur les sujets qu’elle est amenée à traiter, donc à saisir la justice dans le cas Laporte. D’abord pour se prémunir et se couvrir, qui plus est quand l’exemplarité a été érigée en exigence durant la dernière campagne. Ensuite, critiquée par certains récemment pour son appel aux fédérations sportives à faire chanter la Marseillaise « avant chaque compétition relevant de championnats de France » ou raillée pour s’être félicitée de la victoire des Français en Coupe Davis avant la fin du match, Laura Flessel a aussi eu là l’occasion de marquer son autorité avec ce vrai coup de force. Et de consolider, voire se forger, une crédibilité ou une légitimité alors qu’elle n’a intégré la vie politique que depuis six mois et demi.