« Prier pour qu’il ne se blesse pas »
TOUJOURS PROCHE DE PARRA, IL ANALYSE L’ÉVOLUTION DE SON ANCIEN PARTENAIRE AU CSBJ ET SON RÔLE CRUCIAL DANS LA DIFFICILE PASSE DE CLERMONT.
Pour avoir été associé à Morgan Parra lors de ses premiers matchs à Bourgoin, ce qu’il réalise actuellement arrive-t-il encore à vous étonner ?
Non, pas vraiment ! (rires) Depuis plus de dix ans qu’il évolue au plus haut niveau, je ne l’ai jamais vu passer à côté d’un match, que ce soit avec Bourgoin, Clermont ou en équipe de France. Il a été très bon, très vite, et n’a jamais baissé de niveau. Au final, les débats autour de lui n’ont jamais concerné son rugby mais sa dimension physique que certains ont pu remettre en question. Mais honnêtement, sa régularité est assez incroyable, d’autant que s’il a connu quelques blessures aux genoux, il n’a finalement jamais été trop gravement blessé. Il n’a jamais manqué une fin de saison, par exemple…
Ce qui frappe, malgré les années, demeure sa propension à s’engager devant ses propres avants, comme lorsqu’il avait 18 ans…
Ce truc, il l’a toujours eu, et il l’aura toujours… La principale chose qui a évolué, c’est qu’avec la maturité dont il dispose aujourd’hui, il est enfin parvenu à prendre du recul sur certaines choses. Le fait de ne plus être sélectionné par l’équipe de France aurait pu avoir un impact voilà quelques années mais ne l’a pas atteint cette fois-ci. Au contraire, il a su se reconcentrer pour être le meilleur possible avec son club. On a vu les résultats l’an dernier, et en ce début de saison.
Faut-il y voir la raison de son aura auprès de ses partenaires, dont le degré d’engagement n’est pas le même en fonction de sa présence sur le terrain ? On l’a encore vérifié le week-end dernier…
Pour l’anecdote, quand il a commencé avec nous à Bourgoin, il n’avait pas encore 18 ans, le staff avait été obligé de faire signer une décharge à ses parents. Lors d’un tournoi de présaison, il était entré à la mi-temps et s’était mis à hurler sur tout le monde, alors qu’il ne connaissait pas un joueur, puisqu’il ne s’entraînait que depuis une semaine avec l’équipe… Ça fait partie de sa personnalité. On peut apprécier ou pas l’homme mais le joueur de rugby est entier, et ne triche jamais. Quand il entre sur un terrain, il est là pour se donner à 100 % pour son équipe.
Au-delà de cet engagement total pour son club, Morgan Parra s’est également investi dans l’entraînement de clubs amateurs. N’y a-t-il pas là matière à perdre un peu d’énergie ?
Justement, pour en avoir un peu discuté avec lui, il a eu besoin de laisser un peu ça de côté. Il s’est beaucoup investi auprès d’un club amateur ces dernières saisons (le CUC Aubière, en Honneur, N.D.L.R.), mais cela lui prenait beaucoup de temps, et il a ressenti le besoin d’une sortie de secours. Il est tellement à fond dans le rugby que maintenant, dans les à-côtés, il apprécie d’avoir un cercle d’amis qui lui permet de sortir de son quotidien.
On a le sentiment que le contexte actuel des blessures semble de nature à le transcender…
Les blessures à Clermont en début de saison l’ont amené à endosser beaucoup de responsabilités dans le vestiaire, notamment à porter les galons de capitaine. Mais aussi dans le jeu puisque, petit à petit, l’effectif s’est étiolé avec les blessures de tous les ouvreurs… Et cela le transcende, simplement parce que c’est un compétiteur ! L’ASMCA n’avait pas eu à gérer de situation de la sorte depuis de longues années. Il y avait bien un problème de troisième ligne en début de saison, mais cela reste des soldats… Quand les stratèges de la charnière sont touchés, cela a forcément un impact plus important encore, dans le jeu et dans les résultats. Pour Morgan, répondre à cette situation est un challenge tout trouvé. Ce qui est certain, en tout cas, c’est que les Clermontois vont prier pour qu’il ne se blesse pas…
Sauf qu’un problème encore plus important va se présenter à Franck Azéma, tant on imagine mal le XV de France se passer de lui pour le Tournoi…
Lorsque Greig Laidlaw va revenir de blessure dans quelques semaines, il va certainement repartir dans la foulée pour la sélection écossaise, et je vois en effet mal le XV de France se passer de Morgan pour le prochain Tournoi. Les Clermontois vont forcément devoir y penser, mais il s’agit d’abord pour eux de gérer l’urgence, à savoir la double confrontation avec les Saracens. Malheureusement, immédiatement ensuite, l’ASMCA devra penser au championnat, où il est loin d’avoir assuré sa place dans les six… Clermont n’aura pas une énorme marge de manoeuvre dans les semaines qui suivront pour se régénérer, et n’aura d’autre choix que de gérer le très court terme. Peut-être en recrutant un joueur supplémentaire susceptible de jouer aux deux postes de la charnière ?