LES FAUX JUMEAUX
ILS S’AFFRONTERONT POUR LA PREMIÈRE FOIS VENDREDI LORS D’UN MATCH COUPERET POUR MONTPELLIER, AVANT DE PARTAGER LES TÊTES D’AFFICHE DU TOP 14 L’AN PROCHAIN. DEUX JOUEURS DE GRAND TALENT, POUR LESQUELS VERN COTTER A UNE AFFECTION PARTICULIÈRE.
Finn peut être « rocks or diamond » ! » Dans un sourire taquin,Vern Cotter définit les deux visages opposés d’un joueur qu’il connaît par coeur. Un dix doué, parfois banal (la roche) et souvent exceptionnel (le diamant). Finn Russell était son « joyaux » brut, qu’il a façonné durant trois années passées à la tête du XV du chardon.
COMME ON SE RESSEMBLE !
Excellent dans l’animation offensive, le futur joueur du Racing 92 (Russell avait été approché par le MHR pour la saison prochaine) est devenu aujourd’hui le chef d’orchestre de son équipe nationale. Un élément que le technicien respecte, craint et n’a pas perdu de vue : « Il est très copain avec Greig Laidlaw qui est à Clermont et j’ai donc des nouvelles par messages interposés, envoyés aussi par Stuart Hogg et compagnie. Finn est un joueur que j’aimais bien et avec qui j’appréciais travailler sur la construction de l’équipe. À l’image d’Aaron aujourd’hui. D’ailleurs, je trouve qu’ils se ressemblent beaucoup. » L’homme à la casquette parle-là de profils physiques et techniques similaires, entre le All Black aux cinquante sélections (28 ans, 1,78 m et 85 kg) et l’Ecossais aux trente-deux capes internationales (25 ans, 1,83 m et 91 kg) : « Ils adorent tous les deux attaquer la ligne d’avantage et n’aiment pas rester en retrait pour gérer le jeu au pied, même s’ils en sont capables. Deux créateurs, fins techniquement, qui sont très impliqués sur les préparations stratégiques des matchs. Ils défendent aussi très bien. Il est très difficile de les attaquer pour trouver des espaces autour d’eux. Et ils sont aussi très à l’aise dans leur rôle de buteur. »
CARACTÈRES OPPOSÉS…
Les points communs sont donc nombreux entre les deux maîtres du jeu, qui se différencient par des personnalités opposées selon le meilleur sélectionneur écossais de l’ère professionnelle (Cotter, 53 % de succès) : « Aaron est à mon sens plus méthodique et expérimenté. Finn est lui plus impulsif, a plus de folie dans son jeu et peut
faire un coup de génie inattendu. » Imprévisible, Finn Russell aime avoir plusieurs options en tête sur chaque action, mais n’a pas toujours la maturité ni la lucidité nécessaires pour les mettre en pratique : « Finn peut avoir trois choses en tête sur le moment et au final, ne pas en faire une de bien. Il peut y avoir du déchet dans son jeu s’il est mis sous pression. Même si je sais qu’il travaille fort là-dessus, et que grâce à la confiance qu’il a acquise avec l’Écosse ces derniers mois, c’est un client sérieux. » Un facteur X, que les « chasseurs » Fulgence Ouedraogo et Kélian Galletier devront presser. À l’image des attaquants héraultais qui l’ont spécifiquement étudié à la vidéo. Ils vont le cibler, pour le marquer physiquement et le faire perdre en lucidité. Une donnée essentielle, car l’ouvreur des Warriors, auteur de soixante points au pied avec son club et de prestations remarquées avec sa sélection face à la Nouvelle-Zélande et l’Australie en novembre, se présente plein d’assurance. Au contraire d’Aaron Cruden (18 points inscrits, mais qui ne bute plus depuis sa blessure avant le Leinster)…
… ET DYNAMIQUES INVERSÉES
La star annoncée est pour l’instant assez « banale ». Bien entendu, quelques-uns de ses gestes de classe ont déjà illuminé des rencontres, mais globalement, ses performances ont souvent été décevantes, comme ce fut le cas face à Clermont, au Racing 92 ou à La Rochelle : « Je suis déçu me mes quatre ou cinq dernières semaines qui ont été assez difficiles. Je n’étais pas satisfait de mes prestations et comme je suis très exigeant envers moi-même, je vais travailler dur pour répondre présent à Glasgow », explique Cruden. Une première sur la scène européenne, qu’il sait « capitale pour
Montpellier ». Un tournant collectif. Et un virage important pour le numéro dix des Cistes, qui a tendance à vite se frustrer. À Vern
Cotter de rajouter : « Je pense qu’Aaron se met beaucoup trop de pression et il doit donc se détendre un peu. Le rugby est une question de feeling, il doit se laisser le temps de connaître les compétitions et les joueurs autour de lui qui vont le soulager de plus en plus et aussi. C’est juste une question de temps et je n’ai jamais douté de lui, même s’il est un peu frustré. Je ne suis pas inquiet. Son duel avec Finn va être passionnant. »