MIRACULÉS MAIS VIVANTS
CASTRES DOMINÉS PHYSIQUEMENT PAR UN PACK INCROYABLEMENT DENSE, LES CASTRAIS N’ONT DÛ LEUR SALUT QU’À UNE VOLONTÉ DE FER ET… À UN GRAND BENJAMIN URDAPILLETA, DE RETOUR À SON MEILLEUR NIVEAU.
Non, le manager Christophe Urios n’a pas passé une bonne soirée : « C’était… du rugby d’hiver on va dire… On s’est un peu emmerdé, non ? » Oui, on confirme. Les 8 538 spectateurs qui ont bravé le froid n’ont pas assisté à un match qui restera dans les annales de la compétition. La soirée du boss du CO avait déjà mal débuté quand celui-ci, suspension oblige, fut obligé de gagner les tribunes avant le début de la rencontre, délaissant ainsi son pré chéri… Contre mauvaise fortune bon coeur, le manager gravit quand même les marches en répondant avec le sourire aux petits mots des supporters castrais. La suite fut toutefois moins drôle : « Ça fait quoi d’assister au match depuis les tribunes ? Ce n’est pas terrible. Il m’en reste trois. Au moins je ne m’engueule pas avec les supporters ! » se marrait le manager. Pour autant, difficile de se réjouir d’une pareille prestation : « Nous n’avons pas contrôlé la rencontre, les joueurs du Racing nous ont fait mal sur la ligne d’avantage. J’ai trouvé le groupe émoussé, manquant de vitesse, de bon sens, de réactivité sur les rucks, circulant mal… »
Quelques minutes plus tôt, l’on avait compris que Rodrigo Capo Ortega n’avait pas passé une bonne soirée non plus. À l’évocation du match, le roc uruguayen avait presque la mine basse : « On peut être content du résultat mais alors le contenu… Ce soir, on ne s’est pas vraiment fait plaisir. » Les Castrais se seraient-ils embourgeoisés au gré de ces désormais six victoires consécutives, au point de faire la fine bouche après une victoire ? Hé oui ! Signe que le CO ne s’endort pas sur ses lauriers, et qu’il veut prolonger encore sa spectaculaire montée en puissance. Car soyons clairs : en titularisant Edwin Maka et en faisant glisser l’habituel deuxième ligne Boris Palu sur l’aile de la mêlée, Laurent Travers avait composé un pack à 952 kilos, taillé pour démolir tout ce qu’il trouverait sur sa route.
LE RETOUR DU GRAND « BENJI »
Seulement, il en fallait davantage pour impressionner l’ouvreur argentin du CO Benjamin Urdapilleta, auteur d’un match remarquable. Mordant en attaque, « Benji » s’est démené comme un beau diable derrière un pack mis sur le reculoir pour animer le jeu. Et avec quel talent ! Sur la seule première mi-temps, on dénombra pas moins de trois occasions franches, créée par l’ex-Puma. Même si elles se sont toutes conclues par une scorie (David Smith relâchant le ballon avant d’aplatir pour la première, puis deux pénalités concédées pour les suivantes), Urdapilleta a fait preuve d’un impressionnant sang froid : « À la mi-temps, on s’est simplement dit que les occasions étaient de notre côté, que l’on était meilleurs. Cela allait finir par payer », déclarait sobrement le maître à jouer du CO. « Je suis très heureux pour Benji, qui a signé un grand match dans un contexte difficile : derrière des avants qui n’avançaient pas, et face à une défense très agressive. »
En clair, l’ouvreur a été à l’image de son équipe : très courageux, et animé d’une impressionnante force de caractère : « Il faut aussi savoir gagner des matchs comme ça, concluait Urios, c’est d’autant plus chouette que les gars aient été capables d’aller se la chercher en fin de match, ça permet de voir le mental de cette équipe. » Un mental à l’image de son moral : au beau fixe.