Challenge refusé
Un coup d’oeil, comme ça, sur les affluences annoncées des matchs de Challenge ce week-end, en France : 8562 spectateurs annoncés, par exemple, pour la rencontre entre le Stade français et les Russes de Krasny Yar. Assez drôle, quand les supporters parisiens eux-mêmes rigolaient, vendredi soir, d’être « à vue d’oeil, environ 113 ». Photo du stade JeanBouin, vide, à l’appui. Le schéma se répète un peu partout, dans les stades français, avec un très hypothétique
4547 spectateurs annoncés pour Agen-Pau, et un énigmatique 9104 spectateurs affirmés pour Toulouse-Lyon. L’EPCR, dans ses chiffres, additionne l’intégralité des billets vendus. Donc, d’autorité, les abonnés. La réalité est loin de cette logique arithmétique.
À sa décharge, l’EPCR n’est pas pour grand-chose dans ce désintérêt des clubs français (et leur public) pour la deuxième compétition continentale. Le Challenge, « c’est nul et ça ne sert à rien » ? Peut-être. C’est ce que clame, en tout cas, le rugby français. Et c’est essentiellement dû à ce même rugby français, ses clubs en tête. Lesquels viennent de faire fort : hormis le Stade français, dans la difficulté face à des Russes, et les matchs franco-français, tous nos clubs ont perdu. De Bordeaux-Bègles, atomisé chez les Falcons de Newcastle, à Brive, cueilli sur sa pelouse par le Connacht. Des équipes du ventre mou de leurs championnats, contre lesquelles nos Français du « meilleur championnat du monde » ne rivalisent même pas. Ça en devient gênant.
Alors, autant le dire franchement : si les clubs français ne veulent plus jouer cette compétition, qu’ils en informent directement l’EPCR. Qu’on ne qualifie plus que nos six premiers clubs pour la « grande » Coupe d’Europe et que les Celtes, Anglais et clubs de nations « mineures » se disputent le Challenge entre eux. On s’évitera une franche hypocrisie. On perdra aussi quelques chouettes moments d’une carrière. Qu’importe la compétition, une épopée européenne reste marquante. Les Parisiens, titrés dans la compétition l’an dernier et qui scandaient des « champions d’Europe » au bout de leur nuit de bringue à Edimbourg, peuvent en témoigner.