Midi Olympique

Vos Pesos ne font pas le poids

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Il y a quoi ? Deux ans ? A peine plus ? Le Mondial anglais achevé, nous nous étions tous ébaudis de la performanc­e argentine, gouleyante, torride, sublime et si précieuse à World Rugby, dans sa volonté d’arracher l’ovale à une historique consanguin­ité. On s’extasiait, à raison, sur la surprenant­e efficacité du PLADAR, ce gigantesqu­e programme de formation imaginé par Pichot et ayant permis, en même pas six années, de révéler Facundo Isa, Santiago Cordero, Pablo Matera ou Tomas Lavanini. Cet automne 2015, on imaginait même l’Argentine inarrêtabl­e. «Les Pumas gagneront le Mondial japonais», écrivait à ce sujet l’ancien coach des All Blacks Graham Henry, dans les colonnes du Daily Telegraph. Et puis ? La réalité a rattrapé les Pumas, défaits onze fois sur leurs douze derniers matchs de Four Nation, surclassés par l’Angleterre à Twickenham et dominés en Irlande une semaine plus tard. De fait, le réservoir argentin est plus limité qu’il n’y semblait au départ et, dès lors qu’ils sont privés de leur meilleur finisseur (Juan Imhoff) et de leur casseur de plaquages (Facundo Isa), les Pumas souffrent mille morts. Au jour où Daniel Hourcade et Agustin Pichot avaient fermé la sélection aux «expats», ils pensaient que cette mesure, calquée sur les modèles anglais ou néo-zélandais, suffirait à retenir les joueurs au pays. N’avait-on pas toujours parlé, au sujet des Argentins, d’un amour démesuré pour le maillot, d’une fibre patriotiqu­e dépassant de très loin celle de leurs semblables ? Il faut croire que les Pumas sont des travailleu­rs comme les autres et, lorsque le Top 14 propose à Imhoff et Isa le double du plafond salarial des Jaguars, le choix semble pour eux évident. L’argent compte, dans le monde du travail. À tel point que le fragile modèle argentin semble aujourd’hui menacé par la vieille Europe. Très vite, les Pumas reviendron­t en Top 14. Très vite, les Matera, Fernandez, Lavanini, Creevy et Boffelli tourneront le dos à leur «Buenos Aires querido». Viendra le temps, pour la fédération argentine, de revoir ses critères de sélection à la baisse. «Ne mettez jamais trop haut ni les gens ni les choses, écrivait Dormesson. Car ils trouveront toujours un moyen de vous décevoir...»

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