PRENDRE SON PIED
LA ROCHELLE DEPUIS LE DÉBUT DE SAISON, LES ROCHELAIS RESSENTENT BEAUCOUP DE PLAISIR DANS LEUR JEU. APRÈS DEUX DÉFAITES, ILS VEULENT EN RETROUVER CONTRE LES AGENAIS.
O « n est comme tout le monde. Il y a un moment où
on va se faire ramasser. » À La Rochelle, depuis deux matchs, la pièce est tombée du côté de la prévision que n’écartait pas Patrice Collazo après la série de trois victoires à domicile (Pau et Montpellier en Top 14 et les Wasps en Champions Cup), entre fin novembre et début décembre. Les déplacements aux Wasps (21-3) ainsi qu’au Matmut Atlantique contre l’Union Bordeaux-Bègles (29-19) sont venus rappeler aux Rochelais l’ordinaire d’une saison. Ces deux défaites consécutives, c’est aussi la première fois depuis août que les Jaune et Noir sont confrontés au gros temps, comme celui qui a traversé le pays ces derniers jours. Seconds du Top 14 derrière les Montpelliérains de Vern Cotter, les Rochelais sont cependant encore loin d’allumer les balises de détresse. Avec 39 points, ils sont en avance par rapport à la saison dernière à mi-parcours (36 points et une quatrième place au classement). De même en ce qui concerne les victoires, neuf contre six lors du précédent exercice après treize journées. Le bilan a, forcément, de quoi plaire au staff rochelais qui, on le sait, ne s’en satisfait pas, animé de son exigence.
Les nuages noirs des défaites aux Wasps et à l’UBB ne peuvent s’envoler des têtes d’un claquement de doigt. Le match contre Agen, ce samedi, amorce la période retour et c’est aussi la dernière de l’année à Marcel-Deflandre. Avant d’aller à Oyonnax la semaine prochaine et de retrouver la Coupe d’Europe en Irlande du Nord, à l’Ulster, dans une quinzaine de jours, les Jaune et Noir ont l’opportunité de renouer avec ce qu’ils sont au fond, des joueurs qui prennent du plaisir ensemble dans un système volontariste
de faire vivre le ballon. Le troisième ligne international Kevin
Gourdon le reconnaît : « Cette année, sur certains matchs, on arrive à jouer de belles partitions. On se trouve plutôt très bien. J’ai le match de Clermont en tête en début de saison (51-20, N.D.L.R.) où on jetait des ballons. J’étais dans les tribunes et je trouvais ça incroyable. Les matchs contre l’Ulster (41-17) et les Wasps (49-29), aussi, montrent que ça paye quand tout le monde va dans le même sens et met la bonne disquette. »
PHILOSOPHIE
Prendre son pied en Jaune et Noir, ce n’est pas une sensation qui concerne seulement les anciens comme Gourdon. Non, le cas de l’ouvreur anglais Ryan Lamb, arrivé cet été, est révélateur de ce plaisir. « Pour moi, la première fois, c’était contre Clermont à domicile, lors de mes débuts en Top 14. C’était fantastique ! La victoire aux Harlequins pour le premier match de Champions Cup du club, ça fait aussi partie de ces moments. » À La Rochelle, il a trouvé un cadre qui lui convient. « Ces dernières années en Angleterre, je ne prenais pas forcément le plaisir auquel je pouvais prétendre. Ici, j’ai trouvé énormément de changement dans la philosophie du jeu. C’est très rafraîchissant et c’est un plaisir de jouer. » Patrice Collazo, en premier lieu, voit cet enthousiasme, comme chez le Fidjien Levani Botia, auteur d’une prestation magistrale contre les Wasps à Deflandre il y a trois semaines. « On lui offre une certaine liberté, il n’a pas de contrainte. Il prend un plaisir qu’il a rarement pris. Il est partout ! Il faudrait lui poser la question mais je pense qu’il se régale. »
À cette réussite, il n’y a pas de secret. « Ça marche parce qu’on travaille bien dans la semaine, signale le pilier droit Uini Atonio. C’est travaillé, ça n’arrive pas comme ça ! » Après l’épidémie de gastroentérite qui a chamboulé l’équipe à Bordeaux, un peu de plaisir ne ferait vraiment pas de mal aux Rochelais contre Agen.