AU BONHEUR
HIER CLERMONTOIS, LES KOTZE, JACQUET ET AUTRE RADOSAVLJEVIC FONT AUJOURD’HUI LE BONHEUR DU CO. ET VICE VERSA.
Certaines décisions s’avèrent parfois si excellentes que l’on se demande pourquoi on ne les a pas prises avant. C’est un peu ce que l’on se dit quand on voit aujourd’hui avec quel panache les anciens Clermontois Danie Kotze, Loïc Jacquet et Ludovic Radosavljevic portent le maillot castrais, eux qui furent durant de longues années réduits à cirer le banc des remplaçants de l’ASMCA. Arrivé depuis déjà deux saisons dans le Tarn, le pilier gauche signe deux saisons de haut vol, au point de retrouver par trois fois une équipe de France qui lui tournait le dos depuis juin 2013. De son côté, Loïc Jacquet a démarré sa carrière castraise il y a deux ans par vingt titularisations toutes compétitions confondues. Cela ne lui était pas arrivé depuis… la saison 2008-2009. Mieux, le géant n’était pas en tribunes au moment où son club disputait un match de phase finale (barrage à l’extérieur contre Toulon), mais bien sûr la pelouse de Mayol, titulaire, prêt à affronter à l’armada toulonnaise le 19 mai dernier. Quelques mois plus tard, les deux acolytes ont été rejoints par un troisième larron, le demi de mêlée Ludovic Radosavljevic. Si l’on ajoute le deuxième ligne Christophe Samson, passé par l’ASM de 2007 à 2010 et le centre Thomas Combezou qui y fut formé de 2006 à 2009, on compte pas moins de cinq ex-Clermontois dans les rangs castrais. Étonnant ? Pas tant que ça. Car c’est un fait, le manager Christophe Urios aime les Clermontois : « J’ai souvent recruté des joueurs à Clermont. Des pros, mais aussi des jeunes, ici à Castres mais aussi quand j’étais à Oyonnax. Quand on parle avec eux, on sent tout de suite qu’ils sont marqués par le travail, qu’ils sont pros. Même chez les jeunes, ça bosse dur. Ce sont des joueurs élevés dans une culture du travail. »
CONCURRENCE DÉMESURÉE
Des joueurs qui ont la chance d’évoluer dans un environnement propice à la performance et au dépassement de soi… mais dans lequel ils ne s’épanouissent pas complètement, faute à une concurrence parfois démesurée : « Il y a une forme de confort à évoluer dans un grand club : les infrastructures, les titres, la réussite… Il n’est pas toujours facile de recruter des joueurs qui y évoluent depuis longtemps. Puis, vient un moment où ils en ont marre de ne pas jouer les matchs qui comptent, et de passer leur saison sur le banc. »
« RADO », LE SYMBOLE
Ce constat n’était pas tout à fait vrai pour Danie Kotze : « Danie, je le suivais depuis qu’il jouait à Aurillac. J’avais essayé de le faire venir à Oyo, raconte Urios. Il avait été gêné par des pépins physiques et une opération de l’épaule qui avait ralenti son ascension à Clermont, mais je savais qu’il pouvait faire notre bonheur. Nous avons eu une fenêtre de tir très réduite pour le recruter… C’était avant son excellente saison, et je pense que les Clermontois étaient déçus de le voir partir. » Le cas de Loïc Jacquet était sensiblement différent : « Il est resté là-bas très longtemps… et on lui a tellement dit qu’il était le grand espoir du rugby français qu’il a fini par oublier certaines choses en le croyant. Il avait besoin d’un nouveau projet. »
Les faits sont là : malgré une concurrence féroce de deuxième ligne à Castres où l’on trouve notamment le capitaine Rodrigo Capo Ortega, Jacquet est entré dans la danse. Et aujourd’hui, il revit. De la même façon que Radosavljevic revit lui aussi avec le CO : « Ludo jouait à Clermont depuis neuf ans. Il était la doublure de Morgan (Parra, N.D.L.R.), mais cela s’éternisait. On a senti qu’il voulait changer d’air. » Un transfert qui fit grand bruit dans le Tarn, puisque « Rado » venait remplacer Antoine Dupont, le phénomène de l’année écoulée. « Quand je l’ai pris, beaucoup étaient sceptiques. Il n’était pas possible de remplacer Antoine Dupont par un joueur identique. Il n’existe pas en France. Je savais que je ne recrutais pas le même joueur, mais quelqu’un qui pourrait nous apporter d’autres choses, par son sens du collectif, sa proximité avec les avants et l’emprise qu’il a sur eux… Je dis toujours qu’une recrue doit augmenter le niveau global de sa ligne. Ludovic remplit parfaitement cela. » Certes, « Rado » n’a pas les qualités de celui qu’il remplace. Humblement, il nous confiait après la victoire historique du CO à Toulouse qu’il n’était « pas invité » face à lui. Mais il en a d’autres. Comme celle de faire briller les autres, à commencer par son compère de la charnière, Benjamin Urdapilleta, avec qui il fonctionne admirablement bien après seulement quelques mois de collaboration.