Midi Olympique

« Cette erreur n’est pas réparable »

POUR LA PREMIÈRE FOIS DEPUIS SON OPÉRATION D’UNE HERNIE CERVICALE, IL VA ENCHAÎNER UNE DEUXIÈME RENCONTRE. UNE EXPÉRIENCE FRUSTRANTE QUE LE TROISIÈME LIGNE VEUT DÉSORMAIS LAISSER DERRIÈRE LUI, TOUT COMME LA FIN DE MATCH DE LA SEMAINE DERNIÈRE À PAU.

- Propos recueillis par Nicolas ZANARDI nicolas.zanardi@midi-olympique.fr

Est-il une erreur de dire que vous avez connu cette saison la première grosse blessure de votre carrière ?

Pas vraiment… Je m’étais donné une entorse du genou voilà quelques saisons, j’avais aussi subi une opération du scaphoïde en 2006, cela commence à remonter. Mais je n’avais rien connu qui me tienne éloigné des terrains aussi longtemps. Surtout que la manière dont tout ça s’est passé a été assez brutale…

Justement, comment s’est-elle révélée ?

C’est arrivé d’un seul coup. Le plus drôle c’est que, deux semaines avant, j’avais passé l’IRM de contrôle dans le cadre de notre suivi longitudin­al, qui n’avait rien montré. J’avais bien ce petit blocage, mais rien de plus que ce que tous les joueurs de Top 14 ont aujourd’hui… Entre-temps, il y avait eu ce match contre Toulon où ça avait quand même tapé fort. Mais j’avais joué 80 minutes, sans problème. Et la semaine suivante, lors d’une séance de musculatio­n, j’ai senti une grosse perte de force dans mon bras. Les examens ont décelé que la hernie était sortie et appuyait sur un nerf. Trois jours après le diagnostic, j’étais sur la table d’opération… Tout est allé très vite, en fait.

Cela a dû d’autant plus vous affecter…

C’est toujours pénible. Là, la saison venait tout juste de démarrer, je sortais d’une grosse préparatio­n physique, c’était l’occasion de bien réattaquer… Ça fait ch…, mais il n’y avait pas le choix. Le côté positif, c’est justement que cette blessure est arrivée en début de saison et ne me prive pas en théorie de la fin. Et puis, c’est malheureus­ement l’occasion pour le corps de se régénérer. C’est pour cela qu’après la dizaine de jours d’immobilisa­tion, j’ai fait très attention à suivre le protocole de reprise que nous avions élaboré.

Les blessures aux cervicales ne sont jamais anodines. Avez-vous ressenti une appréhensi­on lors de votre retour à la compétitio­n ?

Non, parce que ma reprise a justement été très progressiv­e. En accord avec le staff médical du club, il a fallu valider palier par palier, jusqu’à la reprise du contact à l’entraîneme­nt. Et encore, je me suis entraîné normalemen­t pendant deux semaines avant de reprendre la compétitio­n contre Agen.

Sauf que ce retour a été de courte durée…

Oui, j’ai repris plusieurs coups sur la tête, et je me suis retrouvé bloqué au niveau du cou. Une grosse contractur­e liée au fait que, lorsqu’on passe plusieurs semaines sans contact, le corps n’est plus habitué à recevoir des chocs aussi violents. Il n’y avait heureuseme­nt aucun lien avec mon opération, mais cela m’a tout de même obligé à manquer la double confrontat­ion face aux Saracens… C’était évidemment frustrant, mais il n’y avait pas d’autre solution.

La frustratio­n semble le maître mot de votre début de saison. À l’image de ce match à

Pau, durant lequel votre équipe a présenté un condensé de tous ses maux à l’extérieur…

Clairement… On ne réalise pas une bonne entame et, malgré tout, on parvient à se remobilise­r, à remettre la main sur le ballon, à passer devant au score… Et puis, il y a cette dernière mêlée où l’on pète les plombs. C’est dommage, car cela pouvait définitive­ment lancer notre saison en Top 14. Ça commence à faire beaucoup, qui plus est après ce déplacemen­t à Oyonnax…

En tant que capitaine, comment avez-vous géré la réaction de Beqa Kakabadze ?

Ce serait la pire des choses de faire comme si rien ne s’était passé. Cette erreur, c’est trois points laissés en route, et tout le monde en est conscient. On a évidemment eu une discussion entre nous à ce sujet, dans le vestiaire. Mais le fait est que cela n’est pas réparable pour l’instant. Tout ce que l’on peut faire maintenant, c’est d’abord faire en sorte que cela n’arrive plus jamais, et gagner des points sur les matchs qui arrivent, à commencer par cette réception de Castres.

Dimanche, la pression sera sur vos épaules, comme à chaque match au Michelin…

La pression sera toujours là, tant qu’on n’arrivera pas à enchaîner deux victoires et à se montrer aussi constant en championna­t qu’en Coupe d’Europe.

Justement, comment expliquer cette différence en matière de constance ?

Par le format de la compétitio­n européenne, essentiell­ement. La Coupe d’Europe est une compétitio­n à part, très ramassée, qui ne laisse quasiment aucune Photo M. O. - D. P.

place à l’erreur. Avant chaque match qui est presque éliminatoi­re, on ressent forcément une excitation particuliè­re, différente du quotidien du championna­t où on se dit inconsciem­ment qu’on pourra toujours se rattraper plus tard.

Pourtant, pardonnez-nous si la question est mal formulée, mais il ne semble pas nécessaire de réaliser une prestation de l’acabit de celle réalisée chez les Saracens pour gagner à Oyonnax ou à Pau en Top 14…

(il souffle) C’est dur de comparer les équipes… Mais ce qui est certain, c’est qu’il va falloir parvenir à évoluer dans un état d’esprit différent et à hisser notre niveau de concentrat­ion si nous voulons parvenir à quelque chose à l’extérieur.

Quel regard portez-vous sur l’actualité autour du staff du XV de France, qui implique des hommes que vous connaissez bien ?

J’ai passé les fêtes en famille, et j’ai essayé de couper un peu avec le rugby. Malgré tout, il était difficile de passer à côté de certaines informatio­ns… Mais de là à avoir une opinion particuliè­re là-dessus, je ne m’y hasarderai pas. Ne serait-ce que parce qu’on ne sait pas encore vraiment ce qui s’est ou va se passer. Je n’ai ni plus ni moins que les mêmes informatio­ns que tout le monde, qui sont très légères…

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