Midi Olympique

BIENVENUE AU COEUR DE L’HIVER

TERRAIN LOURD, BALLON GLISSANT, MANAGEUR PRAGMATIQU­E, GROSSE DÉFENSE ET BONS BALLONS PORTÉS, TOUS LES INGRÉDIENT­S DU RUGBY SPORT D’HIVER ÉTAIENT RÉUNIS.

- Par Jérôme PRÉVÔT, envoyé spécial jerome.prevot@midi-olympique.fr

Le mandat de Rory Teague de l’UBB a donc commencé par une victoire. Hasard ou pas, elle a correspond­u au mot qui revient le plus souvent quand on cherche à définir son style : pragmatiqu­e ! Le nouveau patron sportif de Bordeaux-Bègles n’est pas venu longuement commenter cette victoire inaugurale, il a laissé ce soin à son adjoint Jeremy Davidson, heureux forcément du résultat et même de la manière dont ses hommes ont disposé du Lou. En tant qu’entraîneur des avants, il évoqua avec gourmandis­e ces groupés pénétrants fructueux (ils ont apporté dix points à l’UBB), une mêlée conquérant­e pendant cinquante minutes et une défense de fer sur les remontées adverses.

Les Bordelais semblaient tous satisfaits de ce bon tour joué à leurs adversaire­s et à tous les clichés qui circulent sur le rugby et sur leur rugby. Ils ont gagné un match très tactique qui a laissé souvent la part belle à un jeu d’occupation à coups de longs coups de pied vers l’avant : une magistrale partie de gagne-terrain dictée par les conditions de jeu pluvieuses et par la déconvenue de la semaine passée face au Stade français. L’UBB ne veut plus jouer de partout pour amuser la galerie, le président Laurent Marti nous l’a souvent soufflé dans des conversati­ons, ce rugby pour « puristes » ne peut pas être une fin en soi. L’excellent Jefferson Poirot nous l’a assez bien résumé après s’être vraiment arraché sur les points chauds dès son entrée en jeu à la 50e. « À Paris comme aujourd’hui, les conditions étaient humides, mais il y a des matchs qu’il faut savoir gagner au coeur de l’hiver. Alors, nous n’avons pas été inquiétés mais nous ne les avons pas trop inquiétés non plus », glissa-t-il avec un sourire.

PÉNURIE D’OCCASIONS, C’ÉTAIT PRÉVU

Il fut très vite évident que ce match sans trop d’occasions avait été bien préparé tactiqueme­nt par le staff remanié. « Sur les matchs comme ça, il faut être très bons stratégiqu­ement car les deux équipes attendent la faute de l’adversaire. Il faut savoir parfois oublier ce que nous avons travaillé en début de semaine. Imaginez que nous avons travaillé sur une pelouse synthétiqu­e à Bègles où tout va très vite et que nous nous retrouvons aujourd’hui sur un terrain lourd et un ballon glissant. Lyon connaît très bien l’UBB d’avant. Ils étaient venus, bien en place pour contrer des erreurs qui ne sont pas venues. C’est une bonne nouvelle non que nous nous soyons adaptés à la différence de ce que nous avons fait à Paris, c’est une preuve d’intelligen­ce à mon sens, non. Notre charnière a fait un bon match malgré la sortie regrettabl­e de Yann Lesgourgue­s. »

Oui, quand on remplace un Lesgourgue­s par un Serin, on ne perd pas trop au change en principe. Mais il est vrai qu’on imagine très bien Teague et Davidson insister « lourdement » auprès de leurs demis sur la conduite à tenir et plus particuliè­rement sur Matthieu Jalibert, objet de tous les regards. Il n’a pas joué les feux follets samedi mais plutôt les gestionnai­res avisés sans concession pour l’idéologie du spectacle. L’après-midi se prêtait plutôt au ping-pong rugby : « Nous nous étions préparés à ce gros combat. Nous devions aller chez eux et attendre qu’ils nous rendent les ballons. » Il a quand même joué un rôle décisif sur l’essai de Tauleigne : petit côté de Serin, crochet intérieur, passe après contact pour son numéro 8 en soutien. Le pur Béglais a quand même laissé une trace offensive dans cette victoire, lui qui a avoué sa surprise sur quand son capitaine Jandre Marais lui demanda de ne pas tenter la pénalité précédente pour aller en touche. Ce fut clairement le tournant du match, le piment apporté par le discret deuxième ligne sud-africain (lire ci-dessous). Les 19 000 spectateur­s méritaient bien ça.

 ?? Photo Midi Olympique — Bernard Garcia ?? L’instant où Marco Tauleigne a débloqué le match, sous les yeux de Baptiste Couilloud, Jean-Marcellin Buttin et Cameron Woki. La vista de Marais et le talent de Jalibert ont rendu ce moment possible.
Photo Midi Olympique — Bernard Garcia L’instant où Marco Tauleigne a débloqué le match, sous les yeux de Baptiste Couilloud, Jean-Marcellin Buttin et Cameron Woki. La vista de Marais et le talent de Jalibert ont rendu ce moment possible.

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