BALLE DE MATCH
EN S’IMPOSANT 36 À 0 CONTRE TRÉVISE, LES TOULONNAIS SE SONT OFFERTS LE DROIT DE CONTINUER À RÊVER D’UN QUART DE FINALE À DOMICILE. MAINTENANT, LES JOUEURS DE FABIEN GALTHIÉ DEVRONT HAUSSER LEUR NIVEAU DE JEU À UNE SEMAINE DE CE HUITIÈME DE FINALE QUI LES
La vie du club toulonnais n’est, depuis bien longtemps, plus un long fleuve tranquille. Premiers exeaquo, mais deuxièmes au goal average particulier derrière Bath jusqu’à vendredi soir, les Toulonnais n’avaient plus leur destin entre les mains et semblaient se diriger - dans le meilleur des cas - vers une deuxième place, significative de quart de finale à l’extérieur. Mais les Scarlets en ont décidé autrement ; et vendredi, en s’imposant à Bath (17-35) - et bien qu’ils reléguaient à ce moment le RCT à la troisième place de la poule 5 - les Gallois ont permis aux joueurs de Fabien Galthié de reprendre leur destin en main. Les Toulonnais savaient donc, à l’heure du coup d’envoi de la rencontre contre Trévise, qu’en cas de victoire bonifiée, ils reprendraient seuls la tête de la poule 5. Et les Varois n’ont pas galvaudé cette chance. Car quand il s’agit de retrouver le gratin européen, les Toulonnais répondent toujours présents (ils n’ont jamais été éliminés en phase de poules de la « grande » Coupe d’Europe).
À TROP VOULOIR JOUER…
Pourtant comme trop souvent depuis le début de saison, ce RCT a une nouvelle fois montré qu’il était partisan du « pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? ». En effet, bien lancés par l’essai rapidement inscrit par Anthony Belleau (8e), et alors qu’ils avaient fait le quart du chemin, les Varois se sont compliqué la tâche. Peu aidés par la pluie, invitée de dernière minute, qui a bousculé les plans de jeu du RCT, les joueurs de Fabien Galthié ont multiplié en-avant, coups de pieds hasardeux et autres relances suicidaires de leur moitié de terrain. « On a bien commencé, avec un bon jeu au pied, on les a mis sous pression. Mais on a peut-être trop voulu forcer, notamment lors des vingt dernières minutes de la première mi-temps », reconnaissait Manny Edmonds, au moment d’évoquer l’ultradomination italienne qui précédait la mi-temps. Toulon semblait donc une nouvelle fois en passe de s’offrir une après-midi des plus compliquées, face à un adversaire courageux mais significativement inférieur. Comme par magie, tout est rentré dans l’ordre au retour des vestiaires.
LA REVANCHE DE JOSUA TUISOVA
Toulon est revenu à ce qui fait sa force depuis des années : la puissance et la simplicité. « En fin de première période on voulait à tout prix scorer et on a finalement été trop brouillons. On s’était trompé, ce n’était pas une météo pour envoyer du jeu, admettait, lucide, Mathieu Bastareaud. Après la mi-temps, on a donc tenté de remettre la main sur le ballon. Nous sommes revenus à un jeu à une passe, pour créer de l’avancée et jouer notre jeu. » Dans le sillage d’un Josua Tuisova retrouvé, tout s’est enclenché. Comme si la mécanique toulonnaise n’était plus rouillée ; et ce malgré une météo capricieuse, peu propice au jeu de mouvement. L’ailier Fidjien, à vingt-mille lieux de son meilleur niveau depuis de longues semaines, retrouvait son rugby. Un ballon récupéré, une accélération réalisée, deux joueurs sur les fesses posés et la « bête », comme le surnommait Bernard Laporte, a mis le RCT dans l’avancée. Celui qui n’avait plus marqué un seul essai depuis le 21 octobre et le match aller à Trévise, allait deux fois à dame. Et, s’il sortait prématurément (61e), au profit de J.-P. Pietersen, la suite de migraines qui l’avaient embêtées tout au long de la semaine, Tuisova avait fait le job. L’épilogue heureux d’un dimanche particulièrement pluvieux sur la rade.
Pour le jeu de mouvement ? On repassera. Mais l’essentiel était ailleurs et le RCT est plus que jamais en vie à une journée du terme du premier tour. Et dans cette poule au scénario hitchcockien, dont le leader a changé trois fois depuis vendredi matin, les Toulonnais se voient offrir une balle de match à Llanelli. Aux Varois désormais, de montrer qu’ils font bien partie des huit meilleures équipes d’Europe.