PLIÉ EN QUATRE
LA ROCHELLE À BELFAST, QUATRE FAITS DE MATCH ONT DONC COÛTÉ AUX ROCHELAIS UNE VICTOIRE QUI LEUR TENDAIT POURTANT LES BRAS.
À l’hiver 2018, l’Ulster n’est plus un géant d’Europe et qu’on le veuille ou non, le Stade rochelais lui est aujourd’hui largement supérieur. Charles Piutau, Christian Lealiifano, Rory Best et Iain Henderson ont beau être quatre joueurs de classe mondiale, ils sont beaucoup trop mal entourés pour faire de la province irlandaise, cette saison au moins, un prétendant sérieux à un titre, que ce soit en Ligue Celte ou en Champions Cup. Dès lors, comment les coéquipiers de Jason Eaton ont-ils pu échouer à Belfast ? Comment les Rochelais, dominateurs sur tous les impacts (sept franchissements !), surpuissants en mêlée fermée et maîtres d’un projet de jeu qu’ils récitent désormais à la perfection, ont-ils pu quitter l’Irlande du Nord battus par moins forts qu’eux ? Dans le cas précis, quatre erreurs individuelles sont probablement à l’origine du couac irlandais. À Ravenhill, il y eut d’abord la faute balourde commise par Paul Jordaan sur Charles Piutau au moment où l’arrière de l’Ulster gagnait les airs pour s’emparer d’un ballon haut. Verdict ? Roulotte, carton jaune, essai irlandais trois minutes plus tard et un match comme une longue plainte, pour le Sud-Africain de La Rochelle…
Une poignée de temps plus tard, l’ailier Jacob Stockdale échappait à Vincent Rattez dans un couloir de deux mètres et aplatissait le deuxième essai irlandais. La parole à la défense, comme on dit : « D’abord, il y a une passe qui rebondit, expliquait l’ailier rochelais en conférence de presse. Du coup, on stoppe tous notre montée défensive. De mon côté, j’essaie alors de bloquer mon vis-à-vis assez haut, histoire de l’empêcher de jouer derrière lui. Au final, je me fais un peu emporter et il marque. Voilà… C’est une erreur individuelle qui coûte cinq points… » Le troisième des quatre « coupables » (façon de parler, n’est-ce pas, on ne parle ici que de rugby…) se nommait samedi après-midi Pierre Bourgarit et, pour avoir tenté une passe pour le moins risquée dans ses propres vingt-deux mètres, le bouillant talonneur rochelais offrit au flanker irlandais Timoney l’essai le plus important de sa courte carrière.
LA CONFESSION DE VICTOR VITO
Bon an mal an, Paul Jordaan, Vincent Rattez et Pierre Bourgarit peuvent aujourd’hui se consoler en se disant que le meilleur joueur du Top 14, l’incomparable Victor Vito, ne fut pas plus inspiré qu’eux en Ulster. On s’explique : à la 63e minute de ce match, les Jaune et Noir négocient une série de mêlées fermées dans les vingt-deux mètres adverses. Nettement dominateurs dans ce secteur de jeu (six pénalités sur l’intégralité de la rencontre !), ils mettent le pack adverse à la faute une première fois, puis une deuxième. Alors que l’on s’attend à ce que les Rochelais produisent un ultime effort afin de contraindre Wayne Barnes à siffler un essai de pénalité, Victor Vito s’empare de la balle, démarre dans le grand champ et tente une passe impossible qui échoue dans un no man’s land avant d’être récupérée par les défenseurs irlandais. Game over, ou presque…
Après la rencontre, le numéro 8 néo-zélandais expliquait : « C’est ma faute, il n’y a rien à dire d’autre. Sur cette mêlée, je tente une passe impossible alors que j’aurais dû simplement porter le ballon et avancer. J’ai essayé de trop en faire, comme on dit. Cela arrive. C’est la vie… » Et ça fait dire à Alexi Balès, son vieux compère des « 89 » : « Victor est humain. Il est comme tout le monde et commet aussi des erreurs. Mais il a sorti de tels matchs ces derniers mois qu’on serait très mal avisés de l’incriminer, n’estce pas ? » C’est indéniable. Comme l’est le fait que ces Rochelais, en cas de victoire bonifiée dimanche contre des Harlequins d’ores et déjà éliminés de la compétition, devraient pouvoir disputer leur premier quart de finale européen à Deflandre, au printemps prochain. Pas de quoi hurler au loup !