LA DERNIÈRE MARCHE
CETTE SAISON ENCORE, LES RACINGMEN ONT FAIT DE LA CHAMPIONS CUP LEUR OBJECTIF PRIORITAIRE. MAIS POUR LES CIEL ET BLANC, LE DROIT AU RÊVE PASSE PAR UNE VICTOIRE À LEICESTER. FACILE ?
Après quoi court le Racing, au juste ? Et comment expliquer l’étrange fascination qu’exerce la Champions Cup sur le club des Hauts-deSeine depuis trois ans ? Pour comprendre, il faut remonter le cours du temps, établir le campement au printemps 2015 et pousser la porte du vieux Colombes : ce jour-là, les coéquipiers de Dimitri Szarzewski ont ainsi dit adieu à la Coupe d’Europe de la façon la plus cruelle : à la dernière seconde d’un match qu’ils avaient pourtant dominé et fracassés par le meurtrier coup de pompe de Marcelo Bosch (1112)... Dans la foulée de cette défaite injuste, déraisonnable, le Racing avait implosé et, quelques semaines plus tard, les Franciliens s’étaient donc écroulés à JeanBouin, quittant le championnat sur une tarte infligée en barrages par le Stade français (38-15). Émoustillés par leur première campagne internationale digne de ce nom, les Ciel et Blanc étaient néanmoins repartis à l’assaut de la Coupe d’Europe. Quelques mois après avoir été frappé dans le dos par les Sarries, le Racing retrouvait alors l’équipe du milliardaire sud-africain Johan Rupert en finale de la compétition continentale. Mais à Lyon, morts de trouille et transis de froid, les coéquipiers de Dimitri Szarzewski étaient une nouvelle fois battus par les champions d’Angleterre (219). « Nous avions tous été très touchés ce jour-là, nous confiait Ben Tameifuna il y a peu. J’avais moi-même versé quelques larmes après avoir perdu cette finale de Champions Cup. À Lyon, je crois qu’il m’avait fallu quelques minutes pour encaisser le choc et comprendre. Je me suis assis, j’ai regardé le stade et j’ai pleuré. Franchement, nous en avions tous bavé pour arriver jusque-là. Il y avait donc dans ces larmes autant de tristesse que de rage. Mais sur cette pelouse, cet après-midi de 2016, je m’étais aussi promis que nous reviendrions en finale. Plus forts. Mieux préparés. Et que nous la gagnerions, cette fois-ci. »
De fait, la mystique qui entoure la Champions Cup dans les Hauts-de-Seine a donc une raison d’être et si les deux Laurent prévoient toujours le pic de forme de leur groupe au début de l’automne, c’est précisément pour démarrer la compétition continentale sur les chapeaux de roues. « Au club, nous confiait la semaine dernière Leone Nakarawa, on sent bien que tout le monde est tourné vers cet objectif européen. Le Racing a déjà été champion de France mais ne connaît pas encore le goût d’un titre en Champions Cup. Par exemple, je crois que c’est le seul trophée que n’ait jamais gagné Dan Carter, qui a tour à tour remporté la Coupe du monde, le Super Rugby, les Four-Nations ou le Bouclier de Brennus… Tout ça fait que nous avons tous une appétence particulière pour la Coupe d’Europe. »
UN HUITIÈME DE FINALE
Pour les Racingmen, ce déplacement à Leicester est, sinon vital, tout au moins déterminant. Afin de décrocher un ticket pour les quarts de finale, ils doivent désormais s’imposer à Welford Road. « Easy », vous dites, tant les Tigers (huitièmes du Premiership et lanterne rouge de leur groupe européen) semblent à la ramasse cette saison ? On n’ira pas jusque-là. « Les Tigers ont beau être éliminés, souffle Will Greenwood, champion du monde avec le XV de la Rose en 2003, ils voudront montrer autre chose que ce qu’ils ont développé à Castres la semaine dernière (39-0, N.D.L.R.). Et Leicester est toujours une tout autre bête, dès lors qu’elle joue devant son public ». Faiblards dans le combat d’avants et peu aidés par le maigre rendement, derrière, des internationaux Ben Youngs, George Ford, Telusa Veainu ou Manu Tuilagi, les hommes de Matt O’Connor sont certes à la dérive mais demeurent capables, de briser le rêve des Ciel et Blanc. S’ils souhaitent un jour enterrer les fantômes accompagnant depuis trois ans leurs campagnes européennes, les Racingmen doivent néanmoins être en mesure de franchir un obstacle sans commune mesure avec ce qui surviendra derrière. Mais demain est un autre jour, n’estce pas ?