LE JOUR DES SEIGNEURS
BIEN QUE SOUVENT DÉCEVANTS DEPUIS LE DÉBUT DE SAISON, LES TOULONNAIS SE VOIENT OFFRIR UNE OCCASION EN OR DE MARQUER LES ESPRITS. ET DE S’OFFRIR UN NOUVEAU TOUR DE GRAND HUIT EUROPÉEN.
Finis les calculs migraineux, les heures passées à recompter les goal-average particuliers et autres essais inscrits par chaque équipe de la compétition. En prenant le point de bonus offensif contre Trévise, quand Llanelli arrachait un succès à Bath, les Toulonnais ont remis la main sur leur destin. Désormais, premiers à une journée du terme de la phase de poules, le calcul est simple : Toulon doit vaincre ou mourir. « Samedi ? Soit tu passes, soit tu dégages », résumait Mourad Boudjellal. Et si dans les faits ce n’est pas exact, et que même en cas de défaite, Toulon pourrait se qualifier parmi les « meilleurs seconds », difficile d’imaginer le RCT rêver d’un quatrième sacre européen s’il ne termine pas en tête de la poule 5. Pour ça, comme à Bath il y a deux ans, ou chez les Saracens la saison passée, les Toulonnais n’ont pas le droit à l’erreur. « On s’est donné les moyens d’être encore en vie. C’est enrichissant pour ce groupe, admettait Guilhem Guirado. Maintenant il faut à tout prix remporter ce 8e de finale. » « Disputer un match de phases finales dès janvier, c’est ce qu’on cherche dans ce genre de club, souriait quant à lui Fabien Galthié. Mais on a conscience de la difficulté de la tâche. Llanelli est une équipe redoutable. Qui en impose. Ils vont vouloir nous faire exploser physiquement. À nous d’avoir le supplément d’âme nécessaire. On est lucide, on n’est pas les plus beaux. Mais c’est le bon moment pour passer la vitesse supérieure. » Un challenge à la hauteur de ce RCT étoilé, qui arrivera pourtant en position d’outsider à Llanelli. Pourquoi ? Parce que les Scarlets offrent tout simplement l’un des rugbys les plus séduisants du Vieux continent. Les Gallois aiment tenir le ballon, être dangereux aux quatre coins du terrain et proposent du jeu de vitesse, de mouvement et d’instinct. En somme : ce qu’aspire à mettre en place Fabien Galthié sur la rade.
ENRAILLER L’HORLOGERIE GALLOISE
Et si la tâche est facilitée par le fait que les Scarlets évoluent ensemble depuis des années et n’en sont plus à l’étape de recherche de repères, les Toulonnais n’auront d’autre choix que d’être disciplinés, rigoureux défensivement et maîtres de leur conquête, s’ils veulent enrailler l’horlogerie galloise. Et bien qu’ils touchent parfois du doigt cette précision, propre aux Scarlets, les joueurs de Fabien Galthié manquent encore de régularité et connaissent de trop nombreux trous d’airs pour concurrencer, sur la durée, un collectif si bien huilé. « C’est frustrant pour nous. On cherche constamment la perfection et on peine à y arriver. Remarquez peu d’équipes enchaînent les matchs parfaits, notait Guirado. Mais il y a du progrès. Contre Trévise on a fait un match costaud. » Un match sérieux, même. Mais les Toulonnais devront monter les curseurs de plusieurs crans s’ils veulent faire vaciller Llanelli. Faudra-t-il faire le fameux match référence ? Celui où les individualités ne feront plus qu’un collectif ? Où on observera la différence entre les grands et les très grands joueurs ? Où les plus de 500 sélections qui seront couchées sur la feuille de match varoise proposeront un rugby léché ? « Je pense que le RCT est une bombe à retardement. Tôt ou tard, on fera un très beau match », promettait fin décembre Ma’a Nonu. Ça semble le moment idéal pour y parvenir. D’une part parce que Toulon joue sa survie européenne samedi. D’autre part parce que le RCT n’a plus de temps à perdre, la fin de saison approchant à grandes enjambées. Par ailleurs, le club n’étant -en six participationsjamais sorti en phase de poules de la compétition, nul doute que ce Toulon 20172018, composé de Tuisova, Nonu, Vermeulen ou Ashton, souhaitera éviter de s’offrir une première historique. Mais justement, ne dit-on pas que les grands matchs appartiennent aux grands joueurs ? Ce RCT aura en tout cas à coeur de prouver qu’à l’image des noms qui composent son trombinoscope, il demeure un immense d’Europe.