CONCLURE QUESTION D’ÉQUILIBRE
PLUS QUE JAMAIS DÉCISIFS POUR DÉTERMINER DU SORT D’UNE PARTIE, LES NUMÉROS D’ÉQUILIBRISTES EN BORD DE TOUCHE NE RELÈVENT PAS SEULEMENT DE L’INNÉ, MAIS BIEN DE L’ACQUIS, AU TRAVERS D’UN TRAVAIL PRÉCIS.
Si tous les aménagements de la règle imaginés par World Rugby depuis une dizaine d’années ont toujours été décidés dans l’optique de favoriser le spectacle, il faut bien convenir que tous ne se sont pas toujours avérés des succès, souvent victimes de détournements de la part de techniciens imaginatifs. Mais si un seul ne devait recevoir que des commentaires positifs, ce serait bien celui qui vit, en 2008, l’instance internationale décider que les poteaux de coin n’étaient plus considérés comme faisant partie de la touche, mais du terrain. Depuis, en effet, les acteurs de ce jeu ont développé des habiletés remarquables dans le domaine du « finish » des actions, qui se vérifient chaque week-end par des purs numéros d’équilibristes en bord de touche. Un atout toujours plus utile dans les parties de très haut niveau, où les surnombres ne sont pas automatiques, qui voient les ailiers être régulièrement amenés à décider du sort d’une partie en négociant au mieux des situations de un contre un. Lesquelles se trouvent dans l’immense majorité des cas réglées par le biais des arbitrages vidéos, tant ces situations se jouent sur le fil du rasoir.
LE CHOIX DU BON BRAS
Mais justement, comment ces situations peuvent-elles se travailler à l’entraînement ? Si une bonne partie des prérequis relève en effet de l’inné (instinct du tueur, agilité, puissance, explosivité…), certaines des qualités nécessaires pour se montrer efficace dans les zones de marque peuvent se développer dans le cadre d’un travail régulier. À commencer par le port de ballon, essentiel dans ces moments cruciaux. « Porter le ballon avec le bon bras, c’est indispensable, nous expliquait voilà quelques mois Philippe Doussy, désormais responsable des skills au XV de France. Dans les situations de un contre un près des lignes, au moment de jouer le duel, il ne faut surtout pas jouer le défi frontal parce que près de la ligne, la première intention du défenseur sera de se placer sous le ballon, et empêcher d’aplatir. C’est pourquoi il ne faut pas tomber dans son piège et privilégier l’évitement, en choisissant au dernier moment le côté à attaquer. En fonction duquel on placera le ballon sous le bras opposé, pour pouvoir raffûter le défenseur et si besoin tendre le bras pour parcourir les derniers centimètres. »
APPUIS TONIQUES ET ATTITUDES BASSES
Mais tout ne saurait, évidemment, se résumer à une question de maniement du ballon. La réelle difficulté, d’ordre physique, consiste à conserver des appuis toniques pour gagner les duels tout en conservant des positions basses, essentielles pour prendre un temps d’avance sur le plaquage. Ce qui peut favoriser les petits gabarits, mais pas seulement… « Ces situations peuvent se travailler tout simplement par des un contre un dans le couloir des cinq mètres, en variant la position du défenseur pour compliquer la vie de l’attaquant, détaillait l’ailier du Racing 92 Marc Andreu. Ce n’est pas qu’une question de gabarit : les petits ont leurs atouts avec le centre de gravité plus bas, certes, mais être très lourd et puissant, ce n’est pas mal non plus pour remporter la collision et marquer en force, comme Nadolo ou Nalaga… Les ailiers plus classiques, généralement très déliés, ont aussi un atout : celui d’utiliser leur vitesse et leur taille pour pouvoir plonger. Pour eux, l’unique chose à laquelle penser, c’est rester très gainés pendant leur vol plané et conserver le plus longtemps possible les pieds et les genoux en l’air. Ce qui n’est pas toujours facile, car il faut penser en même temps à aplatir… » Tout un travail de coordination qui, lui, ne peut toucher ses fruits que par la répétition. Et donc l’entraînement, en opposition réelle autant que possible…