Un quart de finale à la maison
VEXÉS PAR LEURS DERNIÈRES DÉFAITES, LES CLERMONTOIS ONT FONDÉ LEUR RÉVOLTE ET LEUR QUALIFICATION SUR UNE SEMAINE DES PLUS MUSCLÉES. UN DÉBUT DE DYNAMIQUE SUR LAQUELLE CES DERNIERS SOUHAITENT SURFER POUR BIEN NÉGOCIER LA RÉCEPTION DU MHR D’UN CERTAIN VERN
Ce samedi, Clermont jouait rien moins que sa saison. Un virage décisif que les Jaunards, déjà mal en point en championnat, devaient aborder avec une pression immense sur les épaules, la faute à une vilaine défaite à Northampton qui avait ressuscité les fantômes de l’année 2016, et la tragique élimination devant l’UBB. « Cela faisait partie des choses et des images que nous avions repassées dans la semaine, oui… » glissait Franck Azéma. Un scénario catastrophe que tout le public se mit définitivement à craindre lorsque le flegmatique arbitre JP Doyle, déjà de la partie deux ans plus tôt, eut la mauvaise idée de se trouver sur la ligne de course de Rémy Grosso sur la première attaque auvergnate, avant de lui refuser un essai pour un minuscule passage en touche… Sauf que, cette fois, les Auvergnats n’allaient pas flancher, enfin irréprochables dans leur comportement collectif. Le jour et la nuit, pour tout dire, avec la sortie de la semaine dernière, et le fruit d’une révolte amorcée dès le retour à l’entraînement. « À Northampton, nous nous étions déçus en termes de caractère, rappelait le flanker Alexandre Lapandry. Nous avions à coeur de retrouver cette humilité et pour cela, il y a eu un peu plus de contact que d’habitude. » « On sortait d’une performance de merde et il fallait retrouver le goût du combat, confirmait le talonneur Benjamin
Kayser. C’était une semaine pas comme les autres, psychologiquement et physiquement très intense. On ne peut pas s’entraîner comme ça toute l’année, ce n’est pas possible. Mais deux ou trois fois par saison, cela fait du bien. On avait besoin de se secouer. Cela fait râler les Anglo-Saxons parce qu’ils n’aiment pas trop ça. Et surtout, dans ces moments-là, ils se disent : « le pire, c’est
que ça va marcher ». Mais c’est comme ça : nous sommes des Latins et parfois, nous avons besoin de ça pour nous retrouver. » ABENDANON, DE LA LÉGENDE À LA RÉALITÉ
Une semaine de « full-contact », donc, corroborée par l’ailier Nick Abendanon, auteur du premier essai du match. « Quand
un Anglo-Saxon arrive en France, il entend toutes sortes d’histoires auxquelles il ne croit pas toujours, se marrait l’international anglais. Et c’est ce qu’on a vécu cette semaine… Ce n’est pas ce que j’apprécie le plus, j’imagine que les gros aiment ça bien plus que moi. Mais il y en avait probablement besoin. On s’attendait à un match très physique et il fallait s’y préparer. » Ce à quoi Franck Azéma et ses adjoints se sont attelés, avec succès. « Il n’y avait rien d’exceptionnel, ni de magique, glissait le manager clermontois. Cela passait par des réunions, par des messages individuels, mais aussi par l’entraînement. Ce n’était pas une punition : il s’agissait simplement d’être prêts à réaliser des choses efficaces à un degré d’engagement supérieur. Et donc de s’y préparer par le biais d’exercices ou d’ateliers dans lesquels nous avons apporté plus d’engagement que d’habitude. » KAYSER : « VERN VA VENIR POUR NOUS CREVER »
Une méthode que le boss auvergnat aurait, très certainement, aimé pouvoir rééditer en vue de la réception du MHR de Vern Cotter. Las, ce dernier sait bien que ce genre de « coup » ne peut
fonctionner que s’il est utilisé avec parcimonie. « On ne peut pas faire ça toutes les semaines, et il faudra trouver d’autres ressources pour préparer Montpellier. C’est le dernier match avant un break, j’espère que les joueurs ne vont pas se relâcher maintenant. » « C’est impossible de se préparer de la même manière, parce que ce n’est pas un match éliminatoire, ajoutait Kayser. Mais on connaît tous Vern Cotter, et on sait très bien qu’il va venir là pour nous « crever ». Pas par méchanceté, bien sûr, mais par esprit de compétition. Alors, on doit donc prolonger nos efforts encore une semaine. Il faut juste serrer les dents, et explorer la profondeur de sa puissance mentale. Physiquement, quand tu enchaînes beaucoup, tu te dis parfois que tu vas craquer. Mais on ne connaît pas nos limites et de toute façon, on ne se pose pas ces questions. Tout ce qu’on sait, c’est qu’il reste un match à gagner avant les vacances. Je pense sincèrement que si on arrive à faire le boulot contre Montpellier, on ne sera pas décroché pour la qualification en Top 14 et qu’après cela, même si nous avons des absents pendant le Tournoi, nous ne serons pas drôles à prendre. » On n’en pense pas moins…