Midi Olympique

Sauvés des eaux outre-Manche

DOMINATEUR­S EN MÊLÉE GRÂCE À UN EXCELLENT BEN TAMEIFUNA, LES FRANCILIEN­S SONT SORTIS GRANDIS D’UNE EXPÉRIENCE QUI AVAIT POURTANT BIEN MAL COMMENCÉ AVEC LE FORFAIT DE CAMILLE CHAT, GRIPPÉ.

- Par Simon VALZER, envoyé spécial simon.valzer@midi-olympique.fr

L’endroit avait tout du piège : un adversaire mis sous pression par l’enchaîneme­nt des mauvais résultats, un terrain recouvert de neige et de boue, un ballon aussi glissant qu’une savonnette, une températur­e oscillant autour du zéro degré. Voilà pour le contexte. Difficile de faire plus hostile, d’autant qu’un autre imprévu a perturbé la préparatio­n du Racing 92 : « Camille Chat était grippé avant de quitter Paris, mais nous l’avons tout de même emmené. Son état s’est aggravé dans la nuit, et nous n’avons pas voulu prendre de risque, d’autant qu’il est convoqué avec le XV de France. Nous avons donc dû nous adapter » racontait le coentraîne­ur Laurent Labit à l’issue de la rencontre. S’adapter. Le mot est faible : en une matinée, les Racingmen ont changé de talonneur, revu leurs touches, travaillé leurs mêlées, tout cela sans même mettre le nez dehors en raison des importante­s chutes de neige. « On sait déjà qu’il est toujours délicat de venir jouer à Leicester, prolongeai­t le technicien, mais là, avec la neige… cela devenait un véritable piège, un traquenard. On jouait à 13 heures en plus, alors la matinée est très vite passée. On a fait de la réunionite ! » Laurent Labit n’a pas tort. Car il fallait une sacrée dose de caractère pour vaincre ce Leicester-là. Bien que déjà éliminés de la course à la qualificat­ion, les Anglais voulaient absolument remporter ce match. Non pas pour préparer l’échéance de la semaine suivante, puisque les Tigers affrontero­nt Cardiff en Anglo-Welsh Cup, une compétitio­n secondaire. Mais pour mettre un terme à cette terrible période où les Tigers ont encaissé pas moins de sept revers dans les huit derniers matchs, le dernier étant le cinglant 390 reçu à Castres. Une frustratio­n à la hauteur de l’explosion de joie des Anglais quand ils sont revenus au score juste après le retour des vestiaires, au moyen d’un maul rageur qui s’écroula dans l’en-but des Racingmen… À ce moment-là, on s’est dit que les Francilien­s allaient revivre la même désillusio­n que l’année précédente : celle d’assister aux phases finales depuis leur canapé.

MERCI BEN !

Seulement voilà, les Francilien­s s’étaient jurés d’aller « puiser au

plus profond d’eux mêmes pour ne rien regretter » à l’image d’un Ben Tameifuna auteur de 74 minutes de haut vol. Logiquemen­t élu homme du match, le droitier tonguien à faire vivre un véritable supplice à Tatafu Polota-Nau et à Greg Bateman, qui auront pourtant tout tenté face au colosse du Racing 92. Mais rien n’y a fait. Big Ben a remporté les batailles et la guerre. C’est lui, en effet, qui récolta cette pénalité de la gagne à la 74e minute, convertie par un excellent Maxime Machenaud de retour à une « forme internatio­nale », dixit Laurent Labit. Ce fut aussi lui qui chargea sans cesse le rideau défensif des Tigers, même quand celui-ci se fit plus agressif en deuxième mi-temps.

Bien sûr, la victoire aurait pu échapper aux Racingmen : « Sur la dernière pénalité, les Tigers demandent la mêlée au lieu de prendre les points car ils ne voulaient que la victoire. Mais un match nul n’aurait pas été volé pour eux », reconnaiss­ait Machenaud. Cette dernière mêlée mérite d’ailleurs d’être analysée, puisqu’elle fut disputée avec trois piliers côté Racing 92, Viliamu Afatia remplaçant Dimitri Szarzewski : « Avec trois piliers, on voulait mettre Leicester sous pression. Soit en regagnant carrément la balle, soit en la leur laissant mais qu’ils soient sous pression », racontait Labit. Ce fut le cas. Après une sortie perturbée, les Tigers ne purent trouver une faille dans la défense du Racing. Et quelques temps de jeu plus tard, ils écopaient d’une pénalité pour avoir gardé le ballon au sol. Les Racingmen pouvaient exulter et saluer les spectateur­s qui avaient fait le déplacemen­t… avant de regagner les vestiaires au pas de course pour se remettre au chaud. « Je n’ai jamais joué un match dans de

telles conditions », nous confiait Dan Carter à la sortie des vestiaires. Il y a un début à tout… Même à celui d’une nouvelle belle aventure européenne pour le Racing 92.

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Photo Icon Sport Teddy Thomas et les Racingmen s’envolent vers les quarts de finale. Les Francilien­s ont validé leur billet dans des conditions dantesques.
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Photo Icon Sport Ben Tameifuna a grandement contribué à la victoire et à la qualificat­ion des Racingmen.

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