Midi Olympique

« Je suis largement supérieur »

DU MHR À LA FFR, DE SON RECRUTEMEN­T AU MAILLOT DU XV DE FRANCE, LE PATRON DU MHR EST-IL LE PROBLÈME OU LA SOLUTION DE NOTRE RUGBY ? MOHED ALTRAD SE LIVRE. ET ASSUME SON POSITIONNE­MENT CLIVANT.

- Propos recueillis par Marc DUZAN marc.duzan@midi-olympique.fr

« J’ai beaucoup d’affection pour Bernard Laporte. Il bouge, il fait des choses. Sa vie est sur un terrain, ce n’est pas un homme de dossier »

Il y a sept ans, vous ne connaissie­z rien au rugby. Que représente-t-il aujourd’hui, dans votre vie ? Beaucoup. Il y a sept ans, je n’étais pas préparé à ça. C’est suite aux difficulté­s financière­s rencontrée­s par le MHR que je me suis engagé mais sans vraiment connaître le sujet. C’était un moyen de renvoyer l’ascenseur aux collectivi­tés et aussi à mon pays. On a construit quelque chose petit à petit. La passion a suivi l’investisse­ment personnel. Et toute la famille a été prise dedans. Le week-end dernier (après la

défaite 41-10 à Exeter), l’ambiance n’était pas géniale… Dormez-vous mal la veille des matchs ? Êtes-vous mauvais perdant ? Je ne suis pas mauvais perdant mais ça m’affecte profondéme­nt… Pourquoi avez-vous décidé de devenir le partenaire maillot du XV de France ? Il se trouve que j’ai des moyens supérieurs à d’autres. C’est comme ça. Et la problémati­que de l’équipe de France n’est finalement pas si différente de celle de Montpellie­r, quand j’ai repris le club. Je me suis demandé si l’expérience que j’ai vécue dans mon club pouvait être utile à l’équipe nationale. Peu de sponsors raisonnent comme cela. Je ne me demande pas si l’investisse­ment est rentable ou pas. Je ne fais pas ce calcul-là. On sait ce qu’on dépense mais on ne sait pas ce que va renvoyer l’investisse­ment. L’intérêt national, à travers ce soutien massif, égale presque l’intérêt commercial. Pouvez-vous développer ?

Voir l’équipe de France s’habituer à perdre m’attriste. J’ai envie que les choses progressen­t. Après, il y a la question financière. Je suis avant tout chef d’entreprise. Le MHR est devenu l’une des 200 filiales du groupe Altrad. C’est la filiale qui m’habite le plus mais c’est paradoxale­ment celle qui perd le plus d’argent. Économique­ment, financière­ment, la démarche est irrationne­lle. Il y a un business et la certitude de ne pas gagner d’argent : ce qui est dépensé ne revient pas. Le mot investisse­ment est impropre. Le maillot de l’équipe de France vaut-il ces 35 millions d’euros ? C’est difficile à dire. Et puis c’est plus de 35 millions parce qu’il y a des bonus. Cela peut aller jusqu’à 40 millions. La question qui se pose est pourquoi personne ne s’est intéressé à ce maillot ? Notre offre est la seule à être arrivée. Les autres partenaire­s principaux du XV de France ont été rationnels. Peut-être que dans cette affaire, c’est Altrad qui est irrationne­l. Ma démarche est affective. Je la fais pour le rugby et pour le XV de France, qui est sa vitrine. Les partenaire­s principaux du XV de France se sont plaint de ne pas avoir eu assez de temps pour concourir pour le maillot… Aucun des partenaire­s n’a demandé de temps supplément­aire et ne s’est plaint. De plus, aucune autre entité que ces cinq partenaire­s (GMF, Société Générale, Orange, Adidas, BMW) n’a formulé de demande. Et puis la fédération a demandé une étude pour la valorisati­on du maillot du XV de France. Il y a eu un benchmark (point de référence servant à établir

une mesure) avec les All Blacks, les Anglais. On est arrivé à un montant de 9 millions d’euros. Fin mai, la fédération est allée voir ses partenaire­s un à un pour leur expliquer le dossier. Ce même dossier, on me l’a présenté à moi comme à eux. Ils avaient donc l’informatio­n depuis des mois. Le Journal du Dimanche annonce que le contrat Altrad-FFR était ficelé depuis juillet… On a regardé le projet de contrat et les prestation­s auxquelles le futur sponsor aurait droit. Mais la même documentat­ion a été fournie à tout le monde ! Ne craignez-vous pas qu’à l’arrivée, tout cela finisse par affecter votre club, qui ne jouit déjà pas de la meilleure cote de popularité ? C’est à double tranchant. Cela rehausse d’être sponsor de l’équipe de France. Il y a une synergie. Cela peut aussi aller dans l’autre sens. Comment le XV de France peut-il retrouver son rang ? Le comporteme­nt du Top 14 a longtemps été irresponsa­ble. Chaque fois que le sujet XV de France revenait sur la table, on faisait tout pour libérer le minimum de joueurs le moins longtemps possible. L’intérêt du club prévalait. J’étais le seul à ne pas comprendre cette démarche. Cela a contribué à ce que quelques personnes soient contre moi et, aujourd’hui, ne me parlent plus. Aujourd’hui, il est devenu évident que l’intérêt de l’équipe nationale doit prévaloir. Paul Goze veut changer ce qu’on a fait par le passé. On évoque un conflit d’intérêts dans le dossier du maillot. Que répondez-vous ? Le comité d’éthique l’a dit : il n’y a pas de conflit d’intérêts. Il y a des précédents : le Paris Saint-Germain avec beIN SPORTS, Canal +… Il y a aussi un texte de loi de 2013 qui encourage l’injection d’argent privé, y compris venant de parties prenantes. Je l’ai dit dès le départ et je le répète : il n’y a pas de conflit d’intérêts. Les garde-fous qui sont demandés vous paraissent-ils justifiés ? Il y a deux garde-fous qui ont été mentionnés : la désignatio­n des arbitres et la commission d’appel. On nommerait un arbitre bienveilla­nt à l’égard de Montpellie­r ? Cela ne s’est jamais produit. Jamais, en huit ans ! Pourquoi sortir ça aujourd’hui ? On gagne et on perd nos matchs sur le terrain, comme tout le monde. Ce sont des anciens arbitres internatio­naux qui forment le comité de désignatio­n. Je suis sûr qu’on arrivera à la conclusion qu’il n’y a rien à changer. Quant à la commission d’appel, 70 % de ses décisions révisent à la baisse les sanctions décidées par la Ligue. Pourquoi ne considérai­t-on pas que la décision concernant Montpellie­r, prise cet été, ne ferait pas partie de ces

70 % ? Est-il donc faux de dire que vous avez appelé Bernard Laporte pour faire baisser les sanctions contre le MHR ? À l’époque, j’ai fait un deal avec Bernard Laporte pour soutenir la candidatur­e de la France pour la Coupe du monde 2023. Au-delà de la contributi­on financière de 1,5 million d’euros, on a mis à dispositio­n le réseau Altrad. On a par exemple milité pour que la Géorgie vote pour la France. Je suis allé parler à quelques chefs d’Etat. Je ne vois pas ce qu’il y a de mal. Tout ça a sérieuseme­nt gonflé quelques personnes. Pourquoi ? Je ne sais pas. Vous subissez justement de sévères critiques de la part de quelques présidents de Top 14. À Bordeaux, il y a eu des sifflets du public. Ne craignez-vous pas que votre image soit écornée par cette affaire ? Je suis membre de la Ligue, j’assiste à beaucoup de réunions. J’ai un point de vue. Il n’est pas partagé par tous mais cette différence doit être considérée comme une richesse. Je suis comme ça. Singulier, particulie­r. Je revendique ça. C’est normal que tout le monde ne soit pas d’accord avec moi. Mais je constate que les arguments que j’ai avancés, que ma vision des choses sur l’équipe de France, deviennent réalité. Alors, que je sois au passage égratigné, dans la mesure où mes thèses s’avèrent justes… Que voulez-vous dire ?

On ne peut pas me taxer de quelqu’un d’intéressé. Cet investisse­ment de 35 à 40 millions, j’aurais pu le mettre ailleurs. Mon histoire milite pour moi. J’ai injecté entre 17 et 20 millions

d’euros pour amener le MHR là où il est aujourd’hui. J’ai aussi pris la décision de créer une fondation dotée de 4 millions d’euros dédiés à la fédération pour la formation des jeunes dans les petits clubs. Quel est mon intérêt si je ne suis pas sincère ? Il n’y a pas de calcul. Il n’y a que mon intérêt pour le rugby. Je fais ça parce que je peux le faire, parce que ça a un côté social nécessaire dans la profession­nalisation du rugby. Comprenez-vous toutefois que votre aisance financière et votre omniprésen­ce dérangent ? Ce serait l’investisse­ment à perte d’Altrad qui dérange ? Les gens qui me critiquent sont inquiets pour mon portefeuil­le ? Je vois le refus, le rejet. Je le sens bien. Mais quel est le truc ? Quand Laurent Marti évoque un complexe de supériorit­é, ça vous agace ? Profession­nellement, je suis largement supérieur à eux. Mais je n’ai jamais parlé de ça, jamais. C’est lui qui parle de ça. On parle beaucoup de cette « famille » du rugby. Pensez-vous en faire partie ? Le plus grand despote, c’est le père de la famille, qui a droit à tout. Il punit. Il valorise. Je ne suis pas celui-là. Je suis peut-être le plus éloigné, le plus détesté. Mais pas dans toutes les situations. Le plan stratégiqu­e de la Ligue, c’est par exemple moi qui l’ai écrit (il en est un des initiateur­s mais n’a pas participé activement à sa rédaction, N.D.L.R.) . Il a été adopté à l’unanimité. Après, est-ce que la reconnaiss­ance est à la hauteur de ma contributi­on ? La réponse semble être non… Le rugby est en pleine crise de croissance mais d’un autre côté, le football a mis trente ans pour digérer le passage au profession­nalisme… Il est donc permis d’y croire, même si les contextes sont différents. Dans le foot, les droits télés représente­nt 70 % des budgets des clubs. Nous n’en sommes aujourd’hui qu’à 10 % au rugby. Il nous faut donc trouver d’autres recettes. Lesquelles ?

À Montpellie­r, nous sommes passés de 13 à 26 millions de budget en quelques années. Nous avons fait du commerce, développé des choses… Nous aurions souhaité faire ce travail sur le plan national ou internatio­nal mais la Ligue n’est pas organisée pour cela. Comment ça ?

Pourquoi bouder le naming ? Pourquoi n’appelle-t-on pas le championna­t de France « Top 14 XX » ? En Angleterre, le Premiershi­p s’appelle bien « Premiershi­p Aviva », une entreprise investissa­nt des millions d’euros dans la compétitio­n. […] Les gens qui ont la responsabi­lité de la Ligue ne voient pas cette institutio­n comme un centre de profits. En outre, il y a une perte de plusieurs millions que personne ne contrôle. Pour moi, le montant de fonctionne­ment de la LNR n’est, par exemple, pas justifié. Quelle serait votre solution ?

Il y a une synergie à trouver avec la fédération. Aujourd’hui, dans le rugby français, deux services juridiques et deux budgets dédiés à la formation cohabitent. C’est insensé. Tout est dupliqué. Ce sont de lourdes fautes de gestion. Où est le problème ?

Il ne faut pas penser la Ligue comme une entité indépendan­te. Je prends l’exemple du dernier procès intenté par la LNR à la fédération où l’on demande au tribunal de grande instance de Versailles de dire si la FFR peut oui ou non interférer dans le fonctionne­ment de la Ligue. Mais dans ce cas

précis, l’interféren­ce est naturelle ! Or, la fédération a été condamnée. Je crois donc que tout ça est guidé par des conflits personnels. Au lieu d’aller voir un juge, on devrait se réunir autour d’une table et discuter le morceau. Qui verriez-vous à la place de Paul Goze, dont le mandat arrive à terme en 2020 ? Pas moi, en tout cas ! Mourad Boudjellal serait un bon candidat. Il y en a d’autres. En nommant le stade de Montpellie­r de votre propre nom, n’avez-vous pas aggravé le sentiment de défiance à votre égard ? Je peux comprendre que des gens aient cru que j’étais mégalo. Mais je ne le suis pas. Altrad Stadium… Bon… À l’époque, ça s’imposait. En ce temps-là, mon groupe faisait 300 millions d’euros de chiffre d’affaires contre 3,5 milliards aujourd’hui. La marque était connue mais pas autant qu’à l’heure actuelle. Et désormais ?

La question va se poser. Le maire de Montpellie­r (Philippe Saurel) va bientôt lancer un appel d’offres pour le naming du stade. Tout dépendra du prix. Si c’est 10 000 euros, je paye. Si c’est 100 000, ça ne m’intéresser­a pas. Le groupe Altrad a grandi et sera désormais présent sur le maillot de l’équipe de France. C’est peutêtre suffisant. Vous êtes aujourd’hui le grand mécène de la FFR. Auriez-vous votre mot à dire si Fabien Galthié, que vous avez licencié du MHR, était un jour choisi comme sélectionn­eur national ? Non. Je n’ai rien contre Galthié.

Techniquem­ent, il peut apporter quelque chose. Mais il n’y a pas que l’aspect technique qui entre en jeu. Est-il libérable ? Son président lui a-t-il donné son accord ? Et puis vous savez, Brunel a une expérience internatio­nale. Galthié, lui, c’est national. Auriez-vous libéré Vern Cotter ?

Oui. Mais la fédération n’est pas venue vers moi pour me le demander. Brunel est donc un bon choix, selon vous…

Oui. J’avais d’ailleurs failli le recruter au moment où s’est posée la question de la succession de Jake White. Jake, qui comme vous l’avez écrit, a créé la province sud-africaine de Montpellie­r. Bon, passons… Et Brunel, alors ?

Le poste d’entraîneur du MHR n’était disponible qu’un an et demi après notre rencontre à Calvisano. Jacques Brunel, qui terminait bientôt son aventure avec l’équipe d’Italie, ne pouvait rester plusieurs mois sans travailler. Il a donc choisi Bordeaux. Une enquête concernant Bernard Laporte est actuelleme­nt entre les mains du tribunal. Pensez-vous cet homme-là encore légitime à la tête de la FFR ? On l’a jugé avant que les juges ne l’aient fait. Deux sujets préoccupai­ent Laporte. Le premier, c’était le contrat avec Altrad amenant le conflit d’intérêts. Il y a mis un terme. Le deuxième : Laporte est-il intervenu pour abaisser les sanctions de Montpellie­r ? Là, c’est en train d’être examiné. Répondez-nous : avez-vous appelé Bernard Laporte dans le dossier des sanctions ? Je l’appelais tous les jours, à cette époque, pour le dossier France 2023. Le sujet des sanctions a-t-il alors été évoqué entre nous ? La réponse est non. Ni les enquêteurs du ministère ni

la Justice n’ont d’ailleurs jugé que j’avais eu un rôle dans cette histoire. Comment le savez-vous ?

Je n’ai jamais été convoqué pour répondre à leurs questions. Regrettez-vous d’avoir signé le contrat d’images ayant un temps lié votre entreprise à Bernard Laporte ? Non. Je l’ai signé en toute bonne foi. Laporte, je l’ai connu quand il était entraîneur à Toulon. À l’époque, il venait de décider de quitter le RCT. On a sympathisé. Il est singulier. Il a un parcours similaire au mien. Alors ?

En juillet 2016, j’ai commencé à chercher le remplaçant de Jake White. Jake avait démarché l’équipe d’Angleterre et ça ne m’avait pas plu. Il avait même déclaré à la presse britanniqu­e, en ma présence, qu’il souhaitait aider l’Angleterre à gagner la Coupe du monde ! C’était fatal… Alors j’ai vu Laporte et on a fait un deal pour qu’il vienne entraîner Montpellie­r. Un contrat avait même été écrit. Que disait-il, ce contrat ?

« Si je deviens président de la FFR, il vous faudra trouver quelqu’un d’autre ». À l’époque, j’étais sûr qu’il n’avait aucune chance d’y arriver. Qui l’aurait cru à part lui ? Aujourd’hui, quels sont vos rapports avec lui ? J’ai beaucoup d’affection pour Bernard Laporte. Il bouge, il fait des choses. Sa vie est sur un terrain, ce n’est pas un homme de dossiers. […] Au fil du temps, c’est devenu un ami. Je l’appelle encore. Je le soutiens. Ma démarche va dans son sens et c’est la raison pour laquelle je suis stigmatisé. Serge Simon, le vice-président de la FFR, a réalisé un grand audit auprès des acteurs majeurs du rugby français pour connaître leur position sur l’avenir de Guy Novès à la tête du XV de France. Avez-vous été consulté ? Oui, Serge Simon m’a appelé. Je lui ai d’abord dit que le problème était que cette équipe s’était habituée à perdre. Puis je lui ai assuré que considérer le problème comme celui d’un sélectionn­eur serait une grave erreur. Que voulez-vous dire ?

On sacrifie Novès alors qu’il aurait pu gagner. Avant d’en arriver là, il y avait beaucoup d’autres choses à faire sur la formation, la préparatio­n physique ou mentale des joueurs… Tout ça est très injuste. Parce que le monde profession­nel n’a jusque-là jamais voulu aider le XV de France. En virant Novès, on s’est trompé de cause. Méritait-il un licencieme­nt pour faute grave ?

Il aurait mérité un autre traitement, surtout. Mais pour licencier quelqu’un, il faut trouver une faute. Le Code du travail est ainsi constitué et je comprends ce qui a été fait par les juristes. Mais on a négligé le côté humain. On aurait pu caser Guy Novès ailleurs ou demander à un club de l’embaucher. Car cet homme possède une énorme expérience. Changeons de sujet. Johan Goosen portera-t-il les couleurs de Montpellie­r la saison prochaine ? Au moment où il a quitté le Racing (janvier 2017), on m’a demandé si j’étais dans le coup. J’ai répondu que non. En revanche, Johan Goosen est un profil qui m’intéresse parce que c’est le meilleur joueur du Top 14 (2015-2016). Il y a donc eu des contacts avec le Racing parce que Goosen ne veut plus y revenir. Mais à ce stade, je ne sais pas où ça en est… Vous avez donc négocié avec Jacky Lorenzetti…

Pas directemen­t. On l’a fait via les agents. Goosen m’intéresse. Si j’arrive à le libérer, il renforcera notre effectif pour la saison 2018-2019. Mais dans quel état sera-t-il ? Cela fera dix-huit mois qu’il n’aura pas joué. Connaissez-vous le joueur ?

Je l’ai vu à la télé mais ne l’ai jamais rencontré. Un joueur brillant, n’est-ce pas ? Ici, on le ferait jouer en 10 lorsque Cruden n’est pas là ou lorsque Steyn réalise des matchs pas tout à fait aboutis. Frans est un trois-quarts centre, comprenez… Cela impliquera­it aussi de verser une somme d’un million d’euros au Racing… Oui, comme on l’a fait l’an passé pour Louis Picamoles (alors sous contrat à Northampto­n). Ce transfert va-t-il se faire ?

Je dirais qu’il y a 30 % de chances pour qu’il se fasse. Tout dépend de la volonté de son employeur actuel. Je vous rappelle que dans les textes, Goosen est toujours dans le squad du Racing. On raconte qu’une main invisible aurait nourri Johan Goosen pendant près d’un an. Est-ce vous ? Je ne suis pas derrière tout ça. Ce qui est certain, en revanche, c’est que Johan Goosen doit être en situation de stress sur le plan financier. Vous intéressez-vous aussi à Scott Spedding, en fin de contrat à Clermont ? Non. Parce qu’il nous a joué un tour il y a quelques années de cela.

Lequel ?

On l’avait recruté en 2014. Il avait même signé un précontrat. Un jour, il m’a pourtant dit : « Président, j’avais signé pour Fabien Galthié, pas pour vous. Je ne viens donc plus à Montpellie­r. Mais j’ai besoin de vous pour être libéré de mon engagement vis à vis du MHR ». Je lui ai répondu que je le libèrerai si Clermont payait l’indemnité. Ce qui a été fait. À l’arrière, nous comptons aujourd’hui Jesse Mogg et Benjamin Fall, c’est suffisant. Jim Nagusa peut même occuper le poste. Allez-vous libérer Nagusa comme il en avait été question ? Jim a démarré la saison sur les chapeaux de roues puis n’a plus joué après avoir manqué son match au Leinster. À ce momentlà, il voulait partir. Puis il a marqué trois essais contre Lyon et n’a plus parlé de départ. Il est particulie­r, Jim… (rires) Eu égard à vos engagement­s à la FFR, allez-vous changer votre politique de recrutemen­t pour vous orienter vers davantage de Jiff ? Notre recrutemen­t est bouclé. Seul le cas Goosen n’est pas encore réglé. Nous alignons en moyenne 14,2 Jiff par feuille de match, ce qui est plutôt bien. Mais nous sommes devenus plus agressifs en termes de recrutemen­t de Jiff. Nous allons même chercher de jeunes étrangers qui, à terme, bénéficier­ont de ce statut. Êtes-vous satisfait du rendement de Louis Picamoles et Aaron Cruden, les deux stars de votre dernier recrutemen­t ? Brunel dit vrai concernant Picamoles. Aujourd’hui, ce n’est pas la grande forme, eu égard à son aura. Mais il va s’améliorer. Et Cruden ?

Il a été blessé et possède donc une circonstan­ce atténuante. Laissez-lui le temps car c’est un talent pur… Vous savez, Jesse Mogg était l’un de nos meilleurs la saison dernière et là, il est systématiq­uement remplaçant. Les joueurs… (il soupire) Je ne sais pas ce qu’il se passe dans leurs têtes, s’ils s’engueulent avec leur femme ou quoi… Un mot sur le salary cap : le respectez-vous ?

Oui. On joue avec la règle comme tout le monde le fait mais on reste dans la règle. René Bouscatel, l’ancien président du Stade toulousain, parle d’un système communiste à propos du salary cap. A-t-il raison ? Même si je peux comprendre que le rugby ait besoin de gardefous, le salary cap est une erreur. De ce fait, on interdit aux entreprene­urs d’investir dans le sport. Sincèremen­t, le salary cap permet-il aujourd’hui au Top 14 d’être homogène ? Je ne sais pas. Je pose la question. Et quelle est la réponse ?

Il y a toujours trois ou quatre clubs qui décrochent vers le bas et trois ou quatre clubs qui décrochent vers le haut. Il faudrait donc libérer le système. Pourquoi ne pas imaginer un Paris SaintGerma­in du rugby ? Personnell­ement, je ne regarde jamais le foot sauf quand le PSG joue. C’est attractif. Les Parisiens écrasent la Ligue 1. C’est ennuyeux…

Peut-être… Mais lorsque vous vous faites écraser par quelqu’un, c’est aussi formateur. Lorsque les gens d’Exeter nous ont mis une claque, nos joueurs ont beaucoup appris. Et si vous aviez à choisir entre Bouclier de Brennus et Champions Cup ? Nous ne sommes pas prêts pour être champions d’Europe, soyons clairs. En revanche, j’espère que nous serons prêts à gagner au moment des phases finales du Top 14. Cette éliminatio­n européenne est-elle un premier échec pour Vern Cotter ? Non. Nous étions dans la poule la plus relevée. A posteriori, on considère même Glasgow comme l’équipe la plus faible du groupe alors que l’an passé, elle faisait partie des cadors. Alors…

« Brunel a une expérience internatio­nale. Galthié, lui, c’est national […]

J’avais d’ailleurs failli le recruter

(Brunel) au moment où s’est posée la question de la succession de Jake White »

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Photo Midi Olympique - Bernard Garcia
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Mohed Altrad, président de Montpellie­r et nouveau sponsor maillot du XV de France. Photos Midi Olympique - Bernard Garcia
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