L’ESPOIR EST SAUF
LES VAROIS ONT PERDU À LLANELLI, SAMEDI, AU TERME D’UN BRAS DE FER DANTESQUE. LE BONUS, LARGEMENT MÉRITÉ, A VALIDÉ SA QUALIFICATION. MAIS ENCORE UNE FOIS, ELLE LES ENVOIE À L’EXTÉRIEUR. UN ACCESSIT PERÇU DIFFÉREMMENT SELON LES ACTEURS.
Ah bon, on est qualifiés ? Mais vous êtes sûrs ? » Un quart d’heure après le coup de sifflet final, Hugo Bonneval apprend la relative bonne nouvelle de notre bouche depuis les coursives d’un Parc Y Scarlets encore frémissant de bonheur. Aucun sourire ne se
dessine pour autant sur le visage de l’arrière : « C’est mieux que rien, il ne faut pas se plaindre. Mais ça ne me satisfait pas. Au fond de nous, on voulait tellement jouer ce quart à Mayol. Ça doit être tellement plaisant et c’est un petit plus sportivement. Mais nous n’avons que ce que nous méritons. » Pour la troisième année consécutive, le RCT devra lutter en terres hostiles pour atteindre le dernier carré. La perspective n’enchante guère Guilhem Guirado pour avoir déjà essayé, en vain, à Colombes et à Clermont : « J’ai bien en mémoire les deux défaites en quarts à l’extérieur. Je sais à quel point ça peut jouer sur la suite. C’est pourquoi je suis très frustré et déçu. » Même étriquée, cette septième accession d’affilée au grand huit n’en demeure pas moins un témoignage de régularité. « Ça montre que Toulon est encore un grand d’Europe », souffle le talonneur. Fabien Galthié se contente pour le moment de cet accessit :
« Il y a tout d’abord la satisfaction d’accéder aux quarts et celle de s’être donné la possibilité de gagner ce match en tenant le bras de fer. Nous avons le droit d’être un peu heureux et de profiter de la qualification. Le groupe est toujours dans le combat
et n’a pas savouré grand-chose jusqu’à présent. » Le manager affiche ostensiblement son soulagement : il sait à quel point une élimination aurait terni le début de son aventure varoise. Vu de l’extérieur, tout du moins. Avec cette place de meilleur deuxième, il gagne du temps et engrange un minimum de crédit pour la suite. Son discours se veut en tout cas résolument encourageant : « Pour une équipe en transition, en transformation qui cherche à se construire et à se reconstruire, notre campagne européenne est satisfaisante. Quand je vois que dans le camp d’en face, cela fait quatre ans que le staff est dans la continuité
et travaille avec le même groupe… Mais nous sommes
soumis à d’autres aléas. » Entre les lignes, le manager demande de la patience et de l’indulgence. Un luxe dans le rugby français.
« BESOIN DE TEMPS, MAIS JE NE SAIS PAS COMBIEN »
Cet optimisme s’explique-t-il seulement par un souci de communication positive ? Pas seulement… À Llanelli, Toulon a rivalisé avec une des formations européennes les plus performantes du moment et aurait même mérité, sur la fin, de l’emporter. Parmi les bons points du jour, le paquet d’avants, au rendement irrégulier depuis le début de saison, a répondu présent dans la mobilité et l’endurance, deux légitimes points d’interrogation. L’abnégation des troupes, menée de neuf points avant la pause, constitue un deuxième bonus appréciable. Pour le reste, le chantier paraît encore vaste. Incontestablement. La fébrilité devant la ligne et la confusion des mouvements offensifs attestent d’un liant collectif fragile, hésitant au possible. « À force de travail et de vie en commun, on arrivera peut-être à avoir une équipe
plus forte, espère Fabien Galthié. Nous avons besoin de temps.
Mais je ne sais pas combien. » Heureusement, pour l’heure, les champions veillent : les charges de Vermeulen, les éclairs de Radradra, les coups de casque de Guirado ou encore les fulgurances d’Isa se révèlent à tour de rôle salutaires. À mi-chemin, Toulon, même brinquebalant, même après six défaites de suite avec bonus à l’extérieur, assure ainsi le strict minimum pour un club et un effectif de cette stature : une présence dans le « grand huit » européen et une place dans les six en Top 14. Les titres paraissent loin, certes, mais appartiennent au domaine du possible. L’histoire récente a d’ailleurs enseigné une leçon : ne jamais sous-estimer la capacité des Toulonnais à se transcender quand sonne l’heure de vérité. Souvenez-vous : il y a un an, presque jour pour jour, le RCT, en totale perte de confiance et de certitudes, avait glané un point de bonus défensif mérité sur la pelouse des Saracens pour terminer parmi les meilleurs deuxièmes. Quatre mois après, il était à deux doigts de soulever le Brennus au Stade de France. Aujourd’hui, l’espoir reste permis. Personne ne pourra leur retirer.