AILIER HYBRIDE
LE JEUNE MASSICOIS S’EST IMPOSÉ COMME UNE VALEUR SÛRE DU CHAMPIONNAT. SON STYLE ET SES CAPACITÉS ONT SÉDUIT LES RECRUTEURS DU STADE FRANÇAIS. IL AURA SA CHANCE EN TOP 14 LA SAISON PROCHAINE.
Lester Etien a inventé un style. On ne lui trouve nul apparenté dans la famille des ailiers dans le championnat du Pro D2 et même du Top 14, dans ce qu’il dégage de capacités multiformes. Il tape très fort au contact. Ses reprises d’appuis sont électriques. Il gratte comme un fou dans les rucks. Il y conteste les ballons à la poussée. Son plaquage offensif est énorme, ce pourquoi il est placé à l’ouverture quand son équipe se trouve en défense. Il paraît même que son jeu au pied a été brillant. C’est sa capacité de buteur qui avait fini de convaincre Morgan Champagne de l’enrôler dans le centre de formation massicois. Lester Etien jouait au rugby depuis un an à peine à Créteil-Choisy, le club d’origine du responsable de la formation essonnienne, quand les contacts du Val-de-Marne avaient bipé pour annoncer la naissance d’un phénomène. Le hasard avait placé le match des Massicois à La Rochelle - une époque de la Pro D2 antédiluvienne au moment du premier passage de Massy dans la division - le week-end d’une opposition Taddéi entre le Poitou Charente et l’Ile-de-France. Lester Etien débutait à peine qu’on lui avait ouvert les portes de la sélection francilienne. Un petit tour sur le terrain d’à côté pour le voir donner le succès aux Franciliens en enquillant pénalité sur pénalité, et sa venue avait été décidée. L’anecdote rappelle de loin celle qui voulait que Mathieu Bastareaud possède aussi un pied gauche très précis avant son éclosion. Et qui aurait l’idée de l’utiliser aujourd’hui en cinq huitième ? À sa modeste façon, Lester Etien semble prendre une voie ressemblante en ayant abandonné cette capacité acquise dans un passé de footballeur prometteur. On ne l’a pas vu taper une seule fois cette saison. Son truc, c’est la relance, les appuis, et la volonté permanente de provoquer et d’avancer.
UNE PREMIÈRE À RAJON
Lester Etien est une boule de flipper qui rebondit et se relève quand il tombe, et rebondit encore jusqu’à trouver la faille. Le dernier match de Massy contre Bayonne avait débuté par un coup d’envoi tapé innocemment sur sa position par Willie Du Plessis, et le trou béant ouvert par lui au milieu des avants basques avait lancé le bal d’une action gigantesque. Ce joueur de 22 ans est une dynamite en pleine ascension. Son éclosion précoce en équipe première au moment du deuxième passage de Massy en Pro D2, avait un peu été retardée par Olivier Nier il y a trois ans. Le professeur d’université l’avait enjoint pour jouer avec les grands à mieux accorder ses actions scolaires à ses actions sportives. Olivier Nier débarqué juste avant la fin de saison, le tandem remplaçant formé par Didier Faugeron et Stéphane Gonin, avait décidé qu’il jouerait immédiatement dès leur reprise en main au moment de leur entrée en matière à Bourgoin. Sa première prestation à Rajon fut énorme. Il jouait au centre, un poste qu’il devrait pouvoir occuper Photo Icon Sport en améliorant son jeu devant la défense. « À vu de nez, il est à 70 % de son potentiel », estime son entraîneur Stéphane Gonin, qui l’a vu gravir tous les échelons. À soixante-dix pour cent, après deux saisons complètes de Fédérale 1 et celle de Pro D2, le stade Français a jugé qu’il serait bon pour lui à partir de la saison prochaine d’être évalué en Top 14. Il avait été recruté très rapidement par Julien Dupuy et Robert Mohr, courant novembre 2017, après les trois premiers mois de compétition durant lesquels il s’était rapidement distingué. On ne lui compte que des sorties flatteuses. Son meilleur match est souvent le dernier. Six ans après ses débuts tardifs à Créteil, sans être passé par aucune des filières conventionnelles où se façonne ordinairement la jeunesse dorée, ce diamant brut poli à Massy, comme tant d’autres, est l’une de leurs trouvailles singulières.